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Le secteur américain des technologies a poussé cette semaine un soupir de soulagement avec l’adoption durement négociée d’une trêve commerciale, mais de nombreuses questions restent en suspens.
L’accord préliminaire, signé mercredi par le président Donald Trump et le vice-premier ministre chinois Liu He, annule 160 milliards de taxes douanières sur des produits chinois, susceptibles de porter préjudice à la téléphonie et au secteur informatique, et donc de se révéler douloureux pour le consommateur américain.
Dans le domaine de la propriété industrielle, les protections des brevets américains devraient ainsi s’en trouver renforcées.
L’accord « est porteur d’un réel progrès pour combattre les problèmes systématiques des vols en matière de propriété industrielle et des transferts forcés de technologies vers la Chine », analyse Robert Atkinson, de la Information Technology and Innovation Foundation, un institut d’études spécialisé dans le domaine des technologies.
Mais, en même temps, l’accord maintien en vigueur de nombreux autres tarifs douaniers
« Les questions les plus épineuses du secteur de l’innovation restent sur la table, notamment les généreuses subventions que la Chine accorde à ses entreprises, parmi lesquelles ses entreprises d’État », note ainsi l’analyste.
De plus, ajoute-t-il, les conditions d’application de l’accord de phase une restent floues. « La Chine est passée maître dans l’art de l’enfumage lorsqu’il s’agit de respecter ses accords », résume-t-il.
« Répit temporaire »
Selon Gary Shapiro, président de la Consumer Technology Association, l’accord ne réparera pas les dégâts causés par les taxes déjà imposées par le gouvernement de M. Trump.
« Les tarifs sont des taxes appliquées aux Américains, pas aux Chinois », assure M. Shapiro. « Le report de droits de douane se traduit par un répit temporaire pour de nombreux produits technologiques favoris des Américains. Mais l’incertitude du marché se poursuivra tant qu’on ne verra pas de retrait permanent des droits de douane, ou bien le retour des milliards de dollars que notre pays a payés en raison de ces taxes ».
D’après son association, qui représente 2 000 sociétés technologiques de taille variable, les tarifs douaniers ont majoré de 19,2 milliards le coût de matériels technologiques importés jusqu’à novembre 2019, dont presque 1,7 milliard de dollars pour des équipements cruciaux dans le développement de la 5G.
Chris Mitchell, qui travaille pour IPC, une organisation de l’industrie manufacturière technologique, considère que le nouvel accord offre une « voie » de résolution de problèmes aigus.
Mais, ajoute-t-il, « l’accord laisse beaucoup de problèmes non résolus, dont la cybersécurité, les réformes économiques structurelles, et de nombreuses taxes élevées restent en vigueur sur beaucoup de produits qui sont commercialisés dans notre secteur ».
« Première étape »
L’accord commercial « est juste la première étape de ce qui va être un processus de longue durée, mais il semble bien qu’une relation de travail va se poursuivre », estime de son côté Richard Windsor, un analyste rédacteur du blogue Radio Free Mobile.
Il note un apaisement des tensions sur le commerce, tandis qu’au contraire l’échauffement se poursuit selon lui sur la question des normes technologiques. « Je continue de voir de nombreux pays étrangers forcés de choisir entre deux chaînes d’approvisionnement séparées », dit-il.
Pour Susan Aronson, de l’université George Washington, le pacte sino-américain est « médiocre », notamment car il n’aborde pas la question de la « Grande Muraille » informatique, le système par laquelle Pékin censure internet.