Entrevue n°193: Kevin O'Leary, investisseur et juge, Dragon's Den et Shark Tank

Offert par Les Affaires


Édition du 01 Mars 2014

Entrevue n°193: Kevin O'Leary, investisseur et juge, Dragon's Den et Shark Tank

Offert par Les Affaires


Édition du 01 Mars 2014

Par Diane Bérard

Kevin O'Leary, c'est le vilain juge chauve de Dragon's Den. Celui qui n'enrobe pas ses propos au sujet d'un entrepreneur ou de son projet. Ce Canadien de 59 ans respecte la vérité tout autant que l'argent. Il gère O'Leary Fund, un fonds d'un milliard de dollars. Sa philosophie financière, il la tient de sa mère libanaise : «ne dépense jamais le capital, tiens-t'en aux intérêts».

Diane Bérard - Vous êtes juge à la fois pour Dragon's Den et sa version américaine, Shark Tank. En quoi l'entrepreneur canadien diffère-t-il de son homologue américain ?

Kevin O'Leary - Il n'en diffère pas. Le mythe veut que les Canadiens prennent moins de risques. C'est faux. Ils sont aussi audacieux. Par contre, les projets qu'on nous présente à Dragon's Den se révèlent moins variés que ceux de Shark Tank. L'économie américaine repose sur 11 secteurs. Celle du Canada se limite aux matières premières, à l'énergie et aux services financiers.

D.B. - Faut-il croire ce que l'on voit à Dragon's Den ? Est-ce ainsi que pensent et réagissent les investisseurs ?

K.O. - Tout à fait. Dragon's Den n'est pas un jeu. Nous sommes de vrais investisseurs. Notre argent est bien réel.

D.B. - Le pitch parfait existe-t-il ?

K.O. - Il existe. On le reconnaît à trois caractéristiques : l'entrepreneur peut présenter son idée en 90 secondes. Pendant cette minute et demie, il explique clairement en quoi consiste l'occasion d'affaires. Lui et ses partenaires arrivent aussi à nous convaincre qu'ils sont les mieux placés pour développer ce concept. Finalement, les membres de l'équipe connaissent tous les chiffres du projet sur le bout des doigts.

D.B. - Un entrepreneur introverti peut-il réussir ?

K.O. - Ce sera difficile s'il ne s'associe pas à quelqu'un qui sait communiquer.

D.B. - En huit ans, quel est le pire projet qu'on vous a proposé à la télé ?

K.O. - Une dame prétendait pouvoir créer trois filtres. Le premier vous ferait tomber amoureux. Le second vous guérirait de la jalousie. Le troisième vous rendrait riche.

D.B. - Y a-t-il des projets dans lesquels vous n'investirez jamais ?

K.O. - Tout ce qui est illégal ou se situe aux frontières de la loi. On m'a proposé des projets de fermes de marijuana. Je sais que c'est légal dans certaines régions du monde, mais c'est loin d'être la norme. Je verrai lorsque ce sera complètement légal. Je joue dur, mais je respecte toujours la loi.

D.B. - Les projets d'affaires qui échouent présentent-ils des caractéristiques communes ?

K.O. - Ils sont souvent le fruit d'un seul individu. Tout le monde présente des faiblesses. L'entrepreneur solitaire n'a personne pour compenser les siennes. On peut développer une vision seul. Mais le succès tient à l'implantation. Bref, on connaît rarement le succès en déployant seul un projet.

D.B. - Vous êtes très dur envers les entrepreneurs de Dragon's Den. Est-ce nécessaire ?

K.O. - Je ne suis pas le vilain que l'on prétend. Je dis la vérité, cela fait gagner du temps à l'entrepreneur. À moi aussi. Je n'ai pas besoin de me souvenir de ce que j'ai dit puisque je m'en tiens à la vérité. Celle-ci ne change jamais. Si un entrepreneur ne peut encaisser la vérité à propos de lui-même et de son projet, comment survivra-t-il dans le vrai monde, à l'extérieur du studio de Dragon's Den ? Cela étant dit, ce n'est pas parce qu'un projet a des failles qu'il ne mérite pas de voir le jour. L'entrepreneur a le pouvoir de rectifier le tir.

D.B. - On n'est pas en affaires pour se faire des amis...

K.O. - ... si vous en cherchez un, achetez-vous un chien ! Une entreprise n'est pas un club social. C'est un lieu où l'on fait de l'argent, pour soi et pour ses actionnaires. J'ai investi dans des entreprises dont les entrepreneurs étaient des salopards. Ils m'ont rendu riche. Mais ils ne seront jamais mes amis.

D.B. - Comment augmente-t-on le nombre d'entrepreneurs dans une société ?

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