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Elon Musk et la Californie enterrent la hache de guerre

AFP|Publié le 14 mai 2020

Elon Musk et la Californie enterrent la hache de guerre

Elon Musk (Photo: Getty images)

Après des jours d’une guerre médiatique et juridique, Elon Musk, soutenu par le président Donald Trump, a fini par s’accorder avec les autorités californiennes, qui ont annoncé l’ouverture dès la semaine prochaine de l’usine de production de voitures électriques Tesla fermée mi-mars pour cause de pandémie de coronavirus.

Tesla et les autorités du comté d’Alameda, abritant la ville de Fremont, où se trouve la seule chaîne de montage du groupe aux États-Unis, sont parvenus à un accord autorisant le constructeur de véhicules électriques à rouvrir «dès la semaine prochaine», mais sous certaines conditions sanitaires.

La production pourrait reprendre dès lundi 18 mai, ce qui coïnciderait avec la reprise de l’activité dans les usines du «Big Three» de Detroit – General Motors, Ford et Fiat Chrysler (FCA US) -.

 

Discussions productives

Dans une série de tweets, les autorités du comté d’Alameda expliquent avoir eu «des discussions productives avec les représentants de Tesla» après la présentation d’un plan de remise en service tenant compte des exigences sanitaires liées à la pandémie.

Ce feu vert s’accompagne d’une batterie de conditions, en particulier tenir compte des modifications au plan de reprise demandées par les services de santé du comté et que les indicateurs de santé publique restent stables ou s’améliorent.

Et comme les actes de défiance d’Elon Musk ont sans doute échaudé les autorités, elles précisent que la police locale sera chargée de s’assurer que «Tesla applique bien les mesures de distanciation physique, et que les mesures sanitaires sur lesquelles les parties se sont accordées sont bien en place pour assurer la sécurité des travailleurs tandis qu’ils se préparent à reprendre une production normale».

Tesla s’était engagé la semaine dernière à vérifier quotidiennement la température de ses employés, à installer des séparations entre employés sur les stations de travail et à désinfecter régulièrement l’usine.

Sollicité par l’AFP, le groupe n’a pas réagi jeudi dans l’immédiat. M. Musk, pourtant très actif sur Twitter, n’avait pas encore envoyé de tweet victorieux.

 

Pression sur les salariés

L’accord met fin à des semaines de colère du fantasque et imprévisible milliardaire contre des mesures de confinement jugées «fascistes» l’empêchant de fabriquer ses voitures électriques.

Il était passé à l’offensive samedi en annonçant poursuivre en justice le comté d’Alameda.

Pour faire bonne figure face aux critiques qui y voyaient un artifice médiatique, il a annoncé deux jours plus tard, à la surprise générale, le redémarrage de l’usine.

«Tesla reprend la production aujourd’hui (ndlr: lundi), contre les règles du comté d’Alameda. Je serai au travail avec tout le monde. Si quelqu’un est arrêté, je demande que ce soit moi, et moi seul», avait tweeté le co-fondateur et directeur général de Tesla.

Le «génie», comme le considère le président Trump, était allé plus loin en menaçant de déménager l’usine de montage et le siège.

Saisissant la balle au bond, des États, dont le Texas et le Nevada, lui avaient proposé d’installer Tesla sur leurs terres, mais les détracteurs soulignaient que la Californie offre un réservoir de talents dont a besoin Tesla pour jouer les premiers rôles dans les voitures autonomes.

Des images de médias locaux montraient mardi des parkings destinés aux employés remplis, des va-et-vient de camions, signe que l’activité avait bel et bien repris sur le site.

Le même jour, Donald Trump, qui piaffe lui aussi pour que les entreprises puissent reprendre leur activité et permettre un redémarrage de la première économie du monde en cette année électorale, avait demandé à la Californie de laisser «Elon Musk rouvrir l’usine, MAINTENANT».

Actif sur les terrains médiatique, politique et juridique, Tesla, qui emploie 10 000 personnes à Fremont, a mis aussi la pression sur les salariés, leur demandant de choisir entre revenir au travail ou rester chez eux et courir ainsi le risque de perdre leurs avantages sociaux.

«Une fois que vous êtes convoqués pour revenir, vous ne serez plus au chômage technique; par conséquent, si vous choisissez de ne pas travailler, ça pourrait avoir des conséquences sur vos indemnités chômage comme déterminé par l’agence gouvernementale locale et non par Tesla», a écrit Valerie Workman, la directrice des ressources humaines dans un courriel adressé mercredi aux salariés et publié par CNBC.

Tesla est pourtant un des rares groupes automobiles à avoir été épargné par la pandémie: le constructeur a dégagé un bénéfice net de 16 millions au premier trimestre et dispose désormais d’une part de marché dans la voiture électrique quasiment indépassable.