Entrevue: Caterina Fake, cofondatrice, Flickr et Hunch

Publié le 19/04/2010 à 00:00

Entrevue: Caterina Fake, cofondatrice, Flickr et Hunch

Publié le 19/04/2010 à 00:00

Par Diane Bérard

Caterina Fake, cofondatrice, Flickr et Hunch

Entrevue. Caterina Fake se classe dans la même catégorie que les fondateurs de Twitter, Facebook et LinkedIn. Née à Pittsburgh, en Pennsylvanie, cette femme de 41 ans réside désormais sur la côte Ouest, à San Francisco, comme la plupart des entrepreneurs de ce secteur.

Sa première entreprise, Flickr (flickr.com), est établie à Vancouver. Il s'agit d'un site de partage de photos qu'elle a fondé en 2004 avec son époux de l'époque, Stewart Butterfield. En 2005, Yahoo met la main sur Flickr. Par la même occasion, le nouveau propriétaire confie à Caterina Fake la direction de son service de développement de la technologie.

Elle démissionne en 2008, après avoir rencontré à New York ceux qui deviendront ses partenaires dans Hunch (hunch.com), fondé à la fin de 2009. En mars 2010, Khosla Ventures a investi 12 millions de dollars américains (M$ US) dans Hunch.(N.D.L.R. Cette firme de capital de risque, démarrée par Vinod Khosla, fondateur et premier pdg de Sun Microsystems, est une des plus influentes de Silicon Valley.) Nous avons rejoint Caterina Fake par Skype, à ses bureaux de San Francisco.

Diane Bérard - Après avoir lancé deux entreprises et travaillé chez Yahoo pendant trois ans, avez-vous trouvé la recette pour faire de l'argent sur Internet ?

Caterina Fake - Oui, et elle est simple : l'activité la plus payante est la recherche. C'est pourquoi Google est la société Internet la plus puissante et la plus rentable du monde, et qu'elle est devenue un modèle pour tout le secteur. C'est aussi pourquoi Yahoo consacre tant d'efforts à développer ses propres outils de recherche. C'était d'ailleurs mon mandat pendant les trois années que j'y ai passées.

D.B. - Hunch, que vous avez lancé en 2009, est un site d'aide à la décision de produits ?

C.F. - Oui. Pensez à toutes ces fois où vous n'arrivez pas à choisir entre plusieurs produits. Vous ne pouvez pas demander conseil autour de vous, parce que les membres de votre réseau social n'ont ni les connaissances, ni les compétences pour vous répondre. Si j'ai besoin de chaussures pour un mariage, je ne demanderai certainement pas l'avis de mes collègues, qui sont tous des gars techies ! Je pourrais consulter le site Hunch. On me posera d'abord des questions destinées à connaître mes goûts. Puis, à partir de mes réponses et de celles d'autres femmes comme moi, Hunch proposera la paire de chaussures qui me convient le mieux. Cela peut s'appliquer à un voyage dans le sud ou à l'achat d'un appareil photo.

D.B. - D'où Hunch tire ses revenus ?

C.F. - Nous avons appliqué la recette Google : chaque fois que vous consommez un bien ou un service, que vous avez trouvé grâce ce moteur de recherche, Google en tire une redevance. C'est la même formule que nous avons retenue pour Hunch.

D.B. - Et d'où est venue l'idée ?

C.F. - Hunch incarne la nouvelle vague d'entreprises Internet : elle combine l'aspect social - les communautés, le partage de l'information - et le côté affaires. Internet a d'abord été un média social. À la fin des années 1980, je m'en servais pour échanger avec des gens à l'autre bout du monde. Les années 1990 ont été celles de la bulle point.com, où l'on a essayé de vendre n'importe quoi en ligne. Aujourd'hui, il faut une composante sociale à une entreprise Internet pour que celle-ci soit rentable.

D.B. - En quoi le modèle d'entreprise de Flickr et de Hunch sont-ils différents ?

C.F. - Flickr était une bonne idée, mais pas un grand produit. Nous l'avons lancé sans capital et sans véritable modèle d'entreprise. C'est la communauté d'intérêt qui a adopté, enrichi et amélioré Flickr. Les utilisateurs de Hunch viennent de tous les univers. Ils trouvent notre site grâce aux moteurs de recherche. Il faut donc penser référencement et marketing, car il n'y a pas de communauté pour nous soutenir.

D.B. - Pourquoi avez-vous vendu Flickr à Yahoo après deux ans d'existence ?

C.F. - Parce que notre investisseur principal, Reid Hoffman, nous a conseillé d'accepter l'offre de Yahoo. (N.D.L.R. Cofondateur de LinkedIn, qui a investi dans plusieurs entreprises Internet, dont Facebook, Flickr et Digg.)

D.B. - Combien de temps conserverez-vous Hunch ?

C.F. - Je n'ai pas l'intention de vendre avant plusieurs années. C'est pourquoi il était si important que le modèle d'entreprise soit en béton. Il fallait savoir d'où viendraient nos revenus avant de nous lancer dans l'aventure. Je ne voulais pas d'un modèle comme celui de Twitter ou Facebook, où la croissance est fondée sur le trafic et non sur les revenus.

D.B. - Que reprochez-vous à Twitter ?

C.F. - Il lui reste à ouvrir sa porte à la publicité et Twitter encaissera une fortune.

D.B. - Vous avez profité de plusieurs tours de financement, la plus récent vous a permis de récolter 12 M$ US. Comment un investisseur peut-il évaluer une entreprise comme la vôtre ?

C.F. - Je peux vous répondre facilement parce que je me trouve des deux côtés de la table : je sollicite du financement et j'investis dans des sociétés Internet en démarrage. Je cherche des entrepreneurs qui s'attaquent à des problèmes ambitieux, qui ont le goût du risque, une grande créativité et la capacité de passer à l'action. Je ne peux pas me fier à leurs chiffres parce qu'ils ne font généralement pas d'argent; c'est pourquoi ils sollicitent du capital de risque.

D.B. - Votre nom a paru sur toutes les listes des entrepreneurs prometteurs, incluant celle des gens d'influence du magazine Time. Comment recevez-vous ces honneurs ?

C.F. - C'est une lame à deux tranchants. En ce moment, je vous accorde une entrevue. Vos lecteurs découvriront mon entreprise. C'est une bonne chose. Par contre, si je prends goût à cette attention, je pourrais oser moins par crainte de me tromper. C'est ce qu'il faut éviter, car avant tout, je suis une entrepreneure et je veux le rester toute ma vie.

À la une

Bourse: nouveaux records pour le Dow Jones et le S&P 500 à Wall Street

Mis à jour le 28/03/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto est en hausse et les marchés américains sont mitigés.

À surveiller: Microsoft, Apple et Dollarama

28/03/2024 | lesaffaires.com

Que faire avec les titres de Microsoft, Apple et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 28 mars

Mis à jour le 28/03/2024 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.