Jeux vidéo exclusifs et intégrés à sa messagerie, partenariats avec d’autres applications, séries originales ultra-courtes au format téléphone intelligent: Snapchat, réseau social prisé des adolescents, a lancé jeudi de multiples innovations pour tenter de se démarquer de ses concurrents, et enfin gagner de l’argent.
Snapchat est né en 2011 de la volonté de permettre aux amis de se parler « mais l’amitié, c’est plus que les messages qu’on échange. C’est aussi les expériences que l’on partage », d’où l’idée de développer des jeux vidéos multijoueurs pour téléphone intelligent, un marché de 77 milliards de dollars l’an dernier, a expliqué Will Wu, responsable produit chez Snapchat.
« Nous avons voulu créer quelque chose qui rappelle les jeux de société en famille le week-end, qui donne l’impression de jouer à la console avec des amis, manettes à la main », a-t-il ajouté lors d’un « sommet » organisé à Los Angeles par Snapchat pour ses centaines de « partenaires », dont certains ont contribué à développer ces nouveaux jeux vidéo.
Les six jeux lancés jeudi par Snapchat permettent à plusieurs personnes, amies sur la messagerie, de jouer en temps réel tout en échangeant des messages écrits ou vocaux.
Comme « Bitmoji Party », développé en interne par Snap et très inspiré par la « Wii Party » de Nintendo, ils mettent en scène les « bitmoji ». Ces petits personnages 3D, censés être à l’image de l’utilisateur, sont l’une des marques de fabrique de Snapchat.
Contrairement à d’autres jeux multijoueurs sur mobile, « Bitmoji Party peut être lancé directement depuis la barre de discussion, ce qui vous permet de jouer avec vos amis instantanément, pas besoin d’installation » depuis une autre application, souligne Will Wu.
Outre « Bitmoji Party », Snapchat propose dans l’immédiat cinq autres jeux, tous multijoueurs.
Les développeurs externes de ces jeux, dont l’offre a vocation à s’étoffer, devraient être financés via de la publicité intégrée.
« Nouvelles façons de créer »
Pour enrichir son contenu et développer son réseau, Snapchat a également annoncé jeudi des partenariats avec des applications tierces qui auront accès à certaines fonctionnalités.
Par exemple, les montres connectées Fitbit utiliseront les personnages bitmojis de l’utilisateur sur leur écran et un abonné à Netflix pourra directement publier un message sur Snapchat concernant sa série favorite. Quant aux utilisateurs de l’appli de rencontres Tinder, ils pourront prochainement mettre leur « story » Snapchat sur leur profil.
Snapchat va par ailleurs continuer à étoffer son offre de séries exclusives gratuites lancée en octobre dernier. Il s’agit de véritables œuvres de fiction, avec un début et une fin, mais très rythmées et très courtes (3 à 5 minutes par épisode). Et toutes sont filmées verticalement pour s’adapter à l’écran d’un téléphone intelligent.
« L’écriture sur mobile doit être différente (…) et nécessite de nouvelles façons de créer », insiste Sean Mills, responsable des contenus originaux chez Snapchat, qui note que les adultes américains passeront plus de temps sur leur mobile que devant leur télévision en 2019.
L’écran de ces « Snap originals » peut être ainsi scindé en deux, pour rendre compte simultanément des points de vue différents des deux adolescents de « Two Sides », en pleine séparation amoureuse.
Adolescents encore les héros de « Can’t talk now » (« je peux pas te parler maintenant »), soap opéra pour mineurs mettant en scène le quotidien d’élèves de 3e du point de vue de leurs vidéos.
D’autres séries vont explorer en vrac la vie des admirateurs de baskets (« Sneakerheads ») ou la question raciale aux États-Unis (« While Black »).
Le réseau social n’abandonne pas pour autant ce qui a fait son succès, les filtres de réalité augmentée et autres effets visuels comiques (oreilles de lapin, visage du Joker…), avec des fonctionnalités nouvelles comme le suivi de la main ou la reconnaissance des animaux de compagnie.
Des lieux emblématiques, comme la Tour Eiffel et Buckingham Palace, ont aussi été ajoutés pour produire des trucages loufoques.
Snapchat compte près de 190 millions d’abonnés actifs quotidiens (DAU).
L’application est présente chez près de 75 % des Américains âgés de 13 à 34 ans, selon le patron de Snapchat, Evan Spiegel.
« Nous touchons plus de 13-24 ans que Facebook ou Instagram aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France, au Canada et en Australie », a-t-il affirmé jeudi.
Snapchat n’a jamais dégagé de bénéfice depuis sa création.
Au dernier trimestre 2018, la société californienne a accusé une perte de 192 millions de dollars, pour un chiffre d’affaires de 390 millions.