Un gérant d’Alibaba est congédié pour agression sexuelle
La Presse Canadienne|Publié le 09 août 2021(Photo: 123RF)
Le mastodonte chinois du commerce en ligne Alibaba a annoncé lundi le congédiement d’un gérant soupçonné d’agression sexuelle et promis de renforcer sa politique contre le harcèlement sexuel, après qu’une employée ait accusé la compagnie d’avoir tenté d’étouffer l’affaire.
L’employée, qui n’a pas été identifiée, a affirmé publiquement samedi qu’elle a été agressée sexuellement par le gérant et par un client lors d’un voyage d’affaires, selon ce que rapporte la presse locale. La femme prétend avoir été contrainte de boire de l’alcool, puis avoir été agressée sexuellement par le gérant dans une chambre d’hôtel pendant qu’elle était intoxiquée. Le client l’aurait également agressée pendant que le gérant fermait les yeux sur la situation.
L’employée ajoute que la compagnie a pris l’affaire à la légère quand elle a dénoncé l’agression, et qu’on lui a dit que le gérant ne serait pas congédié.
Mais dans une note rendue publique lundi, le PDG d’Alibaba, Daniel Zhang, indique que le suspect a admis avoir posé des «gestes intimes» avec l’employée pendant qu’elle était intoxiquée. Le gérant, qui n’a pas non plus été identifié, a été renvoyé, a dit M. Zhang.
Deux autres dirigeants d’Alibaba ont démissionné en lien avec leur gestion de cette affaire.
«Quand l’employée a rapporté un geste aussi horrible qu’un viol, ils n’ont pas pris les décisions appropriées, a dit M. Zhang. Ils doivent être tenus responsables, en tant que leaders.»
Rare condamnation en Chine
Une note de démérite a été ajoutée au dossier de la responsable des ressources humaines d’Alibaba, Judy Tong, puisque son département «n’a pas accordé suffisamment d’attention au bien-être de nos employés».
Dans sa note, M. Zhang s’engage à accélérer la mise en place d’une politique contre le harcèlement sexuel qui aura une «tolérance zéro pour l’inconduite sexuelle». Des formations seront aussi organisées au sujet de la protection des droits et des intérêts des employés, et un mécanisme sera mis en place pour permettre aux employés de porter plainte s’ils en ressentent le besoin.
La compagnie a dit dimanche qu’elle collabore à l’enquête policière dans cette affaire.
Alibaba a toutefois été critiquée par la presse officielle pour avoir agi uniquement après que l’employée ait dénoncé la situation sur la place publique.
Le mouvement #MeToo a pris de l’ampleur en Chine. Des chercheurs, des journalistes et des vedettes ont ainsi été accusés, mais les condamnations se font encore rares.
Le titre d’Alibaba a perdu 2,48 % lundi à la bourse de Hong Kong.