«La majorité des entreprises ne maîtrisent par leur chaîne logistique» - Nicole Verge, spécialiste en logistique. Photo: Valérie Paquette
CV
Nom : Nicole Verge
Titre : Analyste-conseil en mobilité et transport
Organisation : Centre d'expertise en transport et logistique du Cégep Garneau, à Québec
Mme Verge travaille au Cégep Garneau depuis 2007. Auparavant, elle était conseillère en formation en entreprises. Elle possède un baccalauréat en littérature et une AEC en Techniques de la logistique du transport intermodal.
**********
Vous déplorez que la nouvelle politique industrielle du gouvernement du Québec ne tienne pas compte des enjeux de logistique. Quel est l'impact, selon vous, du fait qu'on ne leur accorde pas d'importance ?
La logistique, c'est la coordination de l'ensemble des flux dans une entreprise. Il faut les maîtriser pour arriver à intégrer un jour des chaînes logistiques plus importantes, pour un marché régional, provincial ou international. Cet enjeu est crucial, alors que le gouvernement Marois souhaite qu'un plus grand nombre d'entreprises québécoises exportent. Or, la majorité de nos sociétés ne maîtrisent pas leur propre chaîne logistique ! Pour une organisation, cette lacune met en péril l'intégration à de plus grandes chaînes logistiques mondiales, une opération indispensable pour vivre une expérience internationale positive.
Quel est le problème des entreprises en matière de logistique ?
La majorité d'entre elles ne font pas de planification stratégique. Cet exercice regroupe l'ensemble des activités manufacturières d'une société autour d'objectifs à court et à long terme. Toutes ces activités sont liées, mais la majorité des entreprises ne les coordonnent pas. Imaginez si on veut ensuite aller à l'international ! Si, dans une société, la division transport s'occupe de la distribution des produits, mais pas de l'approvisionnement des intrants dans le processus de production, comment voulez-vous que cette société maîtrise bien l'ensemble de ses activités de transport ? C'est impossible ; ça crée des goulots d'étranglement. Par conséquent, l'entreprise perd de l'argent ou n'arrive pas à maximiser le plein potentiel de ses ventes. Le fait de ne pas maîtriser leur chaîne logistique empêche, par exemple, des organisations de prendre de l'expansion et de profiter de marchés internationaux en forte croissance. Et cette problématique ne touche pas que les PME. Une grande entreprise, dont je ne peux donner le nom, nous a déjà confié qu'elle souhaitait aller à l'international, mais que sa chaîne logistique n'était pas encore assez efficace pour le faire.
Que peut faire le gouvernement pour améliorer la chaîne logistique des entreprises québécoises et les aider à s'internationaliser ?
Québec devrait consacrer des ressources financières dans sa politique industrielle pour aider les sociétés à maîtriser leur chaîne logistique et à la gérer de manière efficace. Il offre un crédit d'impôt à la R-D ; pourquoi ne créerait-il pas un crédit d'impôt pour aider les entreprises à mettre en place une bonne chaîne logistique intégrée et fluide ?
