Immobilier canadien : les nouvelles mesures hypothécaires freinent le marché

Offert par Les Affaires


Édition du 07 Avril 2018

Immobilier canadien : les nouvelles mesures hypothécaires freinent le marché

Offert par Les Affaires


Édition du 07 Avril 2018

Par Mathieu D'Anjou

La baisse marquée du nombre de transactions au cours des deux premiers mois de 2018 a été amplifiée parce que plusieurs ménages ont devancé leurs achats à la fin de 2017  pour éviter d’être soumis aux nouvelles règles hypothécaires. [Photo: 123RF]

L’année 2018 s’est amorcée au ­Canada avec la mise en place de nouvelles règles hypothécaires visant à s’assurer que tous les emprunteurs sont capables de faire face à une augmentation des taux d’intérêt. Ces nouvelles mesures ont eu des effets importants sur le marché de la revente au pays alors qu’on note une chute de 19 % des transactions et de 6 % du prix moyen des résidences entre décembre 2017 et février 2018. Il y a toutefois de bonnes raisons de croire qu’il ne s’agit pas du début d’une véritable correction immobilière.

La baisse marquée du nombre de transactions au cours des deux premiers mois de 2018 a été amplifiée parce que plusieurs ménages ont devancé leurs achats à la fin de 2017 pour éviter d’être soumis aux nouvelles règles hypothécaires. Ainsi, malgré le fait que le marché de ­Toronto connaissait déjà des difficultés depuis la mise en place d’autres mesures restrictives par le gouvernement provincial, le nombre de reventes pour l’ensemble du marché canadien avait atteint un sommet de tous les temps en décembre dernier.

Il est aussi important de voir que la récente chute de l’activité affecte surtout les régions où le prix des maisons avait atteint des niveaux pratiquement insoutenables. L’Ontario et la ­Colombie-Britannique sont les plus touchés alors que les ventes de propriétés existantes sur leur territoire ont respectivement diminué de 24,6 % et de 24,0 % entre décembre 2017 et février 2018. Les autres provinces affichent un recul, mais d’une amplitude moins prononcée. Au ­Québec, par exemple, les ventes sont en baisse de seulement 7,1 % par rapport à décembre dernier, et le prix moyen a continué de progresser au cours des derniers mois.

Le fait que la chute d’activité touche principalement les provinces où les prix sont les plus élevés explique la forte baisse du prix moyen des maisons qui ont fait l’objet de transactions depuis décembre. Lorsque le poids des régions où les prix sont les plus élevés diminue, il est tout à fait normal d’observer un recul du prix moyen des transactions. Une mesure de rechange de l’Association canadienne de l’immeuble qui reflète davantage l’évolution du prix d’une maison type a ainsi continué de progresser au cours des derniers mois et affiche une hausse appréciable de 6,9 % depuis un an.

Vers une modération plutôt qu’une correction

Il n’y a donc pas lieu de trop s’inquiéter par rapport à la baisse récente de l’activité sur le marché de la revente. La bonne performance du marché du travail et la confiance élevée des ménages laissent entrevoir que la demande d’habitations demeurera soutenue. Le maintien d’une activité très vigoureuse du côté de la construction neuve signale aussi qu’il y a peu de raisons de craindre qu’une véritable correction immobilière ait débuté, particulièrement dans les provinces qui n’ont pas connu d’euphorie au cours des dernières années. Le récent resserrement des règles hypothécaires, la fin de la flambée des marchés de ­Toronto et de ­Vancouver et la remontée graduelle des taux d’intérêt laissent cependant présager que la période de forte croissance de l’activité résidentielle tire à sa fin. Une modération graduelle est ainsi à prévoir pour les prochains trimestres.

EXPERT INVITÉ
Mathieu D’Anjou
, CFA, est économiste principal aux Études économiques du Mouvement Desjardins.

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