Photo : Martin Martel
Art public. Le dernier projet de Robert Lepage, Aurora Borealis, ouvre les portes d'un nouveau marché international.
Ce n'est pas d'hier que les villes illuminent leurs bâtiments les plus emblématiques. Que l'on pense à la tour Eiffel à Paris, au Château Frontenac à Québec ou, plus récemment, au Quartier des spectacles à Montréal.
Mais en créant un éclairage s'inspirant des véritables couleurs des aurores boréales et en faisant bouger les mauve, vert, jaune, bleu, rouge, orange et cyan sur les silos à grains géants de la Bunge, dans le Vieux-Port de Québec, Ex Machina repousse les frontières de l'éclairage architectural.
Technologies de pointe et économie d'énergie
Contrairement au célèbre Moulin à images, la projection multimédia qu'Ex Machina a créée sur les mêmes silos dans le cadre du 400e anniversaire de la fondation de Québec, Aurora Borealis n'est pas un spectacle. C'est une oeuvre d'art public, sous forme d'éclairage, installée pour cinq ans. Les passants peuvent la voir tous les soirs, de la brunante jusqu'à 23 h 30.
L'oeuvre, avant-gardiste, intègre les plus récentes technologies. Côté éclairage, 574 appareils utilisant des lumières à diodes électroluminescentes (DEL) ont été installés sur les silos, raconte Mario Brien, directeur de la production chez Ex Machina. Ces appareils offrent une luminosité plus forte, une meilleure qualité et une plus grande stabilité de couleurs, tout en consommant 57 % de moins d'énergie.
Des projets d'une telle ampleur commencent à émerger dans le monde.
Martin Gagnon, président de la firme d'éclairage Ambiance Design and Visual Lighting, co-idéateur du projet avec Robert Lepage, le grand manitou d'Ex Machina, place au sommet de son palmarès le Green Pix Zero Energy Media Wall, un mur de verre éclairé sur le complexe de divertissement Xicui, à Beijing. À la différence que ce projet est carboneutre : des cellules photovoltaïques fixées à l'intérieur du mur stockent l'énergie solaire pour alimenter les systèmes d'éclairage le soir venu.
" Nous vivons à une époque où l'architecture innovante ne se conçoit plus sans éclairage ", soutient Martin Gagnon. Les projets d'embellissement et de revitalisation - autoroutes abandonnées, vieux quartiers industriels, bâtiments nouveaux - pullulent.
Contrats en vue
Grâce à Aurora Boréalis et au Moulin à images, Ex Machina et Ambiance Design sont bien placées pour obtenir quelques-uns de ces projets emballants. Martin Gagnon vient de signer des contrats au Qatar, à Shanghai et à Winnipeg. De plus, le partenariat d'Ex Machina avec la firme européenne ETC, fournisseur du logiciel de projection géante pour le Moulin à images (qui permet de compenser l'irrégularité des surfaces de projection) pourrait avoir des suites.
Réinvestir dans la création
Il y a deux facteurs de succès dans ces projets, croit Mario Brien. D'abord, la formation des équipes. Les experts et techniciens sont embauchés par projet et comme consultants. " Cette façon de fonctionner nous assure que la majeure partie de l'argent est investie dans le rendu plutôt que dans les poches de firmes en sous-traitance ", explique-t-il. Jean-Pierre Vézina, vice-président aux finances d'Ex Machina ajoute que les équipements de haute qualité représentent la moitié des coûts.
Chez Ex Machina, organisme à but non lucratif, même la rémunération est avant-gardiste. Tous les bénéfices que l'entreprise réalise sont réinvestis dans la création, poursuit-il. Pas dans des primes pour ses concepteurs et ses artisans. Même Robert Lepage ne reçoit qu'un salaire et une indemnité quotidienne quand il voyage.
PROFIL
Nom du projet: Aurora Boréalis
Activité : Art public, éclairage architectural
Concepteurs: Robert Lepage (Ex-Machina) et Martin Gagnon (Ambiances Conception Lumière et Visuelle)
Nombre d'employés: 53
Budget: 2 millions de dollars
Client : Ville de Québec
Site Web: www.lacaserne.net
