Alphabet comptait près de 187 000 employés dans le monde fin septembre 2022. (Photo: 123RF)
New York — Après Amazon, Meta et Microsoft, c’est au tour d’Alphabet, la maison-mère de Google, d’annoncer un plan social de grande envergure avec la suppression d’environ 12 000 postes dans le monde, soit un peu plus de 6% de ses effectifs totaux.
«Au cours des deux dernières années, nous avons connu des périodes de croissance spectaculaires», a indiqué Sundar Pichai, patron d’Alphabet dans un courriel adressé aux employés du groupe.
«Pour accompagner et alimenter cette croissance, nous avons embauché dans un contexte économique différent de celui que nous connaissons aujourd’hui», a-t-il ajouté, précisant que la conjoncture contraignait l’entreprise à réduire ses effectifs.
Alphabet comptait près de 187 000 employés dans le monde fin septembre 2022.
Les suppressions de postes se feront «dans l’ensemble des départements, des fonctions, des niveaux de responsabilité et des régions», a affirmé M. Pichai sans donner davantage de précisions.
Le dirigeant a également insisté sur la priorité accordée par Google au domaine de l’intelligence artificielle, vu par de nombreux spécialistes comme le prochain grand champ de bataille des géants de la tech.
Le succès fulgurant du robot conversationnel ChatGPT d’OpenAI, une start-up financée par Microsoft, pourrait ainsi faire de l’ombre au célèbre moteur de recherche de Google.
Plusieurs médias américains ont en effet affirmé que le groupe informatique envisageait d’intégrer ChatGPT à son propre moteur de recherche, Bing.
Wall Street satisfaite
Les salariés américains concernés par le plan social d’Alphabet ont déjà été notifiés.
Dans les autres pays, la procédure va prendre davantage de temps en fonction du droit local du travail.
Aux États-Unis, les employés licenciés toucheront au moins seize semaines de salaire, leurs bonus au titre de 2022, leurs congés payés ainsi que six mois de couverture santé.
Les salariés étrangers installés aux États-Unis pourront aussi bénéficier d’une aide dans leurs démarches juridiques s’ils souhaitent rester sur le sol américain.
Wall Street accueillait positivement l’annonce de ces suppressions d’emplois: l’action d’Alphabet montait de 4,4% vers 10h35.
«Bien que Google ait insisté sur la nécessité d’améliorer l’efficacité de ses différentes activités, nous pensons que les investisseurs souhaitaient en voir davantage via des réductions de coûts», a analysé Angelo Zino de CFRA.
«Rythme insoutenable»
Le géant informatique américain Microsoft a annoncé mercredi le licenciement d’environ 10 000 employés d’ici fin mars, invoquant notamment l’incertitude économique.
Le site de vente de mobilier Wayfair a de son côté annoncé vendredi supprimer environ 1 750 postes, ou 10% de ses effectifs, pour compenser une activité au ralenti.
Et, au cours des semaines et des mois précédents, Meta (Facebook, Instagram), Amazon, Twitter ou encore Salesforce ont aussi décidé de se séparer de plusieurs milliers d’employés.
Le secteur de la tech fait face à une période difficile dans un contexte de forte inflation et de hausse des taux d’intérêt après une période faste, notamment au plus fort de la pandémie de Covid-19 et des confinements.
Pour Naveen Sarma de la société de notation S&P Global Ratings, les groupes technologiques doivent accepter «que leur croissance ne sera pas aussi rapide ou qu’ils n’investiront pas autant dans de nouveaux produits et services qu’ils le pensaient».
Dans ce contexte, les annonceurs sont plus réticents à engager des dépenses publicitaires, qui représentent une partie importante du chiffre d’affaires d’entreprises comme Google, Facebook ou Twitter.
Selon le site spécialisé Layoffs.fyi, près de 194 000 salariés du secteur ont perdu leur emploi aux États-Unis depuis début 2022, sans compter l’annonce d’Alphabet de vendredi.
«Les piliers de la tech ont embauché à un rythme qui était insoutenable et la dégradation de l’environnement macroéconomique les force désormais à licencier», a commenté Dan Ives de Wedbush Securities.
«Minuit a sonné pour l’hypercroissance alors que les entreprises technologiques ont dépensé de l’argent comme les stars de rock dans les années 1980», a poursuivi l’analyste.
Selon M. Ives, la tech, qui évolue à des niveaux boursiers trop bas, va connaître un rebond en 2023: il prévoit une hausse de 20% du cours des actions de ce secteur cette année.