««Pour maintenir notre leadership en IA au Québec, il faut intégrer cette technologie dans nos entreprises et nos PME. Cela implique de faciliter l’accès à la recherche pour former plus de talents et renforcer notre écosystème de l’IA», a indiqué le ministre Pierre Fitzgibbon. (Photo: La Presse Canadienne)
Le gouvernement du Québec a annoncé une contribution de 8 millions de dollars (M$) jusqu’en 2026 à IVADO, un consortium de recherche dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA).
Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon en a fait l’annonce lundi matin au Complexe des sciences du Campus MIL de l’Université de Montréal.
«Plus précisément, de nouveaux programmes développés par IVADO permettront d’offrir un accompagnement aux organisations québécoises pour adopter et déployer des solutions basées sur la recherche en IA, soutenant ainsi leur transformation numérique», peut-on lire dans un communiqué du gouvernement.
Basé à l’Université de Montréal, IVADO regroupe quatre autres partenaires: Polytechnique Montréal, HEC Montréal, l’Université Laval et l’Université McGill.
Fitzgibbon veut que les PME profitent de l’IA
La recherche fondamentale sur l’intelligence artificielle (IA) «est en plein essor au Québec et les entreprises vont devoir l’adopter», a expliqué le ministre Pierre Fitzgibbon, lors d’une annonce sur l’IA à l’Université de Montréal, lundi.
«Pour maintenir notre leadership en IA au Québec, il faut intégrer cette technologie dans nos entreprises et nos PME. Cela implique de faciliter l’accès à la recherche pour former plus de talents et renforcer notre écosystème de l’IA», a-t-indiqué.
Le ministre Fitzgibbon veut faire bénéficier les entreprises de la «qualité exceptionnelle» des travaux de recherche sur l’IA dans les universités de la province.
«Le Québec s’est positionné comme véritable chef de file dans le secteur, surtout au niveau de la recherche fondamentale» et «on se démarque devant des pays comme l’Allemagne et même la Corée du Sud. On a de quoi être très fiers. Maintenant, ce qui se fait de mieux dans le centre de recherche doit se transposer dans nos entreprises», a expliqué Pierre Fitzgibbon.
L’IA au service de l’agriculture
Questionné à savoir quels secteurs de l’économie pourraient le plus tirer profit des recherches québécoises sur l’IA, le ministre Fitzgibbon a énuméré la filière batterie, les véhicules intelligents, la médecine, l’industrie de la métallurgie, l’aéronautique, la pharmaceutique, la génomique, entre autres.
Le ministre s’intéresse également à l’agriculture, qui, en utilisant l’intelligence artificielle, permet «d’avoir des fruits et des légumes toute l’année sans les importer de la Californie».
Dans une entrevue avec La Presse Canadienne, Pierre Fitzgibbon a notamment fait référence au projet Ferme d’Hiver, une ferme verticale vouée à la production de fraises, située à Vaudreuil-Dorion.
Yves Daoust, le fondateur et chef des technologies de Ferme d’Hiver, faisait partie des panélistes invités par le consortium de chercheurs IVADO après l’annonce du ministre lundi matin.
«Dans un espace de 600 mètres carrés, on fait l’équivalent d’une production en serre de 10 000 mètres carrés», a expliqué Yves Daoust.
La production de fraises de Ferme d’Hiver s’effectue à l’intérieur d’un bâtiment, donc les plantes sont à l’abri des aléas de la météo.
L’intelligence artificielle permet de reproduire la lumière du soleil, la pluie et le vent à l’aide de différents systèmes d’ingénierie.
«Qu’il fasse beau, qu’il ne fasse pas beau, qu’il fasse soleil, qu’il y ait des inondations, n’importe quoi, on est isolé», a expliqué Yves Daoust.
L’entreprise, qui a des ententes commerciales avec certaines des plus grandes chaînes de supermarchés, travaille avec des chercheurs de différentes universités qui étudient les données produites à la Ferme d’Hiver, pour mieux comprendre le fonctionnement biologique des plantes.
«Plus on creuse le sujet, plus on s’aperçoit que l’industrie en général n’a pas été dans une direction en accord avec la nature», a-t-il expliqué.
Par exemple, lorsque l’industrie rencontre un problème, «elle se dit, ce n’est pas compliqué, on va mettre un pesticide ou une fumigation dans le champ, on va condamner les cours d’eau et on va condamner les terres à être dépendantes de nos produits».
Mais l’intelligence artificielle utilisée dans un environnement contrôlé récolte une énorme quantité de données, qui elles, «permettent de mieux comprendre la biologie des plantes, ce qui se passe dans le terreau, la relation entre les engrais et le soleil, les rayons lumineux, etc.».
Ferme d’Hiver n’utilise aucun pesticide chimique. La pollinisation est quant à elle assurée par le travail des bourdons.
Son système de redistribution d’énergie lui permettrait de chauffer jusqu’à quatre fois sa superficie en plein hiver, réduisant ainsi les coûts de production et l’empreinte carbone des produits maraîchers, a fait valoir Yves Daoust.
Selon le ministre Fitzgibonn, Ferme d’Hiver «est un bon exemple» de ce que l’IA peut apporter à une PME.
Mais aussi un exemple, toujours selon le ministre, de la façon dont «l’IA peut être utilisée au service des besoins de la population».
Par Stéphane Blais, La Presse Canadienne