L’acte d’accusation allègue que Ding, embauché par Google en 2019, avait accès à des informations confidentielles sur les centres de données de supercalculateur de l’entreprise. (Photo: La Presse Canadienne)
Washington — Un ancien ingénieur en logiciels chez Google a été accusé aux États-Unis d’avoir volé la technologie de l’intelligence artificielle de l’entreprise alors qu’il travaillait secrètement avec deux sociétés basées en Chine, a annoncé mercredi le département américain de la Justice.
Linwei Ding, un ressortissant chinois de 38 ans, a été arrêté à Newark, en Californie, sous quatre chefs d’accusation de vol de secrets commerciaux fédéraux. Chaque chef est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison.
L’affaire contre Ding a été dévoilée lors d’une conférence de l’Association du Barreau américain, à San Francisco, par le procureur général des États-Unis, Merrick Garland, qui, avec d’autres responsables, a mis en garde à plusieurs reprises contre la menace de l’espionnage économique chinois et contre les problèmes de sécurité nationale posés par les progrès de l’intelligence artificielle.
De son côté, le directeur de la police fédérale américaine (FBI), Christopher Wray, a écrit dans un communiqué que les accusations portées contre Ding «sont la dernière illustration des efforts déployés par les filiales d’entreprises basées en République populaire de Chine pour voler l’innovation américaine».
«Le vol de technologies innovantes et de secrets commerciaux auprès d’entreprises américaines peut coûter des emplois et avoir des conséquences dévastatrices sur l’économie et la sécurité nationale», a-t-il ajouté.
Ces dernières semaines, de hauts responsables au département américain de la Justice ont tiré la sonnette d’alarme sur la manière dont des adversaires étrangers pourraient exploiter les technologies de l’intelligence artificielle (IA) pour avoir un impact négatif sur les États-Unis.
La procureure générale adjointe, Lisa Monaco, déclarait le mois dernier dans un discours qu’une escouade spéciale regroupant plusieurs agences et ministères placerait l’application de l’IA en tête de sa liste de priorités en haute technologie.
Et la semaine dernière, le directeur du FBI a déclaré aux chefs d’entreprise lors d’un événement que l’IA et d’autres technologies émergentes avaient permis aux adversaires de tenter plus facilement d’interférer avec la politique américaine.
L’acte d’accusation dévoilé mercredi dans le district nord de Californie allègue que Ding, embauché par Google en 2019, avait accès à des informations confidentielles sur les centres de données de supercalculateur de l’entreprise. Il aurait commencé il y a deux ans à télécharger des centaines de fichiers sur un compte personnel «Google Cloud».
Quelques semaines après le début du vol, selon les procureurs, Ding se serait vu offrir le poste de directeur de la technologie dans une jeune entreprise technologique en Chine, qui vantait son utilisation de la technologie de l’IA. L’acte d’accusation indique que Ding s’est rendu en Chine et a participé à des réunions d’investisseurs au sein de l’entreprise, et qu’il a cherché à lever des capitaux pour la financer.
Il a également fondé et dirigé séparément une jeune pousse établie en Chine qui aspirait à former «de grands modèles d’IA alimentés par des puces de supercalculateur», indique l’acte d’accusation.
Les procureurs affirment que Ding n’a révélé aucune de ses affiliations à Google. Il a démissionné de l’entreprise le 26 décembre. Trois jours plus tard, les responsables de Google ont appris qu’il s’était présenté comme le PDG de l’une des sociétés chinoises lors d’une conférence d’investisseurs à Pékin.
Les responsables ont également réalisé qu’un autre employé avait numérisé le badge d’accès de Ding pour donner l’impression que l’employé était au travail alors qu’il se trouvait en fait en Chine, indique l’acte d’accusation.
Eric Tucker, The Associated Press
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