Entrevue n°208: Pierre Gattaz, président du Medef


Édition du 14 Juin 2014

Entrevue n°208: Pierre Gattaz, président du Medef


Édition du 14 Juin 2014

Par Diane Bérard

« La France, une F1 pilotée les deux pieds sur le frein » - Pierre Gattaz, président du Medef

Pierre Gattaz dirige le Medef, la plus puissante organisation patronale française. Il dirige aussi Radiall, une société prospère de composants électroniques de 3 000 employés. Avec 800 membres, le Medef est de toutes les négociations. Moins politique que sa prédécesseure, Laurence Parisot, Pierre Gattaz se soucie de faire plutôt que de dire.

 

DIANE BÉRARD - Que veulent les patrons français ?

PIERRE GATTAZ - Nous voulons que l'État fasse confiance à ses entreprises. Celles-ci ont 80 % des solutions aux problèmes de la France. Nous pouvons devenir un territoire de compétitivité et d'attractivité. Inspirons-nous des pays qui réussissent. Ils ont fait trois choix. Celui de l'entreprise et de l'entrepreneur plutôt que des fonctionnaires. Le choix de l'économie de marché. Nous perpétuons une approche administrative de l'économie. Et finalement, ces pays ont fait le choix de la mondialisation. La France est une Formule 1 que l'on pilote les deux pieds sur le frein.

D.B. - Êtes-vous écouté ?

P.G. - Il y a des avancées. Dans le dossier de la simplification [de la réglementation], par exemple. On a retenu 50 mesures qui réduiraient la bureaucratie. Il reste à insérer ces mesures dans la loi. Ce n'est pas évident. L'administration résiste. Simplifier serait trop compliqué. J'espère que certaines mesures seront ajoutées à la loi avant l'été.

D.B. - La croissance exige la confiance. Vous dites que les entrepreneurs français n'ont pas confiance. Expliquez-nous.

P.G. - Il faut que l'environnement réglementaire et législatif soit simplifié et stabilisé. Alors, les entrepreneurs français et étrangers auront confiance et ils investiront. Après des mois de bataille, nous avons obtenu le pacte de responsabilité [entre l'État, les entreprises et les acteurs sociaux]. Annoncé par le président Hollande le 31 décembre 2013, ce pacte fait, enfin, le choix de l'entreprise. Il opte pour une politique de [stimulation de] l'offre et non de la demande. On donne de l'air aux entreprises plutôt que de baisser la fiscalité des particuliers. Placer plus d'argent dans les mains des ménages, c'est dangereux. Ils ne consommeront pas nécessairement français. Tandis que laisser plus d'argent aux entreprises leur redonnera des marges. Cet argent leur permettra d'investir, d'embaucher, de former et de recruter, et d'exporter.

D.B. - Comment être sûr que les entreprises, vos 800 membres par exemple, embaucheront du personnel si on allège leur fiscalité ?

P.G. - Plusieurs patrons m'ont confié qu'ils embaucheraient bien deux ou trois personnes supplémentaires si les charges n'étaient pas si élevées. Je m'engage personnellement à ce qu'ils le fassent.

D.B. - Des négociations patronales-syndicales sans précédent débutent ce mois-ci en France et se poursuivront jusqu'en décembre. De quoi s'agit-il ?

P.G. - C'est le second volet du pacte de responsabilité. Cinq syndicats de salariés et trois syndicats patronaux vont négocier sur des thèmes du pacte : la modernisation et la simplification du dialogue social ainsi que la modernisation du marché du travail.

D.B. - Pourquoi un tel exercice maintenant ?

P.G. - Parce que l'économie française va très mal. Nous sommes à 0 % de croissance et 11 % de chômage.

D.B. - Pourquoi vos prédécesseurs au Medef n'ont-ils pas mené un dialogue social de cette envergure ?

P.G. - C'est un dossier sensible. Avec 11 % de chômage, la France n'a plus le choix. Elle doit regarder avec honnêteté sa place dans le monde. Mis à part les sociétés du CAC 40, nos entreprises exportent peu. La mondialisation de la France est très récente. Au Québec, parce que vous êtes plus petits, vous vous êtes intégrés plus rapidement au reste du monde.

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