Les administrateurs québécois valent-ils leur salaire ?

Offert par Les Affaires


Édition du 26 Septembre 2015

Les administrateurs québécois valent-ils leur salaire ?

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Édition du 26 Septembre 2015

Par Diane Bérard
Rehausser la qualité des décisions stratégiques

Passons au deuxième scénario. L'entreprise augmente la rémunération de ses administrateurs pour attirer des candidats de plus grande qualité et améliorer ainsi ses décisions stratégiques. Elle estime que la rémunération actuelle représente un frein. «Dans cette situation, vous faites un acte de foi, dit Hugues Lacroix, de Lacroix Groupe Conseil. Vous supposez qu'en majorant la rémunération, vous augmentez votre potentiel d'acquisition de talents.» C'est possible... à condition de resserrer votre processus de sélection, juge le consultant en gouvernance. «Vous passez du mode aspirateur au mode ventilateur», illustre-t-il. Lorsque vous payez peu, le défi consiste à attirer le plus de candidats possible. D'où l'aspirateur. Lorsque vous payez bien, il faut repousser les candidats indésirables pour ne conserver que la crème. D'où le ventilateur.

«Quand vous offrez 100 000 $, vous avez intérêt à choisir comme il faut ! insiste Michel Nadeau. Et vous êtes en droit d'attendre plus de professionnalisme et d'effort de formation de la part de vos recrues.»

Comme pour les pdg, il existe des «administrateurs vedettes». C'est souvent pour les attirer qu'on augmente la rémunération du conseil. Mais les entreprises en ont-elles pour leur argent avec ces stars ? Une question délicate. «Certains administrateurs "louent" leur nom, prévient Richard Leblanc. Payer pour avoir une vedette sur votre conseil, c'est souvent gaspiller votre argent.»

Sans compter que vous faites de la discrimination envers les femmes, poursuit-il. Car moins de femmes ont de gros noms. «Créent-elles moins de valeur pour autant ? Absolument pas !»

Au-delà du nom, il y a l'expertise. «Un bon expert contribue souvent plus concrètement aux dossiers qu'un administrateur vedette», avance Richard Leblanc. Un CA compose désormais avec des enjeux que certains administrateurs vedettes, souvent d'une autre génération, maîtrisent mal. On peut citer, entre autres, la cybersécurité et les risques réputationnels liés aux médias sociaux. Pour ces dossiers, l'expert pourrait apporter plus de valeur. «Mais, s'il est vraiment bon, il s'attendra à être rémunéré en fonction de son talent. Cela peut devenir un enjeu de recrutement au même titre que pour les administrateurs vedettes», tempère Jérôme Piché.

L'administrateur de renom contribue autrement, renchérit Hugues Lacroix. «Il interviendra peut-être peu en réunion. Mais, derrière le rideau, il prodiguera au pdg des conseils stratégiques qui valent leur pesant d'or.»

Pour obtenir le résultat escompté dans le deuxième scénario - un conseil qui crée plus de valeur - il faut pouvoir isoler la cause de l'effet. «Je constate qu'on trouve des candidats de grande qualité dans le CA des grandes sociétés et que celles-ci paient davantage leurs administrateurs», dit Jérôme Piché. Mais comment distinguer l'impact de la taille de l'entreprise de celui de la rémunération ? Qu'est-ce qui attire vraiment les administrateurs de qualité dans les grandes entreprises : le défi, le prestige et la complexité associés à la taille de l'organisation, ou la rémunération plus élevée ?

Si c'est le premier élément, alors les petites sociétés gaspillent leur argent en augmentant beaucoup la rémunération de leurs administrateurs pour attirer des vedettes. Quoi qu'elles fassent, elles n'auront jamais l'aura d'une grande entreprise. Ce qui ne signifie pas que les petites sociétés n'attireront pas d'administrateurs de qualité. Simplement que, parmi ceux qu'elles visent, certains aspirent à autre chose.

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