6 dossiers à suivre en 2009

Publié le 01/07/2009 à 00:00

6 dossiers à suivre en 2009

Publié le 01/07/2009 à 00:00

Vous venez de lire le classement des plus grandes entreprises canadiennes selon leurs revenus. Cette photo, prise sur le vif à la fin du mois d'avril, exprime en chiffres les fluctuations et les turbulences de la dernière année. À quoi ressemblera le classement de l'an prochain ? Pour vous en donner une idée, Commerce vous présente les principaux enjeux nationaux et internationaux qui l'influenceront.

1 HARO SUR L'OFFRE DE PÉTROLE

L'industrie des sables bitumimeux s'est enlisée en raison d'un prix du baril coincé en deçà de 50 dollars américains. Cela pourrait durer, car selon les plus récentes prévisions du Fonds monétaire international (FMI), l'économie mondiale se repliera de 1,3 % en 2009 et croîtra d'un modeste 1,9 % en 2010. Or, qui dit faible croissance de l'activité mondiale dit diminution de la demande d'énergie. C'est pourquoi chez Desjardins, on mise sur un baril de pétrole qui terminera l'année entre 50 et 60 dollars seulement. " Mais même à 60 dollars, il est encore sous le niveau d'équilibre qui justifie des investissements par les pétrolières. Quand il y aura reprise de l'économie, ce ralentissement dans le développement de nos capacités futures risque de nous rattraper ", affirme Matthieu D'Anjou, économiste sénior chez Desjardins.

Toutefois, le problème de la baisse des investissements en exploration se pose moins dans la région des sables bitumineux, souligne Tim Markle, porte-parole du ministère de l'Énergie de l'Alberta : " Nous n'avons pas besoin d'explorer : nous savons où se trouvent les réserves ". En revanche, les investissements des pétrolières dans leur propre expansion ont été reportés. L'Association canadienne des producteurs de pétrole table même sur un recul des investissements de 30 % cette année. Tim Markle reste cependant optimiste : " Les prix sont en train de se stabiliser et ils vont rebondir ".

2 Panier d'épicerie : ssurveiller la Chine

Les céréales ne devraient pas connaître une flambée des prix comme celle de 2007-2008, qui avait engendré des émeutes dans le monde entier. Cependant, si les prix des aliments ont enregistré un creux au début de 2009, ils semblent être de nouveau sur une pente ascendante. En effet, les États-Unis ont annoncé des intentions d'ensemencement en deçà des prévisions, ce qui a poussé les prix à la hausse. " Il faut maintenant surveiller le prix du pétrole, souligne Joëlle Noreau, économiste principale au Mouvement Desjardins. S'il grimpe, cela accroîtra la demande de biocarburants. " Du coup, les coûts de production des cultures céréalières augmenteront, car le pétrole sert à la machinerie agricole et à la fabrication des engrais chimiques et des pesticides.

Un facteur risque d'influencer fortement le prix des aliments en 2009 : le rebond de la Chine. " Si le plan de relance de ce pays produit des résultats et que la croissance chinoise repart, cela aura un impact à la hausse sur le prix des céréales : les industries gonfleront la demande en énergie et les ménages chinois recommenceront à manger des protéines ", estime Maurice Doyon, professeur au Département d'économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l'Université Laval. C'est exactement ce qui est en train de se produire : grâce à un programme de quelque 586 milliards de dollars, les investissements chinois ont retrouvé leur niveau d'avant la crise, et Goldman Sachs prévoit maintenant une croissance de 8,3 % en 2009, au lieu de 6 %.

Alors, si les producteurs et les transformateurs de céréales et de viande connaissent un répit, cela pourrait ne pas durer.

3 Les forestières ne sont pas sorties du bois

L'effondrement du marché de l'habitation américain frappe de plein fouet. Depuis l'automne 2006, le prix par mille pieds-planche a chuté de 33 %. Qui veut encore exporter ? " Nous le faisons à perte, reconnaît Michel Vincent, économiste au Conseil de l'industrie forestière du Québec. Mais nous sommes obligés d'exporter, sinon cela diminuera les quotas auxquels nous aurons droit l'an prochain. Tout ce qu'on peut espérer, c'est que le marché reprenne et que les prix remontent au plus vite. "

La reprise est la seule planche de salut de l'industrie, car personne ne vole à son secours présentement : ni les banques, qui prêtent à des taux dissuasifs, ni les investisseurs, qui redoutent de perdre leur argent, ni même Ottawa. " De peur que cela ne soit considéré comme une subvention, le gouvernement Harper a refusé de venir en aide à Abitibi-Bowater, qui s'est placé à l'abri de ses créanciers ", souligne Carl Grenier, membre de l'Observatoire des États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM. Si Domtar est en meilleure posture que sa rivale, elle a tout de même accusé une perte de 45 millions de dollars américains au premier trimestre de 2009. Qui s'en sortira, alors ? Il faudra regarder du côté des entreprises qui ont d'autres débouchés, comme Chantiers Chibougamau, au Québec, dont les produits se retrouvent dans la construction non domiciliaire.

4 Casse-tête pour les pièces automobiles

Les constructeurs automobiles américains sont acculés au pied du mur. Le Canada n'échappe pas à cette déconfiture. Comment s'en sortent les fabricants de pièces automobiles ? Seront-ils pris à leur tout dans la tourmente ? Certains oui, comme en témoigne le triste sort qu'a connu Montupet, en Montérégie, qui a fermé ses portes en décembre à la suite de la perte d'un contrat de GM, puis d'un autre de Chrysler.

Toutefois, tous ne connaîtront pas le même sort, assure Joëlle Noreau, économiste principale au Mouvement Desjardins : " Ceux qui ont diversifié leurs activités s'en sortiront, comme IPL, à Saint-Damien, qui fabrique des pièces de plastique pour l'industrie automobile, mais aussi des bacs d'entreposage ".

Qu'en est-il des distributeurs ? United Au-to Parts (UAP) ne souffre pas trop de la crise. Sa division NAPA distribue des pièces d'au-tomobiles par l'intermédiaire de 600 magasins répartis au Canada, et ses revenus sont en croissance en Ontario, au Québec et dans les Maritimes. " Si nos parts de marché augmentent, c'est en raison des stratégies que nous avons mises en place, mais c'est aussi parce qu'à cause de la crise, les gens sont davantage portés à entretenir leur voiture, explique Robert Hattem, président et chef de l'exploitation de UAP. À long terme, je m'attends à ce que nous vendions de moins en moins de pièces d'autos américaines. "

5 Environnement : le programme de Harper ou d'Obama ?

Manon Laporte, PDG d'Enviro-Accès, à Sherbrooke, est inquiète. Selon le plan " Prendre le virage vert " du gouvernement Harper, d'ici 2010, les grandes industries (électricité, pétrole, produits chimiques, pâtes et papiers, mines, etc.) devront réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de 18 % par rapport au niveau de 2006. " Cependant, en période de crise, il est difficile d'exiger cela de nos alumineries, par exemple. Ma crainte, c'est qu'on reporte l'entrée en vigueur de cette réglementation. "

L'administration Obama pourrait toutefois forcer Ottawa à aller de l'avant. Le projet de loi américain New Clean Energy du député Waxman, qui devrait être adopté avant la fin de l'année, prévoit d'ici 2020 une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20 % par rapport au niveau de 2005. Et l'Oncle Sam est également déterminé à faire en sorte que ses partenaires commerciaux emboîtent le pas. " La loi comporte des dispositions protectionnistes, comme des droits de douane sur les produits importés de pays qui n'ont pas les mêmes cibles, prévient Carl Grenier, membre de l'Observatoire des États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM. Le gouvernement Harper n'aura pas d'autre choix que de suivre. "

6 Plan Obama : protectionnisme ou retombées ?

Le plan de relance américain aura-t-il des retombées sur nos entreprises ? Jean-Michel Laurin, de MEC, se permet d'en douter : " Vu la récession, on s'attend plutôt à une montée du protectionnisme ". Surtout que l'essentiel des fonds du plan de relance est transféré aux États et aux municipalités, qui ne sont pas assujettis à l'ALENA et aux autres accords commerciaux. Pour ce qui est des infrastructures, c'est 70 % de l'enveloppe qui tomberont sous la responsabilité des États et des municipalités américains, estime Carl Grenier, membre de l'Observatoire des États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM. " Les entreprises canadiennes ne pourront alors pas exiger d'être considérées dans les appels d'offres. " C'est pourquoi depuis le début de l'année, MEC compte sur les efforts d'un employé à temps plein à Washington pour entreprendre une campagne de sensibilisation auprès des membres du Congrès.

aude.perron@transcontinental.ca

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