(Photo: 123RF)
La mégafusion à 26 milliards de dollars entre les opérateurs de téléphonie Sprint et T-Mobile, qui promet une large couverture du territoire en technologie 5G, a reçu vendredi l’approbation des autorités américaines, mais sous conditions.
L’opération doit permettre de créer un numéro 3 capable de rivaliser avec les deux leaders du secteur, Verizon et AT&T, alors que s’amorce la bataille mondiale pour le développement de la 5G, la nouvelle génération ultrarapide de l’internet mobile.
La fusion, annoncée en avril 2018, « permettra de créer un acteur plus grand et plus audacieux que jamais auparavant », s’est félicité John Legere, PDG de T-Mobile, qui doit rester à la tête de la nouvelle entité.
Celle-ci « apportera au pays le réseau de 5G le plus innovant, des prix plus bas, une qualité inégalée et des milliers d’emplois, tout en débloquant 43 milliards de dollars grâce aux synergies », assure-t-il.
Le ministère américain de la Justice a cependant formulé plusieurs conditions de désinvestissement pour répondre aux critiques sur le risque de concentration du secteur.
Le nouveau groupe, qui marie le second et le troisième opérateur du secteur, va ainsi devoir vendre les activités de téléphonie mobile prépayées à Dish Network, un opérateur de télévision par satellite, et lui donner accès à au moins 20 000 antennes-relais et à des centaines de points de vente.
T-Mobile sera en outre obligé de lui assurer un accès à son réseau pendant sept ans, le temps pour Dish TV de développer son propre réseau 5 G.
« Avec cette fusion et le désinvestissement associé, nous étendons la couverture de manière significative car (…) de larges bandes du spectre, actuellement pas ou peu utilisées, deviennent disponibles pour les consommateurs américains sous forme de réseaux 5G de haute qualité », a déclaré Makan Delrahim, de la division anti-monopole du ministère de la Justice.
Consommateurs
T-Mobile, détenu par l’allemand Deutsche Telkom, et Sprint, contrôlé par le japonais SoftBank, avaient annoncé leur projet de mariage il y a plus d’un an. Mais celui-ci a connu de nombreux retards en raison des inquiétudes sur une concentration trop grande des acteurs. Les deux entreprises avaient déjà essuyé un premier échec de leur projet de fusion il y a quelques années.
En début d’année, 14 États américains ont intenté une action en justice pour bloquer l’opération. D’après le ministère de la Justice, cinq d’entre eux se sont finalement ralliés à l’accord annoncé vendredi, qui doit encore recevoir l’aval définitif d’un juge.
Les ONG, qui voulaient notamment préserver quatre acteurs viables pour le secteur et craignent des hausses de prix, ont rejeté cette décision.
« Le ministère ne devrait pas se plier en quatre pour faire passer une mauvaise fusion. Il peut simplement l’empêcher », a ainsi réagi Joshua Stager, du New America Foundation’s Open Technology Institute.
« Cette opération nuit aux utilisateurs de téléphones mobiles et ne peut pas être réparée », a renchéri Derek Turner, du groupe de consommateurs Free Press.
Malgré les critiques, les deux groupes espèrent officialiser leur union au deuxième semestre. Ils compteront environ 127 millions d’abonnés à leurs différents services aux États-Unis, dont quelque 100 millions dans la seule téléphonie mobile.
Ils se sont engagés à couvrir le territoire américain en 5G à 97 % dans les trois ans après leur fusion et à 99 % dans les six ans.
« Deux des priorités principales de la FCC sont de refermer la fracture digitale dans l’Amérique profonde et de faire progresser l’avance américaine en matière de 5G, la prochaine génération de connectivité sans fil », avait noté en mai le régulateur américain des télécoms (FCC) dans un communiqué de soutien à l’opération.
Le projet de mariage et ses perspectives sur la 5G s’inscrivent dans un contexte de compétition mondiale féroce, notamment face à la Chine, pour le développement de cette technologie, qui permettra de faire fonctionner et relier entre eux la plupart des appareils connectés à l’avenir.
T-Mobile, qui a réalisé 43 milliards de chiffre d’affaires en 2018, prenait plus de 4 % en Bourse à 14H00, et Sprint, dont les revenus se sont établis à 32 milliards l’année dernière, grimpait de plus de 5 %.