Le gouvernement américain veut interdire la technologie chinoise sur les voitures connectées
AFP|Publié le 23 septembre 2024Le président Joe Biden s'exprimant lors du discours sur l'état de l'Union au Capitole, le 7 mars, à Washington, DC. (Photo de Matt McClain Getty Images)
Le gouvernement américain veut interdire la vente aux États-Unis de véhicules connectés intégrant de la technologie chinoise et russe, invoquant des risques pour la sécurité nationale.
Cette nouvelle mesure s’inscrit dans un durcissement de l’approche du gouvernement du président Joe Biden vis-à-vis de la Chine.
Mi-septembre, les États-Unis ont notamment annoncé que les voitures électriques importées de Chine seraient taxées à 100% à partir du 27 septembre.
Le texte dévoilé lundi par le ministère du Commerce porte sur les logiciels et terminaux qui permettent à un véhicule de communiquer avec l’extérieur, notamment pour l’assistance à la conduite et la conduite autonome.
Avant l’annonce de ces mesures par le gouvernement américain, Pékin a jugé lundi «discriminatoire» une telle interdiction. «La Chine s’oppose à la généralisation par les États-Unis du concept de sécurité nationale et aux mesures discriminatoires prises à l’encontre d’entreprises et de produits chinois», a déclaré un porte-parole de la diplomatie chinoise, Lin Jian, après la parution d’informations de presse.
L’électronique est de plus en plus intégrée aux voitures modernes et la plupart des véhicules sont aujourd’hui connectés à internet par le biais du système de navigation.
L’émergence des logiciels d’assistance à la conduite et de conduite autonome renforcent encore l’importance des interventions extérieures dans le contrôle d’une automobile en circulation.
«L’accès malveillant à ces systèmes pourrait permettre à des adversaires d’accéder et de collecter nos données les plus sensibles et manipuler des véhicules sur les routes américaines», a justifié, dans un communiqué, le bureau de la sécurité et de l’industrie du ministère.
Le gouvernement n’a pas précisé quels constructeurs ou quels modèles seraient susceptibles de tomber sous le coup de cette législation, dont le texte va être soumis à consultation durant 30 jours, avant de prendre sa forme définitive.
Sollicité par l’AFP, le Conseil de l’industrie automobile américaine (AAPC), qui représente les trois géants de l’industrie General Motors, Ford et Stellantis, n’a pas donné suite dans l’immédiat.
Il n’y a pas de véhicules de marque chinoise commercialisés aujourd’hui aux États-Unis.
Mais certains constructeurs occidentaux, comme Volvo, suédois mais contrôlé par le Chinois Geely, Polestar, Buick (groupe GM) ou Lincoln (filiale de Ford) y vendent des voitures fabriquées en Chine.
«Un risque sérieux»
Au-delà se pose la question des véhicules assemblés aux États-Unis, mais pouvant utiliser des pièces chinoises.
Les autorités américaines ont mené préalablement une étude afin d’évaluer l’impact qu’aurait cette mesure sur l’industrie, a expliqué une source officielle.
De cette analyse est ressortie que la pénétration des logiciels chinois et russes étaient «minimale», a-t-elle précisé.
Pour les terminaux, «c’est un peu plus compliqué», selon la source. «Il y a davantage d’équipements chinois » en circulation hors de Chine, l’interdiction nécessitant « des changements de fournisseurs».
De ce fait, le gouvernement n’entend pas appliquer l’interdiction concernant l’appareillage physique avant 2029, afin de donner un temps d’adaptation nécessaire à l’industrie.
Dans le cas des logiciels, en revanche, la mesure serait effective dès 2027.
«Aujourd’hui, les automobiles ont des caméras, des micros, des GPS et d’autres technologies connectées à internet», a mis en avant la ministre du Commerce, Gina Raimondo, citée dans le communiqué.
«Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour comprendre qu’un adversaire étranger bénéficiant d’un accès à ces informations pourraient présenter un risque sérieux pour la sécurité nationale et la protection des données des citoyens américains», a-t-elle ajouté.
Dès lors, a expliqué la ministre, le gouvernement américain est résolu à prendre des mesures «pro-actives» pour «préserver les routes américaines de la technologie russe et chinoise».
La politique commerciale des États-Unis est l’un des sujets phares de la campagne présidentielle américaine.
Lors de son mandat, Donald Trump avait tenu un discours offensif vis-à-vis de la Chine et mis en place des droits de douane sur les importations de produits fabriqués en République populaire.
Ce dispositif a été, pour l’essentiel, maintenu par Joe Biden une fois à la Maison-Blanche.
Outre les tarifs douaniers, le gouvernement Biden a restreint les possibilités d’exportation vers la Chine de certains produits technologiques, surtout des semi-conducteurs et des machines utilisées pour leur fabrication.
Il s’agit de limiter l’accès des entreprises chinoises, à des équipements de pointe achetés à l’étranger, en particulier à des fins militaires.