Le secteur des réseaux 4G et 5G est un des rares dans l’économie mondiale sans champion américain, dominé par les trois poids lourds européens et chinois. (Photo: 123RF)
Stockholm — Sur fond d’incertitude économique mondiale, les géants européens de l’équipement télécoms, le Suédois Ericsson et le Finlandais Nokia chutaient jeudi en Bourse après des résultats en dessous des attentes.
Le titre Ericsson a clôturé en baisse de 15% à la Bourse de Stockholm, tandis que Nokia perdait 7,62% à la Bourse d’Helsinki.
Le géant suédois a dégagé un bénéfice net en baisse de 7% sur un an, à 5,4 milliards de couronnes alors que les analystes tablaient sur un chiffre compris entre 5,7 et 5,9 milliards, selon Bloomberg et Factset.
Ericsson, dont l’action a chuté depuis le début de l’année à cause d’une affaire de corruption présumée en Irak qui l’a mis dans le collimateur de la justice américaine, a annoncé son intention de faire baisser ses coûts.
Soulignant «l’environnement inflationniste actuel», le géant des réseaux de téléphonie mobile a cependant indiqué dans son rapport trimestriel effectuer des «ajustements de prix» et se montrer «proactif» pour réduire ses coûts, avec une hausse prévue des frais de restructuration.
Selon Ericsson, la baisse de son bénéfice s’explique en partie par l’intégration de l’Américain Vonage, spécialiste américain du cloud, acquis pour 6,2 milliards de dollars l’an dernier.
Le chiffre d’affaires du groupe suédois affiche une hausse de 21%, à 68 milliards de couronnes, mais de seulement 3% à périmètre et taux de change constants.
Son concurrent Nokia a quant à lui dégagé un bénéfice net de 428 millions d’euros au troisième trimestre, en hausse de 22%.
Mais le profit est également ressorti en dessous des attentes, du fait d’une marge rognée par les ventes en baisse de la division Nokia Technologies et d’effets de change.
Les analystes prévoyaient un bénéfice autour de 510-540 millions d’euros selon Factset et Bloomberg.
Bataille eurochinoise
Dans un contexte de dégradation économique mondiale, le groupe finlandais, qui mène actuellement une bataille avec Ericsson et Huawei pour les nouveaux réseaux 5G à travers le monde, s’attend à rester en croissance en 2023.
«Nous reconnaissons une augmentation de l’incertitude macroéconomique et géopolitique dans laquelle nous opérons», a commenté Pekka Lundmark, PDG de Nokia.
«Même si celle-ci pourrait avoir un impact sur l’investissement de certains de nos clients, nous nous attendons actuellement à une croissance à taux de change constants sur nos marchés en 2023», a-t-il expliqué.
Nokia indique s’attendre à faire mieux que ses concurrents en 2023, en gagnant des parts de marché, grâce à des contrats en réseaux 5G comme celui récemment annoncé en Inde.
Les deux entreprises ont toutes les deux été freinées par leur retrait du marché russe après l’invasion de l’Ukraine par Moscou.
Les ventes de Nokia en Russie ont été affectées à hauteur de 70 millions d’euros tandis qu’Ericsson a accusé un manque à gagner de 800 millions de couronnes au troisième trimestre.
Le secteur des réseaux 4G et 5G est un des rares dans l’économie mondiale sans champion américain, dominé par les trois poids lourds européens et chinois.
Ericsson et Nokia ont tous deux profité ces derniers mois des sanctions et restrictions de plusieurs pays visant Huawei, à commencer par celles des États-Unis.
Le groupe de Shenzhen est au centre d’une intense rivalité technologique entre la Chine et les États-Unis, qui le soupçonnent d’espionnage potentiel au profit de Pékin.
Ericsson a toutefois souffert de représailles sur le marché chinois, où il a nettement reculé l’an passé.