Matières à solutions : matière à réflexion

Publié le 19/03/2015 à 07:37

Détourner les matières résiduelles des sites d’enfouissement est devenu l’affaire de tous et, bien plus qu’on ne le pense, celle des entreprises. Survol du Forum « Matières à solutions », une journée d’échange entre acteurs du milieu ayant un intérêt commun : l’amélioration du système.

Les enjeux de société associés à la collecte sélective et au recyclage intéressent de plus en plus le secteur privé. Vice-président de Métro, une entreprise qui contribue au financement de la collecte, Denis Brisebois souligne le rôle encore méconnu des entreprises. « Depuis 2005, les entreprises québécoises y ont investi un milliard de dollars. » Le 28 janvier dernier, quelque 200 acteurs du milieu se sont réunis au centre-ville de Montréal pour discuter de l’optimisation du système de collecte sélective. Une bonne partie des participants venait d’entreprises contributrices.

Ce premier forum sur l’optimisation de la collecte sélective ne sera probablement pas le dernier. Les échanges entre participants venus de tous les horizons ont montré de façon indéniable qu’il y a encore beaucoup à faire, et ce, malgré des progrès considérables. Au fil des années, les matières résiduelles récupérées par la collecte sélective ont augmenté en moyenne de 30 000 tonnes par année.

La journée s’est terminée par un véritable appel à l’action pour optimiser le système en place. Parmi les pistes soulevées : la sensibilisation du public accompagnée d’une simplification des gestes posés au quotidien par le citoyen, l’amélioration de la qualité des matières collectées, le partage des meilleures pratiques par les municipalités, une planification de la collecte à l’échelle régionale, et la modernisation des centres de tri grâce à l’aide du gouvernement.

Boucler la boucle

« Nous sommes tous des maillons de la chaîne », dit Denis Brisebois, également président du Conseil d’administration d’Éco Entreprises Québec (ÉEQ), l’organisme qui organisait l’événement. L’ensemble des acteurs réunis au forum doit « travailler de concert au bénéfice du plus grand nombre. Voilà qui résume bien l’objectif de cette journée d’ateliers et d’échanges sur les meilleures pratiques. ÉEQ élabore le tarif et perçoit la contribution des entreprises productrices de contenants, d’emballages et d’imprimés – les CEI. Cette contribution finance une portion importante des services municipaux de collecte sélective.

Pour Maryse Vermette, présidente-directrice générale de ÉEQ, optimiser le parcours qu’empruntent les CEI dans le système de collecte sélective, c’est s’attarder sur leur conception, sur leur usage et sur leur fin de vie utile afin de leur redonner de la valeur. L’intérêt des entreprises productrices de CEI est facile à comprendre. Sans dénigrer les bénéfices en matière de réputation qu’apporte une démarche de développement durable, « chacune des étapes qu’empruntent les CEI dans le système influence directement les coûts nets financés par l’industrie ». Ici, « optimisation » rime avec recherche du meilleur rapport qualité/prix. « Une chaîne n’est jamais plus forte que le plus faible de ses maillons », rappelle Maryse Vermette.

Expérience européenne

En France comme au Québec, des solutions sont accessibles sans mettre de côté le système actuel. Les responsables de la prochaine Stratégie gouvernementale de développement durable pourraient en tirer des leçons. Autres pays, autres mœurs ? Pas du tout ! Malgré des contextes réglementaire et géographique différents, l’Hexagone est confronté à des défis similaires aux nôtres. Carlos de Los Llanos, de l’organisme français Éco-Emballages, dresse un portrait de la situation. Le plastique est l’un de ces défis. En France, seulement 23 % des emballages en plastique sont recyclés. Or, « réussir le recyclage des emballages en plastique est assurément l’un des défis les plus importants pour l’ensemble des acteurs de la collecte et du recyclage à travers le monde ». Une feuille de route pour 2030 a été développée pour augmenter ce taux à plus de 50 %. « Pour y voir de manière progressive, il faudra par exemple réfléchir à de nouveaux standards de matériaux pour mieux faire face aux alliages complexes venus de l’extérieur de l’Union Européenne. » Autre piste : encourager l’écoconception d'emballages. « Vivement les barquettes mono-PET. »

Joachim Quoden, de l’Extended Producer Responsability Alliance (EXPRA), est d’accord : « le tri doit se rapprocher des réalités du marché ». Celui qui a contribué au succès du système allemand Der Grüne Punkt au début des années 1990 est venu présenter les facteurs de réussite d’autres éco-organismes européens, après 20 ans d’expérience mettant en œuvre la responsabilité élargie des producteurs (REP). Il explique que chaque approche présente des avantages et des inconvénients, mais que les plus performantes impliquent un partenariat étroit entre les industries et les municipalités.

Indicateurs de réussite et flexibilité

Au Québec, le milieu de la collecte sélective n’est pas encore à maturité, et ce, malgré les progrès accomplis. Si 99 % du territoire est couvert, les mesures de performance demeurent limitées et les intervenants opèrent encore de façon cloisonnée. Une étude de ÉEQ propose une série de stratégies sur laquelle son nouveau plan d’action est basé. On propose par exemple d’améliorer la performance du système en améliorant la qualité de la matière collectée en fonction des débouchés. Pragmatique, l’étude s’insère dans le contexte des grands objectifs du développement durable. Le système devra donc avoir suffisamment de flexibilité pour lui permettre de s’adapter aux nouvelles technologies et aux aléas des marchés mondiaux.

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