La divine histoire de Ville-Marie


Édition du 08 Juillet 2017

La divine histoire de Ville-Marie


Édition du 08 Juillet 2017

Montréal projette aujourd'hui l'image d'une métropole créative, inclusive et technologique. Ça n'a pas toujours été le cas. Au fil de son histoire, le visage et l'identité de la ville ont beaucoup changé suivant notamment la transformation de son tissu économique. Quelle a été l'image de Montréal au fil des époques et vers quoi se dirige-t-on pour le 400e ?

En 1642, au moment de sa fondation, Montréal a des ambitions littéralement divines, explique Paul-André Linteau, professeur associé de l'UQAM spécialisé en histoire de Montréal.

«La création de Montréal est un projet mystique, missionnaire, dit-il. On veut projeter l'image d'une ville chrétienne. Ville-Marie, le nom que l'on emploie au début et qui cohabite pendant un moment avec le nom de Montréal, reflète d'ailleurs cette image religieuse.»

Après 1645, la ville devient rapidement la capitale de la fourrure en Amérique de Nord, un secteur d'activité qui définira longtemps l'identité de la ville. Son secteur d'affaires bourgeonne, et les Montréalais ont une ambition continentale. C'est notamment grâce à l'exploration du territoire nord-américain, dans le but de développer des postes de traite, qu'ils découvrent le Mississippi, fondent la Louisiane et se rendent jusqu'au fleuve Mackenzie.

En 1821, la Compagnie du Nord-Ouest, basée à Montréal, fusionne avec la Compagnie de la Baie d'Hudson, installée à Londres. Le commerce de la fourrure est ensuite exploité à partir de la capitale britannique, et les fourrures elles-mêmes sont envoyées directement en Angleterre, sans passer par Montréal, pour réduire les coûts de transport.

«C'est la fin de l'empire de la fourrure à Montréal, une image de marque qui a caractérisé la ville pendant deux siècles, explique Paul-André Linteau. La fuite des sièges sociaux ne date pas d'hier.»

De la fourrure à la manufacture

La ville souffre peu d'avoir perdu son industrie de la fourrure puisque celle-ci demandait peu de main-d'oeuvre. Les marchands réaffectent leurs capitaux. Entre 1830 et 1850, Montréal s'établit comme une ville portuaire, la plus grande du pays, et devient l'interface entre le Canada et l'Angleterre. Vers 1840, elle commence à développer son industrie manufacturière, notamment le long du canal de Lachine. Sa production est destinée essentiellement au marché canadien.

«Cette industrie manufacturière devient alors le nouveau symbole de Montréal, dit Paul-André Linteau. La ville est l'usine du pays.»

De nombreux livres vantent alors l'économie montréalaise. La ville est même en compétition avec New York, quoiqu'elle ne lui soit jamais arrivée à la cheville. Montréal se veut à ce moment la métropole du pays canadien en développement et projette une image de centre financier dominant en raison des grandes banques qui y sont basées. Toutefois, quand l'économie nationale pivote vers les États-Unis, après la Seconde Guerre mondiale, Montréal perd son titre de métropole au profit de Toronto, mieux située. Ses manufactures commencent aussi à partir vers le tiers-monde. Le modèle économique montréalais s'écroule.

Montréal se refait une beauté

Après 1950, consciente qu'elle est en train de perdre son statut de puissance commerciale au profit de Toronto, qui attire les sièges sociaux des banques, Montréal tente de se refaire une image, celle d'une ville où il fait bon vivre. Le maire Jean Drapeau sera le premier à tenter de façonner véritablement l'image de Montréal, notamment avec l'Expo 67, les Jeux olympiques de 1976 et le métro, explique Laurent Turcot, professeur d'histoire à l'Université du Québec à Trois-Rivières.

Les années 1960 sont celles du début du tourisme et du loisir de masse, et le ministère du Tourisme du Québec est créé. Les décideurs comprennent qu'il faut maintenant «vendre» la ville, et donc, en faire un produit doté d'une image caractéristique.

«On parle aujourd'hui d'image dans un sens de marketing et on lui attribue une plus-value, mais c'est très contemporain comme manière de penser, dit-il. Aux 18e et 19e siècles, c'est une notion un peu antinomique, voire anachronique. Il n'y a pas d'équipes de relations de presse.»

L'État a ensuite soutenu les différents festivals qui font aujourd'hui partie de l'identité de Montréal, et la ville a tranquillement peaufiné son image de ville festive et accueillante.

Et pour le 400e ?

Quelle image aura Montréal pour son 400e anniversaire ? Difficile à dire, répond M. Turcot, mais il aimerait voir de grands investissements en éducation pour aider la ville à gagner en puissance économique.

Vanessa Poulin-Gladu, la présidente par intérim de Connexion internationale de Montréal, le réseau des jeunes professionnels des affaires internationales du Grand Montréal, estime que la ville a déjà tout ce qu'il faut pour y arriver. Elle note que la ville a été nommée meilleure ville universitaire du monde par l'Institut Quacquarelli Symonds en plus de jouir de nombreux pôles technologiques et d'une effervescence culturelle.

«Montréal devrait se positionner comme capitale mondiale de la jeunesse pour éviter de manquer le bateau, dit Mme Poulin-Gladu. Il faut séduire et attirer les jeunes qualifiés de partout dans le monde. Après tout, ce sont eux qui bâtiront le Montréal de demain.»

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