B.M. - Je n'ai pas l'intention de le changer. Ce modèle n'est pas pour toutes les industries, certes. Mais il existe encore de nombreux secteurs où je peux l'appliquer.
D.B. - Toms a eu des retombées positives imprévues. Racontez-nous.
B.M. - Nous ne pensions pas qu'en donnant des chaussures aux plus démunis nous allions contribuer à créer un marché de la chaussure. Lorsque vous n'avez jamais porté de chaussures ou que vous l'avez fait seulement de façon sporadique, et qu'on vous en donne, vous développez une habitude. Vous accordez une valeur aux chaussures. Cela devient un bien que vous désirez. Et, lorsque vous vous enrichissez, vous vous en procurez. Cela stimule donc une demande relativement aux métiers de la chaussure.
D.B. - Votre entreprise a aussi entraîné des retombées négatives...
B.M. - Toms peut contribuer à développer une économie locale de la chaussure, mais elle ne doit pas entrer en concurrence avec une industrie de la chaussure existante. Il y a huit ans, nous n'étions pas conscients de cette possibilité. Aujourd'hui, nous nous montrons très prudents. Nous nous renseignons avant de pénétrer dans un nouveau territoire.
D.B. - Dès son lancement, vous et votre entreprise avez été chouchous des médias. Puis, on a commencé à vous critiquer...
B.M. - En effet, et j'ai très mal réagi. Je ne comprenais pas qu'on puisse me reprocher de faire le bien. J'ai rejeté les critiques. Puis, j'ai compris que je m'attaquais à un problème complexe. Mes intentions étaient bonnes, mais je manquais d'expérience et de connaissances. Lorsque j'ai accepté cette réalité, j'ai invité mes détracteurs à m'expliquer leurs critiques. J'ai écouté et je me suis adapté.