Cannabis: les économistes s'en donnent à coeur joie

Offert par Les Affaires


Édition du 24 Novembre 2018

Cannabis: les économistes s'en donnent à coeur joie

Offert par Les Affaires


Édition du 24 Novembre 2018

Par Laura O'Laughlin

Voilà maintenant plus d'un mois que le Canada a légalisé la marijuana. Les consommateurs s'en réjouissent et les gouvernements, après avoir déployé d'immenses efforts pour répondre à la demande initiale, commencent à profiter de nouvelles recettes fiscales. Mais un autre groupe insoupçonné bénéficie de la légalisation : les économistes.

La légalisation du cannabis soulève plusieurs questions économiques intéressantes, la première d'entre elles étant l'évaluation de l'importance de cette économie autrefois plongée dans l'ombre du marché noir.

Les estimations nationales du PIB devraient théoriquement inclure toute la production d'une économie, qu'elle soit légale ou non. Dans la réalité, toutefois, les estimations du PIB canadien n'incluent pas l'économie du cannabis. Jusqu'à récemment, des scrupules éthiques et l'absence de données fiables ont laissé cette tâche inachevée. Depuis la suppression de l'obstacle «moral» dans le calcul, le Bureau du directeur parlementaire du budget et Statistique Canada se sont fixés comme objectif admirable de mesurer le marché. Pour établir leur prédiction d'une hausse entre 5 et 8 milliards de dollars du PIB, ces agences s'appuient non seulement sur des sources de données existantes, mais elles collectent également des données sur le prix de la marijuana. Grâce au portail drôlement nommé «StatsCannabis», les consommateurs de marijuana peuvent entrer la quantité et le prix de leurs achats avant et après la légalisation.

Cet exercice qui vise à collecter les données en faisant appel au public (même celui à facultés affaiblies) se révèle fort utile, car c'est en partie grâce à celles-ci que le gouvernement a établi (et continue d'établir) le prix du cannabis nouvellement légalisé. Et le succès de cette expérience en politique publique repose grandement sur le choix d'un prix optimal. Avec une idée de l'évolution du prix de la marijuana, les administrateurs publics peuvent savoir si l'offre répond à la demande.

Si la marijuana était un produit ordinaire, comme une fraise ou un trombone, le Canada pourrait simplement laisser le marché concurrentiel définir le prix. Si l'objectif principal de la légalisation de la marijuana était d'éradiquer le marché noir, les fournisseurs provinciaux de marijuana légale pourraient fixer le prix à un taux «prédateur» - tellement bas qu'il conduirait les fournisseurs illégaux à la faillite -, puis augmenter le prix une fois que les sources d'approvisionnement illégales auraient disparu.

Cependant, toute politique qui fait baisser le prix de la marijuana pourrait avoir comme conséquence indésirable d'augmenter l'usage parmi ceux qui en consomment déjà, et d'encourager l'expansion du marché. Comme pour les cigarettes et l'alcool, il devrait exister des barrières afin de protéger la santé publique.

Des organisations telles que la Société québécoise du cannabis peuvent facturer un prix supérieur au prix payé sur le marché noir, car la plupart des gens préféreraient sans doute faire affaire avec des fournisseurs légaux en raison de la sélection accrue, d'une certaine garantie de qualité, des informations standardisées et de la facilité d'utilisation. Cependant, les autorités de réglementation provinciales devraient veiller à ne pas fixer un prix trop élevé, car un écart important entre le prix de vente actuel et le prix plancher du gouvernement peut accroître la demande auprès de fournisseurs illégaux, comme le prouve la présence du marché noir des cigarettes. Pour l'instant, les prix québécois semblent très concurrentiels avec les prix historiques du marché noir.

Les Québécois risquent de bénéficier énormément de la légalisation. Pour profiter pleinement de cet avantage, la classe politique devrait fournir un approvisionnement sûr et réglementé et choisir des tarifs et un niveau de service suffisamment concurrentiels pour décourager les consommateurs de retourner sur le marché non réglementé.

Avec un peu de chance, les économistes loueront cette expérience de légalisation dans les années à venir et la verront comme un exemple de stimulation de l'activité économique qui couvre autant les coûts sociaux et environnementaux.

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