Le monde en 2014


Édition du 14 Décembre 2013

Le monde en 2014


Édition du 14 Décembre 2013

Par Diane Bérard

Photo: Bloomberg

Ils étaient 23 conférenciers à défiler sur la scène, au 10e étage du prestigieux édifice Time Warner, à Manhattan, le 5 décembre. Des Américains, des Européens et des Africains invités par l'iconique magazine The Economist pour son World in 2014 Summit. Leur mission : présenter aux 300 participants les enjeux et les risques qui influenceront le cours des affaires en 2014, tant du côté de l'économie, de la finance, de la technologie, des ressources naturelles, de la fabrication que de la politique. Douze conférences, de 20 à 30 minutes sans thème. Les Affaires y était. Voici ce qu'il faut en retenir.

9 ENJEUX

1. La santé rend malade

La santé monopolise le quart du budget du gouvernement américain. Les services sociaux, un autre quart. (Au Québec, ces deux postes comptent pour 47,8 % du budget.) Le vieillissement de la population fera grimper les coûts de la santé à 40 % du budget américain et ceux des services sociaux à 38 %. Cela en laissera bien peu pour les autres postes, telle l'éducation. «Un dialogue difficile s'annonce entre le gouvernement et ses citoyens. Ceux-ci devront choisir : recevoir moins de services ou débourser davantage pour ceux-ci», prévient Jacob A. Frenkel, président de JP Morgan Chase. Des choix difficiles, mais aussi un changement de comportement radical. «Il faut utiliser nos ressources autrement, promouvoir la prévention, souligne Ralph de la Torre, président et pdg de Steward Health Care System, un groupe de 12 hôpitaux de la Nouvelle-Angleterre, cité comme modèle de soins de santé à valeur ajoutée et coût modique. Les Américains qui ont un médecin de famille coûtent 20 % moins cher au système.»

2. Les bas taux d'intrêt créent du chômage

«Les taux d'intérêt sont si bas que les entreprises ont remplacé le capital humain par du capital financier», souligne Scott Shay, président du conseil de Signature Bank, une institution financière new-yorkaise qui gère des actifs de 21 milliards de dollars américains. Son homologue Gerald Hassell, président et pdg de la Bank of New York Mellon, renchérit : «Les faibles taux ont accentué le chômage, les entreprises empruntent et investissent plutôt que de recruter».

3. Le manque d'eurobition nuit à l'économie

«Les États européens ne jouent pas ensemble, ils jouent les uns contre les autres», observe Josef Ackermann, ex-président du conseil du groupe Zurich Insurance et ex-président du conseil et pdg de la Deutsche Bank. L'Europe manque d'eurobition, poursuit-il. «On se concentre trop sur les questions nationales, et c'est souvent pour se blâmer les uns les autres. Ceux-là ne travaillent pas assez fort, ceux-ci travaillent trop... «En privé, les riches Allemands affirment que leur pays doit quitter la zone euros ; cela dit long sur l'absence de cohésion européenne», confie Josef Ackermann. nous devrions plûtot travailler à l'intégration de nos marchés financiers pour regagner la confiance des investisseurs.»

4. Le monde dit se passer de Super Mario

«Les banques centrales interviennent trop, depuis trop longtemps, estime Jacob A. Frenkel. Je n'aime pas le concept de super Mario [en référence à Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne] ni de super Ben [Bernanke]. Il s'installe une idée de permanence à propos de mesures d'exception.» Compte-t-on trop sur les banques centrales ? Les avis diffèrent. Jacob Frenkel juge que oui. Jan Hatzius, économiste en chef chez Goldman Sachs, croit que non. «Le chômage est encore trop présent, les économies ont encore besoin de soutien monétaire.»

5. Internet utilitaire

D'abord, nous nous sommes échangé des courriels. Puis, des photos et des vidéos. «Depuis deux ans, nous sommes passés à la phase suivante, Internet est employé à des fins utilitaires», souligne Luis von Ahn, cocréateur de Captcha, qui vous demande de taper quelques lettres dans une case afin de vérifier que vous êtes bien un humain et non un ordinateur. Luis von Ahn a aussi créé l'application Duolingo qui permet d'apprendre une nouvelle langue gratuitement. En échange, l'étudiant accepte de traduire des textes. Des clients paient pour ces traductions, c'est la source de revenu de Duolingo. «Notre modèle repose sur la collaboration, explique le jeune entrepreneur guatémaltèque. Un seul étudiant n'arriverait pas à traduire un texte, mais un grand nombre y parvient. En 2014, nous assisterons à une explosion de la collaboration utile sur Internet. De plus en plus de réalisations complexes seront effectuées en groupe.»

6. Mobile ou rien

«Notre mobile devient le témoin intime de notre quotidien, commente Biz Stone. C'est le talisman que nous traînons au fond de notre poche ou de notre sac. Si je quitte le maison sans mon portefeuille, je peux toujours me débrouiller. Mais si j'oublie mon mobile, je reviens le chercher !» On s'informe avec notre mobile, on se divertit avec lui, on paie avec lui. Le lieu où l'on se trouve importe peu, nous sommes «dans» notre mobile. «En 2014, les entreprises nées avant le mobile - il y en a beaucoup - qui n'ont pas encore de stratégie pour cette plateforme devront faire plus qu'y réfléchir», résume l'entrepreneur qui planche sur une nouvelle entreprise nommée pour l'instant Jelly.

7. Consommateurs conscients cherchent marketeurs allumés

«Nous savons ou nous pouvons savoir facilement tout sur un produit, dit Biz Stone, cofondateur de Twitter. Pour un consommateur, il devient facile de prendre du recul, de décortiquer un produit pour en extirper la véritable valeur.» Marteking de cause, marketing de sens... le consommateur conscient est à la recherche de consommation à valeur ajoutée. Biz Stone cite la campagne RED pour lutter contre le sida. Elle rassemble des partenaires tels qu'American Express, Apple, Converse, Hallmark et Starbucks, qui ont créé un produit rouge dont une partie des profits allaient au Global Fund, le plus important fonds de lutte contre le sida, la malaria et la tuberculose.

8. Les manufacteurs se «googlisent»

Chez Alcoa, les directeurs d'usine supervisent leurs opérations 7 jours sur 7 sans pour autant se présenter au bureau le week-end. «Ils ont leur usine dans leur poche», explique Nancy Wolk, chef de la technologie d'Alcoa, le troisième producteur d'aluminium du monde. La «googlisation» du manufacturier, c'est l'accès et le recours généralisé à l'information numérique par les employés et les dirigeants. C'est, entre autres, la convergence des données liées aux clients et de celles qui concernent les processus manufacturiers pour mieux ajuster la production.

9. La migration ds dinosaures tire à sa fin

Microsoft, HP, Cisco... autant de sociétés légendaires dont la suprématie est attaquée par de plus jeunes et plus fous qu'eux. «Plusieurs entreprises vivent sur du temps emprunté, prévient Carly Fiorina, ex-pdg de HP, aujourd'hui consultante. 2014 sera une année charnière pour distinguer celles qui ont atteint la fin de leur sursis.» Lesquelles ? «Regardez celles dont les revenus baissent et qui n'ont pas augmenté leurs investissements en R-D», ajoute Mme Fiorina.

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