" La Corée offre un grand potentiel aux entreprises québécoises "

Publié le 31/10/2009 à 00:00

" La Corée offre un grand potentiel aux entreprises québécoises "

Publié le 31/10/2009 à 00:00

Erick Bellefleur dirige la division coréenne de Camoplast, de Sherbrooke, qui fabrique des produits de polymère utilisés dans les véhicules agricoles et récréatifs. Il a analysé plusieurs cibles d'acquisition en Asie avant d'arrêter son choix sur la Corée du Sud, quatrième économie en importance dans la région après le Japon, la Chine et l'Inde.

L'objectif du dirigeant de 43 ans : améliorer la qualité des produits pour vendre partout en Asie, en particulier en Chine. La société coréenne qu'il dirige représente 20 % du chiffre d'affaires de Camoplast, mais compte tripler ses ventes d'ici cinq ans.

Nous avons rencontré Erick Bellefleur en Corée afin qu'il nous parle de son expérience dans ce pays et qu'il nous explique pourquoi les entreprises québécoises devraient y faire des affaires.

Journal Les Affaires - Qu'est-ce qui pourrait pousser des fabricants québécois à s'implanter en Corée?

Erick Bellefleur - Le secteur manufacturier est encore très bon en Corée, mais ce n'est plus un endroit où l'on peut produire au rabais. Les coûts de production sont relativement élevés, mais ils demeurent inférieurs à ceux au Japon, en Europe et en Amérique du Nord, alors que la qualité est aussi bonne. C'est un rapport qualité-prix difficile à battre.

Il est donc logique d'investir dans ce pays pour fabriquer un produit à haute valeur ajoutée. Mais ça prend de la patience et une ouverture d'esprit.

JLA - Quelles sont les erreurs à éviter lorsqu'on investit dans ce pays ?

E.B. - Il ne faut surtout pas réaliser une acquisition non sollicitée. De plus, si notre but est de modifier les activités en vue d'exporter en Chine, il faut s'assurer que le personnel clé est ouvert aux changements. Si le noyau d'employés clés résiste à l'acquisition ou au changement, l'échec est inévitable. Comme les Coréens ont un sens du devoir et de la hiérarchie incroyable, les employés clés, qui sont les leaders, peuvent bloquer les nouvelles initiatives. J'ai vu des investisseurs étrangers manquer leur coup parce qu'ils ont essayé de forcer les choses.

Il y a aussi beaucoup de démarches bureaucratiques à faire quand on s'implante en Corée. Ça vaut la peine de faire appel à de bons conseillers pour éviter bien des ennuis.

JLA - Quel est l'attrait de la Corée comme marché commercial ?

E.B. - Pour bien comprendre ce marché, il faut savoir que Wal-Mart n'a pas réussi à s'y implanter.

En revanche, les Coréens sont très friands des marques de luxe. Ils aiment aussi les produits conçus de façon ingénieuse. Il faut donc leur proposer des produits de qualité, de luxe, et leur faire comprendre en quoi ces produits sont prestigieux.

Les Coréens aiment aussi tout ce qui concerne le bien-être : l'alimentation et le plein air. L'activité physique est très importante en Corée. Je crois que le Québec pourrait se démarquer dans ce créneau.

Je vois aussi un grand potentiel dans les produits destinés aux infrastructures. La Chine est le premier client de la Corée. Les produits chimiques, l'acier et le ciment sont très en demande.

JLA - Quelles sont les erreurs à éviter lorsqu'on vend des produits et services dans ce pays ?

E.B. - Il ne faut surtout pas sous-estimer la sophistication du consommateur coréen.

Les Coréens sont habitués à la technologie, aux gadgets. Ils aiment le luxe et les choses bien pensées. Lorsque des manufacturiers asiatiques développent de nouveaux produits technologiques, ils les testent souvent en Corée. Si les Coréens aiment ces nouveautés, les entreprises pourront ensuite les vendre n'importe où.

Mais il est important de savoir que les Coréens aiment avoir un bon rapport qualité-prix. Ils ne dépensent pas l'argent follement.

JLA - Quelles sont les similitudes culturelles entre le Québec et la Corée ?

E.B. -Les Coréens sont organisés, mais sont aussi très émotifs. On dit qu'ils sont les Latins d'Asie. Leur culture est un mélange de rigueur et d'ouverture. Ils sont plus ouverts que les Japonais et plus rigoureux que les Chinois.

Le Cirque du Soleil, le Cirque Éloize, La La La Human Steps et Robert Lepage sont bien connus en Corée. Les similitudes culturelles ont permis à ces Québécois de se faire connaître dans ce pays.

JLA - Quelles sont les différences culturelles qui vous ont le plus frappé ?

E.B. - La Corée est une société collective. En Corée, c'est toujours le " nous ", la famille, l'entreprise, l'équipe. Le " je " est peu utilisé.

C'est une société qui doit toujours maintenir l'harmonie pour bien fonctionner. C'est pourquoi on veille à ne pas faire perdre la face aux gens.

Autre particularité : le temps en Corée n'est pas linéaire. Cette perception du temps vient de diverses influences philosophiques et religieuses. En Occident, par exemple, si on rate une occasion, on pense que tout est fini. Ce n'est pas le cas en Corée. Pour eux, le temps va et vient. Si on rate une occasion, elle pourrait revenir.

Ils préfèrent donc consacrer le temps qu'il faut pour bien faire les choses. S'ils avaient prévu qu'un projet durerait deux mois, ça ne les dérange pas de l'étirer sur trois mois si cela permet de mieux le réaliser.

Par ailleurs, les Coréens aiment réfléchir et consulter avant d'agir. Mais une fois qu'il y a consensus, la mobilisation est incroyable.

Enfin, comme la Corée n'a pas beaucoup de ressources naturelles, son essor économique repose essentiellement sur sa force de travail. Les Coréens investissent donc beaucoup dans l'éducation. À un jeune âge, les enfants peuvent passer 12 heures par jour sur les bancs d'école. Les Coréens sont habitués tôt à ce rythme et sont donc de grands travailleurs.

2,9 %

Hausse du produit intérieur brut de la Corée au troisième trimestre, de trois points supérieure à celle prévue. Il s'agit de la plus forte hausse trimestrielle depuis sept ans, selon Bloomberg.

lesaffaires.redaction@transcontinental.ca

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