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L’inclusion financière du bitcoin serait un mythe

François Remy|Publié le 18 novembre 2024

L’inclusion financière du bitcoin serait un mythe

Si l’usage fait le produit financier, les cryptos restent davantage des actifs que des monnaies.(Photo:123RF)

EXPERT INVITÉ. La promesse des cryptomonnaies, bouée de sauvetage numérique pour les personnes laissées en marge du système financier, ne serait pas tenue au vu des statistiques d’utilisation.

Qui utilise réellement du bitcoin? Le recours aux cryptomonnaies comme moyen de stockage et de transfert de valeur en dehors du système bancaire constitue un indicateur aussi intéressant que la promesse d’un monde plus inclusif est louable. Pourtant, rares sont les études fournissant des données sur l’étendue de cette utilisation des crypto dans les ménages. Même les sommets touchés par les cours actuellement attirent l’attention du public, des régulateurs financiers et des décideurs politiques. Même si 1 BTC s’échange en ce moment contre plus de 129 000 dollars canadiens et que les marchés crypto affichent une capitalisation globale de plus de 4200 G$.

D’où l’intérêt que nous porterons ici sur les récents résultats de l’enquête nationale menée auprès des ménages non bancarisés et sous-bancarisé aux États-Unis par la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC). Cette dernière, une agence indépendante créée par le Congrès pour maintenir la stabilité et la confiance du public dans le système financier du pays en veillant sur les dépôts et surveillant les institutions bancaires, a sondé 29 483 foyers. Surtout, la FDIC a interrogé sur les pratiques concernant les cryptomonnaies.

Les divergences comme point commun?

Dans le cadre de ladite enquête, il a été demandé à tous les ménages si, au cours des 12 derniers mois, ils avaient possédé ou utilisé des actifs numériques tels que le bitcoin ou l’ether. En plus, les ménages qui possédaient ou utilisaient des cryptos devaient répondre à une question complémentaire pour savoir s’ils les utilisaient pour investir, envoyer ou recevoir de l’argent, acheter des biens de consommation en personne ou en ligne, ou pour toute autre utilisation.

Il ressort ainsi qu’au cours de l’année écoulée, 4,8% de l’ensemble des ménages avaient possédé ou utilisé des BTC, ETH ou autres. Ces usages apparaissent plus fréquents parmi les ménages bancarisés (5,0%) que parmi les ménages non bancarisés (1,2%!).

Des variations qui s’observent également en fonction des caractéristiques sociodémographiques, selon les niveaux de revenus des ménages, les niveaux d’instruction, l’âge, les origines, etc. Les différences selon le niveau de revenu et l’instabilité du revenu mensuel sont d’ailleurs particulièrement prononcées.

Une reproduction des inégalités?

Derrière la logique d’accessibilité libre, le fondement démocratique des technologies blockchain et crypto, et les vertus financières du pair à pair que symbolise le bitcoin, semblent se reproduire les disparités économiques du «vieux monde».

Les cryptomonnaies s’avèrent nettement plus utilisées par des ménages aux revenus plus élevés (7,3%), de 75 000 $US annuels et plus, que par des foyers aux revenus plus faibles (1,1%), inférieurs à 15 000 $US.

Force est de constater aussi des variations en fonction de l’âge et de l’origine ethnique. Par exemple, les cryptomonnaies passent entre les mains de 9,8% des ménages âgés de 25 à 34 ans, contre 1,2% des ménages âgés de 65 ans ou plus.

La part des ménages blancs utilisant des crypto (5,2%) était également plus importante que celle des ménages afro-américains (3,2%) et des ménages hispaniques (3,5%). Cela étant dit, soulignons que le recours est le plus répandu auprès des ménages asiatiques (7,5%).

Encore de la «fausse monnaie»?

En tout cas, si l’usage fait le produit financier, les cryptos restent davantage des actifs que des monnaies.

Parmi tous les ménages qui ont utilisé du bitcoin ou autre, la grande majorité d’entre eux les ont détenus à titre d’investissement (92,6%!). Une stratégie de placement nettement plus fréquente dans les foyers où les revenus dépassent les 50 000 $US ou plus.

Beaucoup moins de ménages ont utilisé les BTC et autres d’une manière complémentaire : seulement 4,4% y ont recours pour effectuer des achats en ligne.

Tandis que l’utilisation pour envoyer ou recevoir de l’argent était plus fréquente parmi les ménages à faible revenu qui utilisaient les cryptomonnaies : 7,1% des ménages disposant d’un revenu inférieur à 50 000 $US, contre 2,5% des ménages disposant d’un revenu de 50 000 dollars ou plus.

Enfin, notons que, comme pour les ménages entièrement bancarisés, la grande majorité des ménages sous-bancarisés utilisent des crypto les détiennent en tant qu’investissement. Mais ils demeurent légèrement moins nombreux (87,7%).