La culture est le principal frein à la transformation numérique
François Normand|Publié le 17 juin 202230% des 348 répondants à un sondage de RCGT ont mentionné que la culture conservatrice était le facteur numéro un à leur transformation numérique. (Photo: Getty Images)
Oubliez les coûts, la main-d’œuvre ou le manque de connaissances/complexité des processus. Le principal frein à la transformation numérique des entreprises est la «culture conservatrice» des organisations.
Voilà l’un des principaux constats de la présentation du bilan 2019-2022 sur la maturité numérique des entreprises québécoises, lors du Salon connexion – Les Affaires de la transformation numérique, le 9 juin.
La rédactrice en chef de Les Affaires, Marine Thomas, présentait ce bilan en interrogeant devant un parterre d’entrepreneurs Nathalie de Marcellis-Warin, PDG du CIRANO, une organisation qui a publié plusieurs analyses à propos de la transformation numérique.
Ainsi, selon un sondage publié en avril par Raymond Chabot Grant Thornton (Sondage express sur la transformation numérique des entreprises québécoises), la culture d’entreprise conservatrice arrive de loin au premier rang des freins à la transformation numérique.
Pas moins de 30% des 348 répondants au sondage de RCGT ont mentionné que la culture conservatrice était le facteur numéro un, bien loin devant le manque de connaissances/complexité du processus (21%), les coûts (20%) et la main-d’œuvre (17%).
Le temps nécessaire à numériser les processus internes ne semble pas vraiment un enjeu, puisqu’il arrive au cinquième rang (8%).
Source: Raymond Chabot Grant Thornton
Selon Nathalie de Marcellis-Warin, le fait que la culture d’entreprise conservatrice soit le principal frein mentionné par les entrepreneurs tient en grande partie à un manque de communication à l’intérieur des organisations.
Pourtant, malgré cette résistance au changement, la transformation numérique est une priorité élevée pour 81% des entreprises sondées par RCGT (22% très élevé et 59% plutôt élevé), et ce, au cours des trois prochaines années.
Cette proportion atteint même 94% pour les organisations qui ont déjà entamé leur virage numérique. Elle grimpe à 97% pour celles qui prévoient investir 100 000 $ et plus en 2022, voire 98% pour celles qui ont récemment entamé un audit 4.0.
Cela dit, même si la transformation numérique est une priorité pour la très grande majorité des entreprises, celles-ci sont relativement peu nombreuses à avoir fait des progrès considérables sur le terrain.
Un sondage effectué en mai par la Banque de développement du Canada (Saisissez l’avantage technologique: pourquoi les entreprises qui adoptent le numérique performent mieux) auprès de 1500 PME le démontre bien.
Quatre profils numériques auprès des PME
Ainsi, les PME se classent selon quatre profils numériques au Canada :
RETARDATAIRE (19%) : utilisent peu le numérique ou ne l’utilisent pas.
DÉBUTANT (47%) : utilisent le numérique dans les activités liées à la clientèle, principalement pour numériser les ventes et le marketing.
ÉMERGENT (20%) : commencent à appliquer le numérique à l’échelle de l’entreprise.
AVANCÉ (5%) : utilisent les technologies numériques efficacement pour se transformer.
Aux yeux de Nathalie de Marcellis-Warin, les différents éléments qui ressortent des deux sondages démontrent qu’il faut plus d’accompagnement pour aider les entreprises à accélérer leur transformation numérique.
De leur côté, celles qui avancent bien dans leur virage technologique estiment que la main-d’œuvre est le principal facteur de succès dans cette démarche, selon RCGT.
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Ainsi, 39% des répondants ont indiqué ce facteur, suivi par la planification stratégique (30%) et la culture d’entreprise (12%).
D’autres facteurs de succès, comme l’accès à l’information et à l’expertise externe, le financement et le temps, sont moins significatifs. Les chefs d’entreprise leur ont accordé respectivement 12%, 8% et 5% en termes d’importance.