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Les autorités américaines font monter la pression sur Google: une vaste coalition d’États a engagé jeudi des poursuites pour pratiques anticoncurrentielles contre le géant de l’internet, qui fait déjà face à deux autres plaintes pour des motifs similaires.
Le groupe californien «maintient illégalement son pouvoir de monopole sur les moteurs de recherche et les marchés publicitaires qui y sont liés par le biais d’une série de contrats et de comportements anticoncurrentiels», affirme un communiqué du procureur général du Colorado, qui co-dirige les poursuites au nom de 38 États et territoires américains.
Leurs allégations vont plus loin que celles du ministère de la Justice (DoJ), qui a accusé en octobre le groupe de maintenir un «monopole illégal» sur la recherche en ligne et la publicité, assure le document.
Selon la plainte déposée jeudi par ces procureurs démocrates et républicains, Google «multiplie les efforts» pour maintenir son monopole et ce faisant, lèse les consommateurs et annonceurs en limitant leurs choix.
Fondé en 1998 dans la Silicon Valley, la société a étendu ses tentacules sur de nombreux aspects de nos vies numériques et est devenu omniprésent dans le quotidien de nombreux internautes, quand ils font une recherche sur le web, cherchent leur chemin avec Google Maps ou échangent des courriels avec Gmail.
Porte d’entrée de l’Internet
Non seulement le groupe a signé des contrats exclusifs pour empêcher de potentiels concurrents de développer leur propre moteur de recherche, mais il emploie les mêmes tactiques sur les nouveaux outils utilisés par les consommateurs, les enceintes intelligentes, les télévisions ou les voitures par exemple, avancent les procureurs généraux.
Le groupe utilise par ailleurs son moteur de recherche publicitaire Search Advertising 360 pour asseoir sa domination sur le secteur en empêchant d’autres moteurs concurrents de communiquer avec le sien.
Google, dénonce encore la plainte, empêche les consommateurs d’accéder aux informations fournies par d’autres fournisseurs de renseignements sur certains segments commerciaux lucratifs, tels que les voyages, la rénovation et les divertissements.
Pour les procureurs généraux, le géant de l’internet fortifie sa position dominante grâce à toutes les données qu’il a déjà recueillies auprès des utilisateurs n’ayant pas vraiment d’autres choix.
«Depuis des décennies maintenant, Google se pose comme porte d’entrée de l’Internet et utilise nos données pour tuer ses compétiteurs et contrôler nos décisions», a ainsi dénoncé dans un communiqué la procureure générale de l’État de New York, Letitia James.
Contactée par l’AFP, la société n’avait pas répondu dans l’immédiat. Mais elle a rejeté ces derniers jours les accusations de monopole et d’abus de position dominante.
Plusieurs plateformes numériques, parmi lesquelles Amazon, TripAdvisor ou Yelp, se plaignent que Google favorise ses propres offres dans les résultats de recherche.
Ls procureurs réclament à la justice de restaurer un marché concurrentiel et de revenir sur tout avantage que Google aurait pu gagner grâce à ses pratiques anti-concurrentielles, y compris en forçant le groupe à se séparer de certains actifs.
Cette plainte est déposée au lendemain d’une autre procédure engagée par dix États, emmenés par le Texas, accusant le groupe dirigé par Sundar Pichai de pratiques anticoncurrentielles dans la gestion des publicités. Google aurait dans ce cadre noué un accord avec Facebook.
Pour le procureur général du Nebraska, Doug Peterson, l’assaut simultané des autorités contre Google est «vraiment historique» et représente la plus importante coalition dans une affaire antitrust depuis celle lancée dans les années 1990 contre Microsoft.
Pour gagner devant les tribunaux, les autorités devront toutefois montrer que le groupe californien a nui aux consommateurs – alors que ses outils – courriel, cartes, services de réservations – sont en général gratuits.