Feux de forêt: les défis urgents dans le domaine des télécoms
La Presse Canadienne|Mis à jour le 11 juillet 2024Des incendies de forêt provoqués par le vent ont éclaté sur l'île hawaïenne de Maui l'été dernier, tuant plus de 100 personnes et détruisant des milliers de bâtiments. (Photo: La Presse Canadienne)
Alors que des incendies de forêt provoqués par le vent ont éclaté sur l’île hawaïenne de Maui l’été dernier, tuant plus de 100 personnes et détruisant des milliers de bâtiments, une panne de télécommunications a laissé de nombreux habitants dans l’ignorance.
La panne a aggravé une situation déjà dévastatrice dans des zones telles que la ville de Lahaina, où vivent environ 13 000 personnes et où les ordres d’évacuation et les communications d’urgence des premiers intervenants ont été entravés.
En plus de la panne de tous les téléphones cellulaires et lignes fixes à Lahaina, la région a été confrontée à une panne électrique pendant plusieurs jours.
Les autorités sont encore en train de rassembler les pièces du casse-tête pour comprendre à quel point tout s’est mal passé tout au long de l’incident. Une leçon clé que l’on peut tirer des incendies de forêt de Maui est que des réseaux de télécommunications résilients sont essentiels en cas de catastrophe.
Les entreprises et les autorités réglementaires d’autres pays, dont le Canada, en prennent note face à l’augmentation des incendies de forêt dans les régions éloignées.
«Nous devons comprendre quelles pourraient être les limites des réseaux et avoir des plans qui tiendraient compte de la perte possible de nos sources d’information habituelles, a déclaré Jenifer Sunrise Winter, professeure de communication à l’Université d’Hawaï à Manoa. Idéalement, vous disposeriez de plusieurs options en cas d’échec.»
Le mois dernier, des incendies de forêt ont endommagé des lignes de fibre optique près de Fort Nelson, en Colombie-Britannique, ce qui a provoqué des pannes du réseau cellulaire et de l’Internet pendant plusieurs jours dans le nord de la province, ainsi qu’au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest.
Alors que le fournisseur de télécommunications Northwestel s’efforçait de rétablir rapidement le service, l’interruption a renforcé les risques auxquels les habitants des régions rurales et éloignées du Canada sont confrontés en cas de catastrophe naturelle.
Il s’agit d’un problème dont le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) est très conscient. Deux consultations portant sur ce sujet – l’une sur les moyens d’améliorer les services de télécommunications dans le Grand Nord et l’autre sur la manière dont les fournisseurs devraient signaler et informer les clients des pannes majeures de service – sont toujours en cours.
«Aucun réseau n’est parfait. Le Canada possède certains des meilleurs réseaux au monde, mais il est impossible de prédire et de prévenir chaque panne potentielle», a affirmé Adam Scott, vice-président du CRTC, dans un discours lors d’un récent congrès de l’industrie, organisé par l’École de commerce Ivey à Toronto.
«À une époque où la complexité de nos réseaux ne cesse de croître et où les menaces auxquelles nous sommes confrontés, y compris les conditions météorologiques extrêmes ou les acteurs malveillants, sont plus volatiles et imprévisibles que jamais, les conséquences d’un manque de préparation sont désastreuses», a souligné Adam Scott.
Les opérateurs se tournent vers l’IA
Les trois plus grands fournisseurs du Canada affirment que des plans solides sont en place pour atténuer les effets des incendies de forêt sur leurs infrastructures.
Bell Canada, Rogers Communications inc. et Telus Corp. vantent tous plusieurs éléments communs de leurs stratégies, tels que l’examen de la stabilité du réseau tout au long de l’année, l’installation de générateurs à carburant dans des zones clés pour assurer une alimentation électrique de secours et la collaboration avec les équipes provinciales de gestion des situations d’urgence.
Les entreprises ont également travaillé sur des initiatives uniques.
Dans le cadre d’un partenariat entre Rogers et BC Wildfire Service, des caméras d’intelligence artificielle ont été installées sur deux des tours de l’opérateur en Colombie-Britannique en avril, et il est prévu d’en installer trois autres.
Les caméras Pano AI sont conçues pour détecter la fumée jusqu’à une portée de 24 kilomètres, permettant aux équipes de pompiers de voir en direct la fumée potentielle des incendies de forêt et, si nécessaire, de réagir plus rapidement.
«Chaque minute compte, a rappelé en entrevue Aaron Pawlick, responsable des initiatives stratégiques et de l’innovation pour BC Wildfire Service. Plus tôt nous pourrons détecter quelque chose, mieux ce sera, car nous pourrions l’utiliser pour envoyer nos ressources plus rapidement sur le terrain.»
La connectivité par satellite a également été considérée comme une solution potentielle pour maintenir les clients connectés en cas d’urgence, en particulier dans les régions éloignées.
Telus a annoncé l’année dernière avoir testé avec succès une technologie permettant aux téléphones intelligents d’envoyer et de recevoir des appels vocaux et des messages texte à l’aide de satellites. Le test a été réalisé en partenariat avec le fournisseur montréalais TerreStar Solutions inc. et le fournisseur de services de réseau non terrestre Skylo.
Rogers s’est quant à lui associé à SpaceX et Lynk Global pour offrir une connectivité satellite-téléphone, tandis que le fournisseur d’accès Internet rural du Nouveau-Brunswick Xplore inc. s’est engagé à offrir l’Internet par satellite dans les endroits éloignés l’automne dernier après le lancement du satellite Jupiter 3 dans l’espace.
Rogers s’est associé à SpaceX et Lynk Global pour offrir une connectivité satellite-téléphone, tandis que Xplore inc. s’est engagé à offrir l’Internet par satellite dans les zones reculées l’automne dernier, après le lancement du satellite Jupiter 3 dans l’espace.
«Dans une situation d’urgence, les gens considèrent le satellite comme une excellente alternative ou une connexion redondante, car il vous suit partout», a soutenu Rob McMahon, professeur agrégé de médias et de technologie à l’Université de l’Alberta.