Le terminal de CSX perçu comme «un éléphant dans la salle»


Édition du 25 Avril 2015

Le terminal de CSX perçu comme «un éléphant dans la salle»


Édition du 25 Avril 2015

Par François Normand

[Photo: Bloomberg]

Le nouveau terminal ferroviaire intermodal de CSX à Salaberry-de- Valleyfield suscite des craintes au sein de l'industrie en transport et logistique de Montréal. De leur côté, les exportateurs québécois saluent cette nouvelle solution pour acheminer leurs produits aux États-Unis.

Le malaise était palpable lors d'un colloque sur la logistique organisé le 17 avril par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. «Il y a un éléphant, CSX, dans la salle», a même déclaré le président de la Chambre, Michel Leblanc.

Le réseau de CSX, un transporteur de Jacksonville en Floride, dessert la plupart des États américains situés à l'est du fleuve Mississippi. Une vraie toile d'araignée.

Comme le réseau du Canadien National (CN) aux États-Unis est établi dans l'axe Chicago-Memphis- La Nouvelle-Orléans, celui de CSX offre une autre possibilité aux exportateurs québécois qui ne veulent pas expédier par camion leurs marchandises sur la côte est. Son terminal de Salaberry-de-Valleyfield est en service depuis novembre dernier.

«Le terminal de CSX diversifie l'offre de services et diminue les coûts de transport», dit en entrevue Véronique Proulx, directrice des communications, affaires publiques et stratégies chez les Manufacturiers et exportateurs du Québec.

La Fédération des chambres de commerce du Québec est du même avis. «Le terminal de CSX est une occasion, pas une menace» pour la région de Montréal, soutient Stéphane Forget, vice- président, stratégie et affaires économiques.

La pdg du Port de Montréal, Sylvie Vachon, craint de perdre du volume d'activité dans les expéditions de conteneurs à destination de l'Europe et de l'Asie, au profit d'autres ports de la côte est. Le réseau de CSX relie Valleyfield à des ports de la côte est, comme New York, Philadelphie et Norfolk, en Virginie, des installations importantes pour les exportations transatlantiques.

La direction de CSX nie vouloir ravir du volume au port de Montréal au profit du port de New York. «Cela n'aurait aucune logique économique», affirme en entrevue téléphonique Ryan Houfek, vice-président adjoint au marketing de CSX.

Selon lui, pour être vraiment rentable, une expédition ferroviaire doit s'effectuer sur une distance d'au moins 550 miles (885 km). Or, son terminal de Valleyfield est distant du port de New York d'environ 600 km. «En revanche, des villes comme Columbus, Chicago et Atlanta sont intéressantes pour nous, car elles sont à plus de 550 miles de Valleyfield», précise M. Houfek, en admettant que l'industrie du camionnage a raison de craindre CSX.

Cargo M, l'organisation qui chapeaute la grappe métropolitaine de logistique et transport de Montréal, refuse pour l'instant que CSX rejoigne ses rangs, car on soupçonne le transporteur de vouloir affaiblir la grappe.

Jacques Roy, spécialiste en logistique à HEC Montréal, comprend les craintes de l'industrie montréalaise. Mais selon lui, elle doit apprendre à travailler avec des concurrents, à l'exemple de la grappe aérospatiale.

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