TikTok est accusée de collecter illégalement les données personnelles de millions d'enfants au Royaume-Uni et dans l'Union européenne. (Photo: 123RF)
L’ancienne commissaire des enfants en Angleterre a lancé mercredi une action en justice contre la plateforme de vidéos TikTok l’accusant d’avoir illégalement collecté des données personnelles de millions d’enfants au Royaume-Uni et en Europe.
Anne Longfield poursuit, au nom de ces enfants (de moins de 16 ans dans l’UE et de 13 ans au Royaume-Uni), TikTok et sa maison mère chinoise ByteDance, espérant des dédommagements qui pourraient atteindre au total des milliards de livres, selon un communiqué.
Quelque 3,5 millions au Royaume-Uni sont affectés, est-il précisé.
Elle estime que chaque enfant qui a utilisé TikTok depuis mai 2018, c’est-à-dire depuis l’introduction du règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’UE, qu’il ait un compte ou non, pourrait être concerné par cette collecte de données.
Parmi ces informations personnelles figurent les numéros de téléphone, des vidéos, des images, le lieu de connexion ou même des données biométriques, comme celles de reconnaissance faciale.
La plainte, portée également par le cabinet d’avocat Scott+Scott, assure que TikTok prélève les données sans avertissement suffisant, sans transparence, et sans demander le consentement, comme ce qui est prévu dans la loi.
«Pratiques douteuses» de collectes de données
Pour Mme Longfield, TikTok, qui compte 800 millions d’utilisateurs dans le monde, est volontairement «opaque» sur l’utilisation des données, qui sont d’une «incroyable valeur» pour la société, dont la maison mère ByteDance, enregistrée dans les iles Caïmans, devrait réaliser un chiffre d’affaires de près de 30 milliards de dollars en 2020, dont les deux tiers grâce à la publicité, selon elle.
«TikTok est une plateforme extrêmement populaire qui a aidé les enfants à rester en contact avec leurs amis pendant une année incroyablement difficile. Mais derrière les chansons amusantes, les défis de danse ou le playback, il y a quelque chose de bien plus malveillant», explique-t-elle.
«Nous voulons que TikTok arrête ses pratiques douteuses de collectes des données, et nous demandons qu’elle efface toutes les informations privées obtenues illégalement quand les enfants utilisent l’application», selon elle.
Anne Longfield a déclaré à l’agence de presse britannique PA qu’elle espère que cette affaire fera date et office de «signal d’alarme» pour les autres réseaux sociaux.
Un porte-parole de TikTok a réagi en estimant que la plainte «manque de fondement» et que la société «a l’intention de se défendre vigoureusement».
«La vie privée et la sécurité sont des priorités absolues pour TikTok et nous avons mis en place des pratiques et technologies robustes pour protéger tous les utilisateurs, et les adolescents en particulier», a-t-il complété.
TikTok avait déjà été condamnée en février 2019 à une amende de 5,7 millions de dollars aux États-Unis pour avoir collecté illégalement des données personnelles de mineurs de moins de 13 ans, parmi lesquels leurs noms, adresses courriel et postale.
L’application fait par ailleurs l’objet en Europe d’enquêtes des régulateurs concernant son utilisation des données personnelles, et notamment de la part de la CNIL (Commission nationale informatique et libertés) en France.