«La réglementation joue un rôle critique pour le développement de l’investissement d’impact», selon Giselle Leung, directrice, GIIN


Édition du 30 Juin 2018

«La réglementation joue un rôle critique pour le développement de l’investissement d’impact», selon Giselle Leung, directrice, GIIN


Édition du 30 Juin 2018

Par Diane Bérard

Giselle Leung, directrice, The Global Impact Investing Network (GIIN)

Le 6 juin dernier, GIIN a dévoilé les résultats de son huitième sondage, interrogeant 229 investisseurs d'impact majeurs, qui représentent un actif de 228 G $ US. Il révèle que le tiers des investisseurs traditionnels ont commencé des activités d'investissement d'impact. En 2019, GIIN lancera des principes généraux d'investissement d'impact. Giselle Leung fait le point.

Diane Bérard - Quelle est la différence entre l'investissement responsable et l'investissement d'impact ?

Giselle Leung - L'investissement responsable et l'investissement socialement responsable emploient des filtres pour aligner la stratégie de l'investisseur et ses valeurs. Ce sont les filtres ESG : Environnement, Social et Gouvernance. L'investisseur responsable regarde comment les gestionnaires se comportent par rapport aux critères ESG. L'investisseur d'impact, quant à lui, affiche une démarche plus active, et non d'exclusion. Il recherche des entreprises dont le modèle d'affaires consiste à apporter des solutions à des enjeux sociaux ou environnementaux, par exemple le logement abordable ou les énergies durables.

D.B. - Quels critères définissent l'investissement d'impact ?

G.L. - D'abord, l'intention. L'impact sociétal positif doit avoir été voulu et planifié par l'entreprise qui s'en réclame. Il doit être le fruit de son action délibérée. Quant au gestionnaire de portefeuille, il procède à une vérification diligente de l'impact et conserve ce réflexe dans tous ses investissements similaires. L'investissement d'impact couvre les mêmes classes d'actifs que l'investissement traditionnel et, comme lui, offre un spectre étendu de rendements. Enfin, l'impact est mesuré et les indicateurs sont définis au moment du lancement du projet.

D.B. - Quelle est la mission de GIIN ?

G.L. - GIIN est un OSBL lancé il y a huit ans. Notre mission consiste à accroître la portée et l'efficacité de l'investissement d'impact. Nous menons une vigie d'information et des activités de recherche, et nous offrons des outils ainsi que des ressources aux investisseurs qualifiés et non qualifiés. Plus de 250 organisations de 30 pays partagent leur expérience sur notre plateforme. Nous sommes financés par l'abonnement, les dons et le financement gouvernemental.

D.B. - Quelle est la sphère d'influence de GIIN ?

G.L. - Nous veillons à ce que le marché soit bien positionné pour répondre à la demande pour l'investissement d'impact à mesure que celle-ci se manifeste. Les États et les entreprises nous appellent souvent en renfort pour comprendre la nature de l'investissement d'impact et les besoins de ce type d'investisseurs.

D.B. - En mars dernier, vous avez publié une vision du futur de l'investissement d'impact et des recommandations pour les marchés financiers. Dites-nous-en plus.

G.L. - Nous estimons que six catégories d'actions sont requises pour dessiner des marchés financiers plus inclusifs et plus pérennes. D'abord, établir des principes et des standards pour l'investissement d'impact. Ensuite, changer les paradigmes qui guident le comportement et les attentes des investisseurs pour refléter la responsabilité de la finance envers la société. Il faut aussi dessiner des outils et des services incluant l'impact. Développer des produits financiers qui répondent aux besoins et aux préférences d'un large spectre d'investisseurs. Accroître le nombre de professionnels de l'investissement rompus à l'investissement d'impact ainsi que le pipeline d'occasions d'investissement, tout cela par l'éducation. Enfin, déployer des politiques et une réglementation qui lèvent les barrières et incitent à choisir l'investissement d'impact.

D.B. - Du 8 au 11 juillet prochain, Rome accueillera la troisième édition de la conférence du Vatican sur l'investissement d'impact. Quel est l'intérêt de l'Église catholique pour l'investissement d'impact ?

G.L. - Les hôtes de cette conférence sont le Dicastère pour le service du développement humain intégral et Catholic Relief Services. Le premier a été créé en 2016 par le pape François. Le Dicastère s'intéresse aux questions liées à la charité, au développement, aux migrants, à l'environnement et à la santé. Le pape a maintes fois énoncé la nécessité que l'économie soit au service d'un développement humain inclusif. Quant au Catholic Relief Services, c'est une association humanitaire de l'Église catholique des États-Unis. L'Église catholique s'intéresse au concept de financement mixte (blended finance), soit l'utilisation stratégique de financement du développement et des fonds philanthropiques pour mobiliser les flux de capitaux privés vers les marchés émergents. Cette démarche vise des résultats positifs pour les investisseurs et les collectivités touchées.

D.B. - Peut-on dresser un profil type de l'investisseur d'impact ?

G.L. - C'est un groupe hétérogène. On y trouve des caisses de retraite pour qui l'investissement d'impact s'inscrit dans une stratégie de diversification, tout en répondant aux demandes des déposants. De nombreuses fortunes familiales (family offices) s'intéressent aussi à l'investissement d'impact.

D.B. - Trouve-t-on plus d'occasions d'investissement d'impact dans les pays émergents que dans les économies matures ?

G.L. - L'offre est également répartie entre ces deux types d'économies. Aux États-Unis, par exemple, elle existe depuis quatre décennies déjà. Les projets sont particulièrement nombreux dans le secteur du logement abordable ainsi que dans celui des services financiers aux clientèles sous-servies. Dans les économies matures, on trouve aussi bon nombre de projets immobiliers d'efficacité énergétique.

D.B. - Plusieurs gestionnaires de fonds affirment qu'ils proposeront l'investissement d'impact à leurs clients lorsque la réglementation sera plus facilitante. Que pensez-vous de cette affirmation ?

G.L. - La réglementation joue un rôle critique dans le développement de l'investissement d'impact. Prenons le cas du devoir fiduciaire des investisseurs institutionnels. Il est évident que si celui-ci est élargi de façon claire nous assisterons à une croissance de l'appétit de ce type d'investisseurs.

D.B. - Que pouvez-vous nous dire de cette réglementation ?

G.L. - En 2013, alors qu'elle occupait la présidence du G8, la Grande-Bretagne a déployé un chantier sur l'investissement social. C'était un signal lancé au marché de l'intérêt des États pour ce type de financement. Depuis, ce chantier s'est étendu aux membres du G20. Ils se penchent sur les mesures incitatives les plus efficaces pour favoriser le développement de l'investissement d'impact.

D.B. - Que pensez-vous de la lettre que Larry Fink, PDG du gestionnaire d'actifs BlackRock, a adressée aux entreprises dans lesquelles il investit pour les inciter à avoir un impact extrafinancier et une utilité sociétale ?

G.L. - C'est un signal intéressant. On en a beaucoup parlé, mais il est trop tôt pour prédire l'influence de cette lettre et les changements qu'elle pourrait déclencher.

D.B. - On évoque souvent le rôle des caisses de retraite dans le déploiement de l'investissement d'impact. Est-ce une des cibles de GIIN ?

G.L. - Oui, l'initiative GIIN pour l'investissement d'impact institutionnel vise l'éducation, l'information et la création d'une communauté de pratiques.

Consultez le blogue de Diane Bérard

À la une

Bourse: Wall Street ouvre sans tendance la dernière séance du trimestre

Mis à jour il y a 26 minutes | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto ouvre en hausse.

BRP a connu une baisse de ses revenus et de ses profits au quatrième trimestre

Le fabricant de Ski-Doo et Sea-Doo a rapporté jeudi un bénéfice de 188,2 M$, ou 2,46 $ par action.

Ontario: des conseils scolaires poursuivent Facebook, Instagram, SnapChat et TikTok

Il y a 36 minutes | La Presse Canadienne

Ils demandent des dommages-intérêts pour perturbation de l’apprentissage des élèves et du système éducatif.