Entrevue n°245: Jocelyn Blériot, directeur exécutif, Ellen MacArthur Foundation

Offert par Les Affaires


Édition du 25 Avril 2015

Entrevue n°245: Jocelyn Blériot, directeur exécutif, Ellen MacArthur Foundation

Offert par Les Affaires


Édition du 25 Avril 2015

Par Diane Bérard
D.B. - Les fabricants de téléphones intelligents sont champions de l'obsolescence planifiée. Travaillez-vous avez eux ?

J.B. - Nous avons entamé des discussions avec eux. Mais pour l'instant, ce sont plutôt les fournisseurs de services, comme Vodafone, qui s'intéressent à la circularité. Ils reprennent leurs anciens appareils, car il y a un marché dans les pays émergents. Je vous l'ai dit, nous n'avons pas de travail de vente à faire auprès des entreprises. L'économie circulaire est une question d'économie, pas de bons sentiments.

D.B. - La fin de l'obsolescence planifiée, n'est-ce pas aussi la fin de la créativité et de l'innovation ?

J.B. - Il est certain que, pour certains, le ralentissement du rythme des innovations peut constituer un argument contre l'économie circulaire. Mais on peut aussi avancer que l'économie circulaire stimulera un autre type d'innovations. Je parle des innovations liées à la modularité. Ainsi, dans une économie circulaire, les téléphones intelligents deviendront comme des briques Lego. On changera des composants plutôt que d'en disposer complètement. Lorsque le composant appareil photo de votre portable fera défaut, vous ne remplacerez que cette section.

D.B. - Comment motive-t-on les créatifs dans une économie circulaire ?

J.B. - L'économie circulaire a grand besoin d'individus créatifs, pour créer de nouveaux matériaux et de nouvelles infrastructures. Dans le secteur de la chimie verte et des biotechnologies, le processus créatif est déjà bien amorcé.

D.B. - Comment un secteur peut-il migrer de l'économie traditionnelle vers l'économie circulaire ?

J.B. - Prenons l'exemple du secteur de la construction. Dans l'économie circulaire, un immeuble est vu comme une banque de matériaux. Il est construit pour être déconstruit. On conçoit une maison en déterminant à l'avance les matériaux qui peuvent être recyclés ou réutilisés. Par exemple, les assemblages sont vissés plutôt que soudés. On a la fin de vie en tête dès le moment de la construction. La mairie que vous construisez aujourd'hui sera peut-être une école dans 20 ans, car les besoins de votre communauté auront changé. Vous la construisez donc de façon modulaire pour pouvoir en transformer l'usage.

D.B. - La fondation Ellen MacArthur intervient auprès des étudiants. Comment le fait-elle ?

J.B. - Nous avons développé un MBA en économie circulaire avec l'université de Bradford, dans le nord de l'Angleterre. C'est un MBA classique dans lequel nous avons injecté des thématiques d'économie circulaire dans tous les cours. Nous travaillons aussi avec la Fondation de la famille Schmidt (NDLR : Eric Schmidt, le fondateur de Google) pour accorder chaque année des bourses à 12 étudiants à la maîtrise. Ils étudient en gestion, en génie ou en design, et leur projet de maîtrise porte sur l'économie circulaire. La bourse comprend une formation d'une semaine à Londres, à laquelle participent l'étudiant lauréat et son directeur de thèse. On invite le professeur afin de multiplier les retombées. Grâce à ces bourses, ce ne sont pas 12 étudiants que l'on rejoint, mais des dizaines grâce aux cours de ces 12 professeurs.

D.B. - Vous intervenez aussi auprès des entreprises. De quelle façon ?

J.B. - Nous avons élaboré des programmes d'enseignement en ligne pour les entreprises membres de la fondation. Nous comptons 95 membres de plusieurs continents. Nous nous arrêterons à 100, car nous sommes une très petite équipe et, pour qu'elle rapporte, cette formation exige beaucoup de soutien. Le programme en ligne que nous offrons dure six semaines, à raison de quatre heures par semaine. Chaque entreprise membre peut inscrire 10 employés. La formation inclut la rédaction de travaux pratiques pour vérifier les apprentissages.

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