Votre analphabétisme technologique inquiète votre patron
Catherine Charron|Publié le 01 septembre 2023D'ici trois ans, ce sont les jeunes employés qui devront le plus se familiariser avec l'IA générative. (Photo: 123RF)
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RHÉVEIL-MATIN. Les dirigeants canadiens s’inquiètent davantage de l’analphabétisme technologique qu’en moyenne partout dans le monde, d’après un coup de sonde passé auprès de 3000 cadres par l’Institut IBM de recherche en valeur commerciale.
En d’autres termes, ceux-ci s’alarment du fait que leurs employés n’aient pas les compétences minimales pour comprendre comment la technologie peut bonifier leur performance. «On en est des consommateurs, mais on n’a pas assez de sensibilité sur ce qui vient derrière [ces outils] et les risques qu’ils comportent», explique la présidente d’IBM Québec Technologies, Nathalie Le Prohon.
Ce tracas plus important ici qu’ailleurs n’est pas complètement étranger au retard qu’accuse le pays en matière de productivité, estime-t-elle.
À elle seule, l’intelligence artificielle (IA) générative forcera la requalification de 42% des travailleurs au cours des trois prochaines années, croient les dirigeants canadiens sondés.
«Il y a une époque où c’était suffisant que seuls les experts en TI aient des connaissances détaillées en technologies. Avec l’arrivée de l’IA générative, il y a une explosion de cas possibles d’utilisation. Et donc l’employé moyen doit être conscient des possibilités pour les voir, et les risques afin d’en faire une utilisation saine», confirme la présidente.
Les entreprises n’auront toutefois pas à doter chacun des membres de leur équipe d’une palette de connaissances digne d’un expert en la matière, nuance IBM dans son rapport d’une trentaine de pages. «Les plateformes de développement de logiciels sans code, par exemple, permettent à des personnes sans expérience en programmation de créer des prototypes et des applications critiques pour l’entreprise», est-il écrit.
Ce à quoi les organisations devraient plutôt aspirer, croit Nathalie Le Prohon, c’est à ce que chaque travailleur, qu’importe son poste ou son secteur d’activité, comprenne quelles sont les possibilités qu’offrent les outils technologiques qui s’appliquent, tel l’IA, et propose des manières d’automatiser certaines de ses tâches.
La responsabilité du Département des ressources humaines
Pour y arriver, encore faut-il avoir une petite idée du niveau d’aisance de ses salariés. Et c’est le Département des ressources humaines qui est le mieux outillé pour mener de front ce grand chantier, et non celui des TI. «Ça demande des changements de compétences, explique la présidente. L’IA doit être mis au centre de la stratégie de développement de la main-d’œuvre.»
Chez IBM, par exemple, les employés s’engagent à passer 40h par année en formation pour maitriser de nouveaux outils technologiques. En réalité, le nombre moyen d’heures de formation atteint 86 heures, précise-t-elle.
D’ici 2025, ce sont les employés de premier niveau, ceux qui entrent sur le marché du travail, qui ressentiront le plus ce besoin pressant de maitriser ces nouvelles compétences, devenant ainsi une «main-d’œuvre augmentée», illustre IBM dans son rapport.
L’étude démontre d’ailleurs que près de 90% des dirigeants sont plutôt d’avis que l’IA sera au service des employés, et non un moyen de réduire la taille de son équipe.
«L’IA ne remplacera pas les humains, mais les personnes qui utilisent l’IA remplaceront les gens qui ne le font pas», résume-t-on.