Le négociateur

Publié le 01/09/2009 à 00:00

Le négociateur

Publié le 01/09/2009 à 00:00

Plus du tiers des exportations canadiennes vers les pays de l'Union européenne part du Québec. L'accord commercial entre le Canada et l'Union européenne est donc un enjeu important pour l'économie québécoise. Le premier ministre Jean Charest a mandaté Pierre-Marc Johnson pour défendre les intérêts du Québec dans ce dossier. Avocat au cabinet Heenan Blaikie depuis 1996, il a l'habitude des dossiers complexes. Il était, entre autres, négociateur en chef pour le Québec dans l'épineux conflit du bois d'oeuvre qui a opposé le Canada et les États-Unis. Commerce s'est entretenu avec lui de cette nouvelle ronde de négociations qu'il entamera en octobre prochain.

Où situez-vous cette négociation par rapport aux autres négociations commerciales auxquelles vous avez participé ?

Elle sera complexe, mais pas compliquée. Complexe, parce que les provinces canadiennes n'ont pas toutes les mêmes intérêts, notamment en matière de culture et d'énergie. Par ailleurs, les Européens et nous avons plusieurs objectifs communs. Nos échanges sont déjà importants et il y a beaucoup d'investissements directs entre les deux pays. Par exemple, 1 000 des 3 000 sociétés étrangères établies au Québec sont contrôlées par des capitaux européens. C'est une réalité qui ressemble à celle qui prévalait avant la négociation de l'ALENA avec les Américains.

Au Canada, le fait que les provinces siègeront à la table de négociation entraînera-t-il des chicanes de famille devant la visite ?

Je ne le crois pas, car les relations interprovinciales sont excellentes. En appelant les provinces à négocier, le gouvernement du Canada a répondu à une demande de l'Union européenne, qui voulait que les provinces s'engagent aussi à ouvrir leurs marchés publics.

Comment se dérouleront les négociations ?

La première rencontre aura lieu le 1er octobre, à Ottawa. La suivante, en janvier, à Bruxelles. Nous alternerons ainsi entre les deux villes toutes les sept à huit semaines. Au total, il y aura de 12 tables de négociation qui siègeront simultanément pour chacun des grands secteurs et une table centrale. Nous négocions à partir de ce que nous appelons un texte de négociation que nous modifions en fonction de ce qui nous satisfait. À la fin d'octobre, au moins 80 % du texte de négociation devrait être prêt. Cependant, une fois cette étape terminée, le travail ne fera que commencer !

Quels obstacles prévoyez-vous ?

Nous avons un objectif commun, soit de faciliter le commerce entre nous. Or, chacun a des objectifs particuliers. L'UE veut l'accès à nos marchés publics et à nos richesses naturelles. Quant à nous, nous voulons faciliter nos exportations. Nous pouvons développer pour ce marché des produits à valeur ajoutée, mais les Européens devront assouplir leurs normes. Par exemple, dans le domaine du bois, certains obstacles techniques empêchent nos entreprises de vendre leur produit sur ce marché, comme la largeur des deux par quatre des maisons préfabriquées.

Qu'est-ce qui différencie les négociations avec les Européens des négociations avec les Américains ?

Les Européens nous ressemblent plus dans la compréhension de certains enjeux. Par exemple, dans l'ALENA, la pierre d'achoppement a été la culture. Le Canada voulait conserver son droit de subventionner ce secteur. Les États-Unis ont fini par nous l'accorder, mais jusqu'à minuit moins cinq, ils ne comprenaient pas pourquoi. Les Européens ne voient pas les choses de la même manière. Pour eux, il est normal d'accepter les subventions dans ce secteur. Dans l'entente qui nous concerne, nous parlons surtout de coopération dans ce domaine, et non de commerce.

Les Européens sont-ils moins agressifs que les Américains ?

La puissance des États-Unis repose sur la volonté du Sénat, car tout traité commercial conclu avec eux devient la Loi du pays. Un négociateur à la retraite m'a déjà dit : quand on négocie avec les Américains, on met un document de 12 pouces sur la table et on le regarde fondre... Dans toute négociation, les partis en demandent toujours plus que ce qu'ils s'attendent à obtenir, mais je m'attends à ce qu'avec les Européens, nous nous trouvions dans une dynamique de collaboration plutôt que de concessions.

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