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Si les élus américains réforment la loi qui accorde l’immunité aux réseaux sociaux dans la régulation des contenus, ils risquent de nuire à la liberté d’expression, de favoriser les abus en ligne et de renforcer les monopoles des géants des technologies, avertit Jack Dorsey, le fondateur de Twitter, dans un texte obtenu mardi.
Il est convoqué mercredi devant la commission sur le Commerce du Sénat, aux côtés des dirigeants de Facebook, Mark Zuckerberg, et de Google, Sundar Pichai, pour une audition sur la Section 230 du «Communications Decency Act», qui protège les plateformes numériques contre toute poursuite judiciaire liée aux contenus publiés par des tiers.
Cette loi est considérée comme la pierre angulaire de la liberté d’expression en ligne par certains, mais comme un moyen trop facile pour les plateformes de ne pas prendre leurs responsabilités par d’autres.
«Saper la Section 230 aura pour conséquence le retrait de beaucoup plus de propos en ligne et limitera sévèrement notre capacité collective à enrayer les contenus de haine et à protéger les utilisateurs», argumente Jack Dorsey dans le discours d’ouverture qu’il devrait lire au Sénat mercredi, obtenu par l’AFP.
«Je ne pense pas que quiconque dans cette pièce ou le peuple américain veuille moins de liberté d’expression ou plus de harcèlement en ligne», devrait-il poursuivre.
Son discours s’inscrit dans un contexte de tensions à quelques jours des élections; les réseaux se voient largement reprocher, notamment à gauche, de ne pas suffisamment modérer les échanges sur leurs services et de laisser passer trop de contenus racistes, violents ou insultants.
À droite, de nombreux conservateurs américains accusent, sans preuve tangible, les réseaux sociaux de favoriser le camp démocrate.
En juin, le gouvernement américain et des sénateurs républicains se sont mobilisés pour traduire la colère de Donald Trump contre la Silicon Valley en une réforme de la Section 230.
L’interprétation de cette loi par les tribunaux permet aux plateformes de modérer les contenus «avec trop peu de transparence et sans avoir à rendre de comptes», estimait alors le ministère de la Justice.
Jack Dorsey se positionne aussi sur un autre sujet de tension, celui des abus de position dominante dont de nombreux élus, notamment démocrates, accusent ses voisins Google, Facebook, Apple et Amazon.
«Dans certaines circonstances, des régulations trop générales peuvent renforcer les entreprises disposant de larges parts de marché et qui ont les ressources pour appliquer les nouvelles règles à grande échelle», devrait mettre en garde M. Dorsey, en soulignant que Twitter a des moyens plus limités que ses concurrents.