Entrepreneuriat: Six accélérateurs pour lancer son entreprise


Édition du 23 Novembre 2013

Entrepreneuriat: Six accélérateurs pour lancer son entreprise


Édition du 23 Novembre 2013

D'ici 2018, la province devrait perdre près de 15 % de ses entrepreneurs comparativement à seulement 1,3 % en Ontario, selon une étude du gouvernement du Québec. Pour y remédier, de nombreuses initiatives voient le jour. Voici des exemples de programmes particulièrement innovants qui favorisent l'entrepreneuriat.

Philippe Castonguay, 29 ans, a carrément décidé de changer d'orientation après avoir fréquenté le programme Entreprise étudiante de Jeune entreprise du Québec.

Semer la graine de l'entrepreneuriat

Philippe Castonguay était en 5e secondaire quand il a participé au programme Entreprise étudiante de Jeune entreprise du Québec (JEQ), un OBNL qui oeuvre depuis 50 ans au Québec. Avec ses amis, encadrés par l'organisme, il était directeur de la production d'une entreprise qui vendait des babillards aimantés pour les casiers dans les écoles.

Son expérience avec JEQ au secondaire a été telle qu'il a changé d'orientation. «Je me destinais à l'ingénierie, mais le projet avec JEQ m'a beaucoup intéressé. Si bien que j'ai changé de voie pour aller vers l'administration», explique-t-il. Aujourd'hui, à 29 ans, il est analyste de la performance chez Bombardier Aéronautique et songe à lancer son entreprise. Il est aussi conseiller pour encadrer les générations actuelles d'Entreprise étudiante.

JEQ se veut «le pont entre l'école et les milieux d'affaires», selon sa pdg Nathalie Dansereau. Le but : éveiller chez les jeunes la fibre de l'entrepreneuriat, plus particulièrement avec le programme Entreprise étudiante. Chaque année, de 800 à 1 200 jeunes y participent dans tout le Québec.

S'adressant aux élèves de 4e et 5e années du secondaire, cette initiative a pour but de faire vivre toutes les étapes de la création d'une entreprise . Mais pas juste sur le papier. Par équipes de 10 à 30, les élèves encadrés par des conseillers bénévoles procèdent à une étude de marché, rédigent un plan d'affaires, fondent leur société, ouvrent un compte bancaire, fabriquent leur prototype, produisent et vendent leurs créations ! À la fin de l'année scolaire, on ferme l'entreprise, histoire de ne pas inciter les jeunes au décrochage, phénomène contre lequel JEQ veut au contraire lutter. Selon une étude du Boston Consulting Group de 2011, les participants à un programme de JEQ sont 50 % plus enclins à ouvrir leur entreprise plus tard.

Le mentorat réinventé

Quand la Société d'aide au développement des collectivités (SADC) de Rouyn-Noranda a lancé le Club Inc., elle voulait combler un manque dans son offre de service : le mentorat. Un an après son lancement, le Club, modelé par ses membres, propose une formule innovante, du «mentorat réinventé», selon l'expression de sa représentante, Évelyne Bruneau.

En fait, tout le monde est à son tour mentor et mentoré. Le Club s'adresse à de jeunes chefs d'entreprise et gestionnaires âgés de 18 à 40 ans qui se réunissent régulièrement pour des formations et des rencontres pendant lesquelles ils échangent sur leur quotidien et leurs difficultés. Chacun apporte son soutien et ses conseils ou les reçoit des autres.

Même s'ils ne refusent pas l'aide de leurs aînés, les membres du Club se sentent plus à l'aise pour s'exprimer lorsqu'ils sont entourés de leurs pairs. «Chaque génération a ses valeurs, estime Évelyne Bruneau. Entre nous, on parle le même langage et on vit les mêmes réalités.»

«Il n'y a pas de relation hiérarchique, pas de mentor qui donne une idée issue de sa génération», reconnaît Jonathan Caron, expert en sinistres et membre du Club.

Les sujets de discussion sont divers, mais portent souvent sur les relations humaines. L'an dernier, Jonathan Caron a traversé une période éprouvante : la maladie et le décès d'un pilier de son entreprise, Les réclamations du Nord-Ouest. «C'était un moment difficile émotivement pendant lequel il fallait quand même prendre des décisions de business. En discuter avec les autres membres du Club m'a aidé à prendre la distance nécessaire», se souvient-il.

La conciliation travail-famille pour ces jeunes entrepreneurs revient fréquemment ainsi que des questions plus techniques de comptabilité. Au fur et à mesure, des liens se créent, la confiance s'installe avec une règle d'or : la confidentialité. Si bien que les membres n'hésitent pas à exposer leurs doutes, leurs faiblesses, leurs problèmes.

Simon Nadeau [Photo: Gilles Delisle]

Prendre l'A20 pour aller plus loin

Simon Nadeau, formateur de longue date, avait bien une idée de l'entreprise qu'il voulait créer, il y a trois ans : une boîte de formation virtuelle. Il avait compulsé des données, préparé son topo à présenter au conseiller du CLD de Longueuil auquel il s'est adressé pour être accompagné. Mais avait-il vraiment vérifié, sur le terrain, la viabilité de son projet ? Son étude de marché était-elle solide ?

«De nombreux dirigeants venaient nous voir quand leur entreprise était déjà lancée, mais n'allait pas bien», indique Isabelle Fisher, conseillère en développement. Le CLD de Longueuil a donc revu sa stratégie pour créer en 2008 le programme A2O (approche d'affaires par opportunité) qui vise un processus par l'action.

«À la première rencontre, on écoute la personne et on lui pose beaucoup de questions, en l'amenant à réfléchir aux bonnes questions (suis-je la bonne personne ? à quel besoin mon activité répondrait-elle ?)», explique Isabelle Fisher. Ensuite, le candidat est poussé à mettre à l'épreuve ses idées sur le terrain. «On les incite à rencontrer leurs concurrents pour leur poser des questions, à démarcher des clients potentiels pour savoir si le produit les intéresserait», poursuit la conseillère. La démarche a plusieurs intérêts. Non seulement l'étude de marché est plus rigoureuse et plus réaliste, mais «ça permet au candidat de vivre une première expérience entrepreneuriale en commençant déjà à vendre son produit», dit Isabelle Fisher.

De nombreux projets évoluent à la suite de cette mise en situation réelle. «Je me suis rendu compte que le marché de la formation était plus fermé que ce que je pensais, mais aussi que les gens étaient sensibles à la formation virtuelle», se souvient Simon Nadeau. Il a adapté son projet et, encore maintenant, il affine son approche distinctive pour maintenir sa place dans le marché. Aujourd'hui chef de son entreprise, HybFormation, il fait sa marque avec des capsules vidéo et embauche des comédiens pour recréer des situations de travail réelles dans ses formations.

Si l'efficacité du programme A2O n'a pas été mesurée, il s'avère que le taux de pérennité des entreprises s'élève à 80 % sur deux ans.

Formation express pour acheteur d'entreprise

Une vingtaine de futurs acheteurs d'entreprise québécoise se sont retrouvés pour une toute nouvelle formation il y a une dizaine de jours au Centre de transfert d'entreprises (CTE) de Montréal.

Un projet de reprise sous le bras, ils sont venus chercher des conseils pour passer à l'acte, mais aussi pour avoir des connaissances de base dans les domaines stratégiques d'une entreprise (droit des affaires, marketing, etc.) de manière à pouvoir analyser la situation de l'entreprise qu'ils souhaitent acquérir.

La clientèle de cette formation se compose en majorité d'hommes âgés en moyenne de 35 ans et issus de communautés culturelles. «De plus en plus de cadres veulent se réorienter à un moment de leur carrière et voler de leurs propres ailes. De plus, les gens sont intéressés par l'option d'achat d'une entreprise, car c'est un accélérateur : ils partent d'une base solide et ne passent pas par les premières années difficiles de la création d'une entreprise», constate Martin Corbeil, directeur du centre.

Tandis que Montréal a perdu 7 % de ses entreprises entre 2001 et 2011, le CTE mise sur ce désir pour accompagner les futurs racheteurs. Une démarche qui rassure aussi les cédants, souvent frileux à l'idée de confier leur «bébé» aux mains d'un inconnu.

Du capital local pour garder les entreprises

Grâce à son volet rachat d'entreprise (buyout), Capital régional et coopératif Desjardins (CRCD) accompagne depuis 2007 de deux à quatre entreprises par an. À l'origine, la motivation du CRCD était «d'intervenir dans les entreprises qui ne peuvent être rachetées localement afin qu'elles ne tombent pas dans les mains d'intérêts étrangers», explique Luc Ménard, vice-président, investissements majeurs et rachat d'entreprise à CRCD.

Le cas typique : un entrepreneur veut prendre sa retraite et a trouvé une équipe de direction qui pourrait prendre la relève, mais elle n'a pas les moyens de racheter la société. «Alors, nous pouvons intervenir pour injecter de l'argent et prendre plus de 50 % du capital- actions, contrairement aux fonds institutionnels qui sont limités à 30 %. Ensuite, on accompagne la nouvelle équipe en l'entourant de personnes fortes qui siègent au conseil d'administration et qui la guident», explique Luc Ménard.

Une présence que les équipes voient généralement d'un bon oeil, car «on a des valeurs de pérennité. On ne veut pas une croissance rapide dans le but de vendre dans les plus brefs délais pour avoir un rendement. Nous restons le temps nécessaire pour créer de la valeur», souligne le vice-président. Si bien que le CRCD peut rester 15 ans aux côtés d'une entreprise quand un fonds classique en sort souvent au bout de trois à six ans. Les critères pour obtenir le soutien du CRCD sont nombreux, mais le principal est certainement la solidité de l'équipe de direction.

Entreprendre ici quand on vient d'ailleurs

La Conférence régionale des élus (CRÉ) de Montréal a lancé ce mois-ci l'initiative Entreprendre ici, qui vise à stimuler l'entrepreneuriat dans les populations immigrées. Dans un premier temps, ce sont surtout les communautés d'Amérique latine et du Maghreb qui sont ciblées par ce nouveau programme. «On voudrait toucher 500 personnes dans chacune de ces communautés», espère Ahmed Benbouzid, directeur Innovation sociale et diversité à la CRÉ de Montréal.

Montréal accueille de nombreux immigrés dont l'intégration économique n'est pas toujours facile. Ceux qui ont la fibre entrepreneuriale se lancent parfois seuls et se perdent dans les méandres des multiples circuits d'aide et d'accompagnement. Lors de groupes de discussion, les entrepreneurs immigrés ont demandé un meilleur accompagnement et plus de coaching.

Pour rompre l'isolement et bien suivre les candidats, «on propose un écosystème mis au service de l'entrepreneur, explique le directeur. On ne veut pas dupliquer ce qui existe, mais orienter les entrepreneurs vers les bonnes ressources».

Pour ce faire, une vingtaine de partenaires (CLD, Saje, Filaction, Chambre de commerce latino-américaine du Québec, Congrès maghrébin au Québec, associations spécialisées, etc.) se sont assis autour de la table pour présenter une prise en charge cohérente et bien maillée. Ils seront sollicités pour organiser des activités régulièrement à l'adresse des entrepreneurs. Une plateforme commune de suivi des dossiers est également à l'étude.

Dans un an, si le bilan est satisfaisant et que les bailleurs de fonds - CRÉ, ministère des Finances et de l'Économie, ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles, Filaction - sont d'accord, Entreprendre ici pourrait être élargi à d'autres communautés culturelles.

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