Le juriste-manager, l'avenir des avocats ?


Édition du 12 Septembre 2015

Le juriste-manager, l'avenir des avocats ?


Édition du 12 Septembre 2015

Pour Pierre Loyer, un avocat doit savoir sortir du cadre juridique. Inspiré par 25 ans d'expérience comme cadre supérieur en développement des ressources humaines et en gestion, l'avocat montréalais a lancé avec son confrère Jules Bernier un cabinet combinant services juridiques et gestion.

À l'origine de cette fusion entre l'avocat et le gestionnaire, il y a un constat : dans les entreprises où ils ont précédemment été affectés (Québecor, Cascades ou le Groupe TVA), les deux avocats trouvaient qu'il y avait trop de démarches différentes relativement aux dossiers. Chaque expert envisageait la situation dans la sphère de sa spécialité sans se prononcer sur des questions de stratégie ou de gestion.

«On s'est dit que les problèmes pourraient être gérés sous un angle plus large, avec des gens qui n'auraient pas peur de sortir des sentiers battus, indique M. Bernier. On a donc élaboré en 2011 un modèle mettant toutes nos expertises à contribution sous un même toit.»

Au cabinet Bernier et Loyer, établi à Bromont, les dossiers des clients, principalement des PME, sont gérés par des associés et des collaborateurs pigistes ou des partenaires d'affaires spécialisés en coaching ou en conseils stratégiques, selon des ententes de partenariat et de réciprocité. «Au quotidien, c'est moitié de gestion, moitié de droit», explique Pierre Loyer.

Leur technique : voir la situation dans son ensemble en sortant du cadre légal. En effet, de 60 à 70 % des dossiers découlent d'un problème de communication ou de gestion plutôt que d'une question juridique, affirment les entrepreneurs.

«Il y a toujours un aspect légal, mais on veut avant tout amener nos clients à une réflexion large, tenir les avocats loin du dossier autant que possible, dit M. Loyer. On peut obtenir beaucoup plus par la discussion que par la judiciarisation.»

Les associés accompagnent leurs clients en leur faisant bénéficier de leur culture d'entreprise. «Comme on a été à la place des clients, on sait ce qu'ils attendent de nous», ajoute Jules Bernier, qui se consacre au développement du réseau aux États-Unis, en France et au Maghreb.

Identité un peu floue

La marque juriste-manager a été déposée il y a deux ans par les associés, qui sont les seuls à l'utiliser au Québec. Ils ont ainsi abandonné le terme d'«avocat», plus limitatif et associé à l'avocat d'affaires, pour celui de «juriste», plus englobant, expliquent-ils.

Par contre, cette double identité semble un peu floue à la recruteuse juridique Caroline Haney, du cabinet montréalais Haney Recrutement. «Les nouveaux concepts prennent du temps à se placer, mais un problème identitaire peut parfois se cacher derrière. Juristes-managers, c'est un peu ce que font déjà certains avocats en contentieux en entreprises.»

Compléter l'offre

Elle est aussi frappée par la similarité entre les profils des fondateurs du cabinet, deux experts en ressources humaines : «Pourquoi ne pas compléter l'offre en s'associant à un ou deux avocats aux bagages plus variés, comme en affaires et en finances ?» dit Mme Haney.

Pour les associés, le juriste-manager est véritablement un nouveau métier : «C'est une belle avenue à exploiter pour les avocats qui ne se retrouvent pas dans la pratique traditionnelle», pense M. Bernier. De plus en plus aux prises avec des problèmes de gestion au cours de leurs mandats, les avocats seront obligés de s'adapter, conclut son confrère. «La profession est en train de se redéfinir... Est-ce qu'on l'a fait avant les autres ? Je crois que oui.»

À la une

Bourse: Wall Street termine en hausse

Mis à jour le 23/04/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto a pris plus de 100 points mardi.

Tesla: chute de 55% du bénéfice net au 1T

23/04/2024 | AFP

Le constructeur compte produire un véhicule électrique à bas coût «aussi vite que possible».

À surveiller: Metro, Gildan et American Express

23/04/2024 | Catherine Charron

Que faire avec les titres de Metro, Gildan et American Express? Voici des recommandations d'analystes.