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Où vont les données de ces applications pour économiser?

La Presse Canadienne|Publié le 13 mars 2023

Où vont les données de ces applications pour économiser?

Plusieurs de ces applications, comme Checkout51, Caddle, Drop, et Eclipsa, tirent leurs revenus des détaillants et des marques qui souhaitent doper les ventes. (Photo: La Presse Canadienne)

Toronto — Certaines applications qui aident les consommateurs à économiser de l’argent demeurent une source de mystère.

Où vont les données qu’elles recueillent? Qui en profite réellement?

Plusieurs de ces applications, comme Checkout51, Caddle, Drop, et Eclipsa, tirent leurs revenus des détaillants et des marques qui souhaitent doper les ventes, récompenser les clients et en apprendre davantage sur la démographie d’une succursale. Les «abonnés» peuvent soumettre des reçus, cliquer sur des liens des cartes de crédit ou répondre à un sondage. Cela permet aux applications de satisfaire aux demandes de leurs clients.

Les informations obtenues par les applications ont une grande valeur pour les fabricants canadiens, affirme Ransom Hawley, qui a lancé Caddle une application de remise en argent, il y a sept ans.

«C’est très difficile pour moi d’obtenir de bonnes données et des renseignements récents et canadiens, souligne-t-il. Imaginons présenter un aperçu fondé sur des données datant de six mois et provenant des États−Unis à Walmart Canada. On va rire de moi».

M. Hawley reconnaît avoir entendu parler de «mauvais acteurs» qui utilisent mal les données. Toutefois, il assure que son entreprise est franche sur ses politiques dès qu’un consommateur s’inscrit à l’application.

«Il y a un avis clair qui dit: » voici comment nous allons utiliser vos données ». Il n’est pas écrit en petits caractères et dissimulé dans une multitude de clauses juridiques.»

Les gens se forment une idée fausse sur les entreprises qui récoltent des données pour les vendre à des clients, ajoute-t-il. Elles ne soumettent pas le nom des consommateurs ou autres informations permettant de les identifier.

«Les entreprises comme Walmart ou Nestlé ne veulent pas des données identifiables, car cela les rendrait responsables. La grande majorité des données que nous vendons sont regroupées et dépersonnalisées.»

Dépersonnaliser des données consiste à enlever tout ce qui pourrait permettre de les lier à un individu en particulier par un processus technique, explique Amran Ahmad, du cabinet d’avocats Norton Rose Fulbright Canada.

 Il ne faut pas confondre données dépersonnalisées et données désidentifiées. Ces dernières omettent le nom d’une personne, mais mentionnent d’autres détails, comme l’adresse ou la date de naissance.

Il est de la responsabilité des applications de manipuler les données de façon sécuritaire et d’être franches sur la façon dont les renseignements seront utilisés. La plupart de ces entreprises sont fiables, affirme M. Ahmad.

Bon Fay, directeur général de l’économie numérique au Centre for International Governance Innovation, a étudié de nombreuses applications. Il refuse de s’y inscrire parce que l’information obtenue est «très indiscrète».

«Les raisons pour lesquelles ces renseignements sont utilisés ne sont pas très précises, dit−il. La seule chose qui est claire, c’est qu’elles les vendent. Le vieil adage qui dit qu’il n’existe de gratuit, notamment l’argent dans le cas de ces applications, est vrai.»

M. Fay s’inquiète que les gens «ne comprennent pas entièrement ce qu’ils cèdent à ces applications». Toutefois, un récent sondage de Drop, une application qui offre des points en échange d’un accès aux achats par carte de crédit et de réponses à des études, laisse entendre que les gens ne s’en préoccupent guère.

Ainsi, 70 % de ces membres ayant répondu à un sondage récent disaient ne pas être préoccupés par ce qui advenait des données. Près d’un répondant sur quatre n’en était que «légèrement préoccupés». Les 2 derniers % s’en inquiétaient.

Cela n’empêche pas M. Ahmad de lancer une mise en garde.

«Les gens doivent savoir que lorsqu’ils donnent quelque chose, ils peuvent recevoir autre chose en échange. Recevoir quelque chose ne signifie pas qu’on n’a pas à céder quelque chose. Tout ce qui est gratuit nécessite une contrepartie. Les gens doivent le savoir.»