«SBF» a été extradé des Bahamas mercredi soir après avoir renoncé à contester sa remise aux autorités américaines. (Photo: Getty Images)
Un juge fédéral new-yorkais a accepté jeudi de remettre en liberté le fondateur et ancien patron de la plateforme d’échanges de cryptomonnaies FTX, l’Américain Sam Bankman-Fried, moyennant une caution monstre de 250 millions de dollars.
Le personnage le plus célèbre du monde des cryptomonnaies est sorti libre du tribunal fédéral de Manhattan vers 14 h 30.
Inculpé notamment pour fraude et association de malfaiteurs, «SBF» — son surnom — avait été extradé mercredi soir des Bahamas, où se trouvait le siège de FTX, après avoir renoncé à contester sa remise aux autorités américaines.
L’énorme caution est en partie garantie par la maison californienne des parents de Sam-Bankman Fried, où il sera assigné à résidence dans l’attente de son procès, selon les conditions entérinées par le juge Gabriel Gorenstein.
Fin novembre, le personnage central du plus gros scandale de l’histoire des cryptomonnaies avait affirmé ne plus avoir que 100 000 dollars disponibles. À son pic, en début d’année, sa fortune avait été estimée à 26 milliards de dollars, entièrement appuyée sur les parts de ses sociétés, qui ont fait depuis faillite.
Le magistrat a autorisé la remise en liberté de l’accusé de 30 ans, car il présente, selon lui, un risque de fuite «minimal» et n’a jamais été condamné auparavant. Connu pour ses tee-shirts sombres et ses shorts, «SBF» s’est présenté à l’audience en costume-cravate gris.
Sam Bankman-Fried est soupçonné d’avoir utilisé, avec des collaborateurs, des fonds déposés sur la plateforme par des clients de FTX pour réaliser des opérations financières spéculatives avec son autre société, Alameda Research.
Outre les transactions à risque via Alameda, il est également soupçonné d’avoir investi une partie de cet argent dans de l’immobilier aux Bahamas et d’avoir effectué des donations à des politiques démocrates — toujours avec des fonds de clients de FTX — dont Joe Biden, lors de sa campagne présidentielle.
Cinq des huit chefs d’accusation retenus contre lui prévoient, chacun, une peine maximum de vingt ans de prison.
Celui qui a longtemps été vu comme un génie iconoclaste des cryptomonnaies est donc susceptible de passer le restant de ses jours en prison.
Des proches collaborent
Le procureur fédéral de Manhattan a révélé mercredi que deux autres personnages clés du dossier avaient récemment été inculpés, de fraude et d’association de malfaiteurs. Ces derniers ont plaidé coupable et collaborent avec le gouvernement, ce qui signifie qu’ils pourraient incriminer Sam Bankman-Fried.
Il s’agit de Caroline Ellison, ancienne patronne de la société Alameda Research, et Gary Wang, co-fondateur de FTX, inculpés «en lien avec leur rôle dans la fraude qui a contribué à l’effondrement de FTX», a déclaré Damian Williams, sans donner plus de précision.
Depuis la faillite de FTX, le 11 novembre, Sam Bankman-Fried a plusieurs fois fait valoir publiquement qu’il n’était plus aux manettes d’Alameda Research depuis plusieurs mois, incriminant indirectement Caroline Ellison.
Une argumentation contestée par le ministère public, qui affirme que «SBF» est resté le principal décideur au sein d’Alameda jusqu’au dépôt de bilan de FTX.
«Si vous avez participé à des infractions chez FTX ou Alameda, le temps est venu de vous manifester», a prévenu Damian Williams, mercredi, pour encourager d’autres anciens des deux sociétés à collaborer avec le ministère public. «Nous avançons rapidement et notre patience n’est pas éternelle.»
Caroline Ellison et Gary Wang ont également été assignés devant la justice civile par les deux principales autorités américaines de régulation des marchés financiers, la SEC et la CFTC.
Ils se sont engagés à collaborer avec la SEC, et ont reconnu les faits qui leur étaient imputés par la CFTC, ce qui devrait leur valoir, dans les deux cas, un jugement plus clément.
La CFTC évalue à 8 milliards de dollars le total des fonds détournés de comptes de clients de FTX.