La reprise d’une entreprise, un autre moyen d’entreprendre

Publié le 22/04/2015 à 13:51

On le répète parce que c’est vrai : les PME sont le moteur économique du Québec. Elles représentent 99,8 % de nos entreprises, fournissent 87 % des emplois dans le secteur privé et génèrent la moitié de la richesse créée dans la province.

Une force, oui, mais aux pieds d’argile. En effet, les deux tiers des nouvelles entreprises disparaîtront avant d’avoir franchi le cap des cinq ans d’existence. « Souvent, une entreprise ne survit même pas à la première année, soit parce que l’investissement n’aura pas été suffisant, soit parce que le marché aura été mal évalué », précise Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

Or, nombre des entreprises qui auront su perdurer font aujourd’hui face à un nouveau défi : le départ à la retraite du fondateur. Une étude commandée l’an dernier par la CCMM prévoit qu’entre 8 000 et 10 000 entreprises seront menacées de fermeture au cours de la prochaine décennie. Ce sont 80 000 emplois qui sont en jeu. Si rien n’est fait, le PIB du Québec pourrait reculer de 8,2 milliards de dollars (G$).

Considérant le faible taux de survie des nouvelles entreprises, ce serait un désastre économique que de voir nos PME matures s’effondrer faute de relève. C’est pourquoi les intervenants en développement économique ont un nouveau cheval de bataille : stimuler ce que l’on nomme le « repreuneuriat ».

« On a beaucoup parlé des vertus de l’entrepreneuriat au cours des dernières années, explique Michel Leblanc. Mais on n’a pas vanté suffisamment le fait qu’à travers l’acte d’entreprendre, il est aussi possible de partir d’une entreprise existante et de la mener ailleurs… »

D’autant plus que l’avenir sourit aux repreneurs. Ils auront l’embarras du choix et des ressources pour les épauler.

Il est moins une

Ce n’est pas d’hier qu’on sait que la population vieillit. Par conséquent, on la voit venir depuis longtemps, cette vague d’entrepreneurs qui prendront bientôt leur retraite.

« L’idée même de traiter de cet enjeu date du début des années 2000, dit Gaétan Morin, président et chef de la direction du Fonds de solidarité FTQ. À la suite d’une tournée qu’on avait faite à l’époque dans chacune des régions du Québec, on a bien vu le mur qui se profilait, le grand transfert de propriété qui s’annonçait. Or, c’est encore plus préoccupant aujourd’hui. »

Si le désir d’entreprendre augmente au sein de la population québécoise, l’écart entre le nombre d’entrepreneurs qui accrocheront leurs patins dépasse encore celui des personnes qui se lancent en affaires. C’est ce qu’on nomme le déficit entrepreneurial.

Du coup, il y aura potentiellement plus d’entreprises à céder que de gens prêts à reprendre leurs commandes. Une situation qu’on pourrait croire avantageuse pour la nouvelle génération d’entrepreneurs… si seulement ceux-ci étaient tentés par l’aventure !

Rendre le repreuneuriat sexy

Selon l’Indice entrepreneurial 2013 de la Fondation de l’entrepreneurship, seulement 17,5 % des Québécois qui se lancent en affaires privilégient l’option de la reprise ou du rachat d’une entreprise existante.

Les raisons en sont culturelles. « On en est encore au mythe de l’entrepreneur qui a commencé dans son garage, à partir de rien, à la Steve Jobs ou à la Joseph Armand Bombardier », dit Michel Leblanc.

« Créer quelque chose de nouveau, c’est le premier attrait de lancer sa propre entreprise, ajoute Gaétan Morin. Mais il y a aussi un attrait à reprendre une entreprise. Souvent, les projets d’expansion ou de modernisation auront été mis de côté à cause des réserves d’un propriétaire qui vieillit. Il y a donc un élément de créativité dans le fait d’amener cette entreprise-là à un autre niveau. »

Le risque est par ailleurs bien moins grand. « Un repreneur bénéficie d’une équipe, il a déjà un carnet de commandes, un historique bancaire, dit Michel Leblanc. Reprendre une entreprise permet de sauter beaucoup d’étapes par rapport à en lancer une en partant de zéro. »

Considérations financières

Cela dit, le déficit de repreneurs s’explique aussi par des raisons économiques. Acquérir une PME existante implique souvent qu’on achète un actif ou qu’on obtienne un financement parfois substantiel.

À ce propos, Gaétan Morin ajoute un bémol : « Il est beaucoup plus facile de financer une entreprise qui est déjà en affaires. » Logique. Pour un prêteur, financer une entreprise déjà en activité est beaucoup moins risqué que d’accorder un prêt pour un plan d’affaires qui n’a pas encore subi l’épreuve du marché.

D’autant plus que l’aide existe tant pour les repreneurs que pour les cédants, que ce soit en matière de financement ou d’expertise pour assurer un transfert de propriété en douceur.

Cela dit, si l’enjeu de la relève d’entreprises est réel, on constate tout de même des signes encourageants : « Depuis deux ans, surtout en ce qui concerne les PME, le nombre de transactions que nous avons réalisées au Fonds de solidarité FTQ concernaient la reprise, sous une forme ou sous une autre, d’une entreprise existante, dit Gaétan Morin. C’est une croissance importante, car voilà quatre ou cinq ans, ce taux ne dépassait pas les 10 %. »

Le mouvement pour la survie de nos PME matures semble donc entamé. « Maintenant, il nous reste à rattraper notre retard », conclut Gaétan Morin.

On le répète parce que c’est vrai : les PME sont le moteur économique du Québec. Elles représentent 99,8 % de nos entreprises, fournissent 87 % des emplois dans le secteur privé et génèrent la moitié de la richesse créée dans la province.

 

Une force, oui, mais aux pieds d’argile. En effet, les deux tiers des nouvelles entreprises disparaîtront avant d’avoir franchi le cap des cinq ans d’existence. « Souvent, une entreprise ne survit même pas à la première année, soit parce que l’investissement n’aura pas été suffisant, soit parce que le marché aura été mal évalué », précise Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

 

Or, nombre des entreprises qui auront su perdurer font aujourd’hui face à un nouveau défi : le départ à la retraite du fondateur. Une étude commandée l’an dernier par la CCMM prévoit qu’entre 8 000 et 10 000 entreprises seront menacées de fermeture au cours de la prochaine décennie. Ce sont 80 000 emplois qui sont en jeu. Si rien n’est fait, le PIB du Québec pourrait reculer de 8,2 milliards de dollars (G$).

 

Considérant le faible taux de survie des nouvelles entreprises, ce serait un désastre économique que de voir nos PME matures s’effondrer faute de relève. C’est pourquoi les intervenants en développement économique ont un nouveau cheval de bataille : stimuler ce que l’on nomme le « repreuneuriat ».

 

« On a beaucoup parlé des vertus de l’entrepreneuriat au cours des dernières années, explique Michel Leblanc. Mais on n’a pas vanté suffisamment le fait qu’à travers l’acte d’entreprendre, il est aussi possible de partir d’une entreprise existante et de la mener ailleurs… »

 

D’autant plus que l’avenir sourit aux repreneurs. Ils auront l’embarras du choix et des ressources pour les épauler.

 

Il est moins une

Ce n’est pas d’hier qu’on sait que la population vieillit. Par conséquent, on la voit venir depuis longtemps, cette vague d’entrepreneurs qui prendront bientôt leur retraite.

 

« L’idée même de traiter de cet enjeu date du début des années 2000, dit Gaétan Morin, président et chef de la direction du Fonds de solidarité FTQ. À la suite d’une tournée qu’on avait faite à l’époque dans chacune des régions du Québec, on a bien vu le mur qui se profilait, le grand transfert de propriété qui s’annonçait. Or, c’est encore plus préoccupant aujourd’hui. »

 

Si le désir d’entreprendre augmente au sein de la population québécoise, l’écart entre le nombre d’entrepreneurs qui accrocheront leurs patins dépasse encore celui des personnes qui se lancent en affaires. C’est ce qu’on nomme le déficit entrepreneurial.

 

Du coup, il y aura potentiellement plus d’entreprises à céder que de gens prêts à reprendre leurs commandes. Une situation qu’on pourrait croire avantageuse pour la nouvelle génération d’entrepreneurs… si seulement ceux-ci étaient tentés par l’aventure !

 

Rendre le repreuneuriat sexy 

Selon l’Indice entrepreneurial 2013 de la Fondation de l’entrepreneurship, seulement 17,5 % des Québécois qui se lancent en affaires privilégient l’option de la reprise ou du rachat d’une entreprise existante.

 

Les raisons en sont culturelles. « On en est encore au mythe de l’entrepreneur qui a commencé dans son garage, à partir de rien, à la Steve Jobs ou à la Joseph Armand Bombardier », dit Michel Leblanc.

 

« Créer quelque chose de nouveau, c’est le premier attrait de lancer sa propre entreprise, ajoute Gaétan Morin. Mais il y a aussi un attrait à reprendre une entreprise. Souvent, les projets d’expansion ou de modernisation auront été mis de côté à cause des réserves d’un propriétaire qui vieillit. Il y a donc un élément de créativité dans le fait d’amener cette entreprise-là à un autre niveau. »

 

Le risque est par ailleurs bien moins grand. « Un repreneur bénéficie d’une équipe, il a déjà un carnet de commandes, un historique bancaire, dit Michel Leblanc. Reprendre une entreprise permet de sauter beaucoup d’étapes par rapport à en lancer une en partant de zéro. »

 

Considérations financières

Cela dit, le déficit de repreneurs s’explique aussi par des raisons économiques. Acquérir une PME existante implique souvent qu’on achète un actif ou qu’on obtienne un financement parfois substantiel.

 

À ce propos, Gaétan Morin ajoute un bémol : « Il est beaucoup plus facile de financer une entreprise qui est déjà en affaires. » Logique. Pour un prêteur, financer une entreprise déjà en activité est beaucoup moins risqué que d’accorder un prêt pour un plan d’affaires qui n’a pas encore subi l’épreuve du marché.

 

D’autant plus que l’aide existe tant pour les repreneurs que pour les cédants, que ce soit en matière de financement ou d’expertise pour assurer un transfert de propriété en douceur.

 

Cela dit, si l’enjeu de la relève d’entreprises est réel, on constate tout de même des signes encourageants : « Depuis deux ans, surtout en ce qui concerne les PME, le nombre de transactions que nous avons réalisées au Fonds de solidarité FTQ concernaient la reprise, sous une forme ou sous une autre, d’une entreprise existante, dit Gaétan Morin. C’est une croissance importante, car voilà quatre ou cinq ans, ce taux ne dépassait pas les 10 %. »

 

Le mouvement pour la survie de nos PME matures semble donc entamé. « Maintenant, il nous reste à rattraper notre retard », conclut Gaétan Morin.

On le répète parce que c’est vrai : les PME sont le moteur économique du Québec. Elles représentent 99,8 % de nos entreprises, fournissent 87 % des emplois dans le secteur privé et génèrent la moitié de la richesse créée dans la province.

 

Une force, oui, mais aux pieds d’argile. En effet, les deux tiers des nouvelles entreprises disparaîtront avant d’avoir franchi le cap des cinq ans d’existence. « Souvent, une entreprise ne survit même pas à la première année, soit parce que l’investissement n’aura pas été suffisant, soit parce que le marché aura été mal évalué », précise Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

 

Or, nombre des entreprises qui auront su perdurer font aujourd’hui face à un nouveau défi : le départ à la retraite du fondateur. Une étude commandée l’an dernier par la CCMM prévoit qu’entre 8 000 et 10 000 entreprises seront menacées de fermeture au cours de la prochaine décennie. Ce sont 80 000 emplois qui sont en jeu. Si rien n’est fait, le PIB du Québec pourrait reculer de 8,2 milliards de dollars (G$).

 

Considérant le faible taux de survie des nouvelles entreprises, ce serait un désastre économique que de voir nos PME matures s’effondrer faute de relève. C’est pourquoi les intervenants en développement économique ont un nouveau cheval de bataille : stimuler ce que l’on nomme le « repreuneuriat ».

 

« On a beaucoup parlé des vertus de l’entrepreneuriat au cours des dernières années, explique Michel Leblanc. Mais on n’a pas vanté suffisamment le fait qu’à travers l’acte d’entreprendre, il est aussi possible de partir d’une entreprise existante et de la mener ailleurs… »

 

D’autant plus que l’avenir sourit aux repreneurs. Ils auront l’embarras du choix et des ressources pour les épauler.

 

Il est moins une

Ce n’est pas d’hier qu’on sait que la population vieillit. Par conséquent, on la voit venir depuis longtemps, cette vague d’entrepreneurs qui prendront bientôt leur retraite.

 

« L’idée même de traiter de cet enjeu date du début des années 2000, dit Gaétan Morin, président et chef de la direction du Fonds de solidarité FTQ. À la suite d’une tournée qu’on avait faite à l’époque dans chacune des régions du Québec, on a bien vu le mur qui se profilait, le grand transfert de propriété qui s’annonçait. Or, c’est encore plus préoccupant aujourd’hui. »

 

Si le désir d’entreprendre augmente au sein de la population québécoise, l’écart entre le nombre d’entrepreneurs qui accrocheront leurs patins dépasse encore celui des personnes qui se lancent en affaires. C’est ce qu’on nomme le déficit entrepreneurial.

 

Du coup, il y aura potentiellement plus d’entreprises à céder que de gens prêts à reprendre leurs commandes. Une situation qu’on pourrait croire avantageuse pour la nouvelle génération d’entrepreneurs… si seulement ceux-ci étaient tentés par l’aventure !

 

Rendre le repreuneuriat sexy

Selon l’Indice entrepreneurial 2013 de la Fondation de l’entrepreneurship, seulement 17,5 % des Québécois qui se lancent en affaires privilégient l’option de la reprise ou du rachat d’une entreprise existante.

 

Les raisons en sont culturelles. « On en est encore au mythe de l’entrepreneur qui a commencé dans son garage, à partir de rien, à la Steve Jobs ou à la Joseph Armand Bombardier », dit Michel Leblanc.

 

« Créer quelque chose de nouveau, c’est le premier attrait de lancer sa propre entreprise, ajoute Gaétan Morin. Mais il y a aussi un attrait à reprendre une entreprise. Souvent, les projets d’expansion ou de modernisation auront été mis de côté à cause des réserves d’un propriétaire qui vieillit. Il y a donc un élément de créativité dans le fait d’amener cette entreprise-là à un autre niveau. »

 

Le risque est par ailleurs bien moins grand. « Un repreneur bénéficie d’une équipe, il a déjà un carnet de commandes, un historique bancaire, dit Michel Leblanc. Reprendre une entreprise permet de sauter beaucoup d’étapes par rapport à en lancer une en partant de zéro. »

 

Considérations financières

Cela dit, le déficit de repreneurs s’explique aussi par des raisons économiques. Acquérir une PME existante implique souvent qu’on achète un actif ou qu’on obtienne un financement parfois substantiel.

 

À ce propos, Gaétan Morin ajoute un bémol : « Il est beaucoup plus facile de financer une entreprise qui est déjà en affaires. » Logique. Pour un prêteur, financer une entreprise déjà en activité est beaucoup moins risqué que d’accorder un prêt pour un plan d’affaires qui n’a pas encore subi l’épreuve du marché.

 

D’autant plus que l’aide existe tant pour les repreneurs que pour les cédants, que ce soit en matière de financement ou d’expertise pour assurer un transfert de propriété en douceur.

 

Cela dit, si l’enjeu de la relève d’entreprises est réel, on constate tout de même des signes encourageants : « Depuis deux ans, surtout en ce qui concerne les PME, le nombre de transactions que nous avons réalisées au Fonds de solidarité FTQ concernaient la reprise, sous une forme ou sous une autre, d’une entreprise existante, dit Gaétan Morin. C’est une croissance importante, car voilà quatre ou cinq ans, ce taux ne dépassait pas les 10 %. »

 

Le mouvement pour la survie de nos PME matures semble donc entamé. « Maintenant, il nous reste à rattraper notre retard », conclut Gaétan Morin.

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