Pourquoi les vérificateurs internes ne protègent pas les entreprises

Publié le 01/11/2009 à 00:00

Pourquoi les vérificateurs internes ne protègent pas les entreprises

Publié le 01/11/2009 à 00:00

Depuis quelques années, on montre souvent du doigt les vérificateurs internes lorsque des cas de fraude surviennent dans leurs organisations. Servent-ils de boucs émissaires ou peuvent-ils vraiment contôler la conduite et l'éthique de leur employeur ? Pour ma part, je suis convaincu qu'ils peuvent, à certaines conditions, contribuer à réduire les incidences de fraude dans leurs entreprises.

Avant d'aller plus loin, une mise en contexte s'impose. Bien que leur ampleur dépasse l'imagination, les cas majeurs de fraudes mis au jour au cours des dernières années restent peu nombreux. Ces cas, dus pour la majeure partie à l'appât du gain de certains dirigeants, sont spectaculaires et marquent l'imaginaire des actionnaires, des épargnants et des citoyens. Pourtant, en général, ils sont difficiles à découvrir pour le vérificateur interne parce que celui-ci n'a généralement que peu de contact à ce niveau de l'entreprise. Cependant, il faut savoir que les cas majeurs de fraude ne sont pas seulement des cas de fraudes internes. Les fraudes internes mineures (petty fraud) sont tout aussi importantes et ne sont pas toujours connues. Une étude américaine récente les évaluait d'ailleurs à plus de 600 milliards de dollars par an et mentionnait qu'elles sont en forte croissance.

C'est dans ces cas que le vérificateur interne peut intervenir. Mais pour pouvoir agir, il devra acquérir de nouvelles habiletés et quelques nouveaux outils.

D'abord, au lieu de concentrer ses actions à la conformité à certains ratios ou règles, le vérificateur devra avoir une vue d'ensemble de la mission et de la vision de l'organisation. Pour y parvenir, il lui faudra acquérir des éléments de sciences humaines telles que la psychologie, la philosophie, l'anthropologie et l'histoire. Autant de savoirs qui font défaut à sa formation initiale. Il est urgent de les acquérir. Pour pouvoir détecter les fraudeurs, encore faut-il pouvoir les comprendre.

Ensuite, le vérificateur devra être en mesure de mesurer les écarts entre les éléments de long terme énoncés dans le plan stratégique et les actions à court terme, accomplies en vue d'un gain immédiat et sans aucun lien avec la vision à long terme. Une entreprise ne peut durer que si elle fonde ses actions sur des relations à long terme. Profiter à court terme d'une relation à long terme handicape le degré de confiance et hâte la déchéance de l'entreprise.

De plus, le vérificateur ne devra jamais fonder son raisonnement exclusivement sur la conformité à des normes. Dans sa recherche des comportements malhonnêtes, incompétents et cupides, il lui faudra aussi compter sur son jugement et sur sa capacité d'appréciation.

Enfin, il me semble logique que le vérificateur interne dépende du conseil d'administration. Jamais il ne devrait avoir à relever du PDG ou de tout autre gestionnaire des opérations de l'entreprise. De cette manière, ses recommandations ne pourraient pas être ignorées.

Tout au long de leur carrière, les vérificateurs internes ont été formés à reconnaître les manquements à la règle. L'éthique suggère de se souvenir également de l'esprit de la règle. De cette manière, les vérificateurs internes pourront détecter les comportements non éthiques et protéger l'entreprise. Et surtout, la protéger contre elle-même, ce qui pourrait faire toute la différence.

rene.villemure@ethique.net

René Villemure est éthicien. Il est aussi le fondateur de l'Institut québécois d'éthique appliquée. Il conseille les dirigeants des grandes sociétés publiques et privées en matière de gestion éthique et de gouvernance éthique.

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