Le syndicat créé par des employés de Google est le premier de la Silicon Valley. (Photo: 123RF)
Des salariés de Google ont annoncé lundi créer un syndicat, une décision qui coïncide avec une multiplication des divergences avec leur direction et avec une période de mécontentement grandissant envers les géants de la Silicon Valley.
Ce syndicat, qui sera un des tout premiers au sein d’un fleuron de la Silicon Valley, ne s’occupera pas que des questions liées aux salaires et conditions de travail, mais aussi des problématiques éthiques, selon un communiqué des fondateurs.
«Ça va être le tout premier syndicat ouvert à tous les employés et contractuels d’Alphabet, avec des membres s’acquittant d’une cotisation, un conseil d’administration (représentatif) et un personnel dûment rémunéré» peut-on lire dans le document.
Environ 226 salariés ont déjà fait part de leur intention de le rejoindre, affirment dans une tribune, publiée dans le New York Times, Parul Koul et Chewy Shaw, tous deux ingénieurs.
Alphabet chapeaute plusieurs entités dont Google, Youtube et Waymo (voitures autonomes), Verily, Fitbit et Wing, et emploie plus de 130 000 personnes à travers le monde.
«Bien évidemment que nos employés ont des droits que nous soutenons. Mais comme nous l’avons toujours fait, nous continuerons à discuter directement avec tous nos salariés», a déclaré Kara Silverstein, une dirigeante de Google dans un courriel à l’AFP.
Le syndicat «va être la structure garantissant que les employés de Google peuvent pousser activement pour de réels changements au sein de l’entreprise, des contrats aux salaires en passant par les questions de rémunération. Toutes les problématiques liées à l’environnement de travail vont échouer dans le champ de compétence du syndicat et de ses adhérents», soulignent les fondateurs.
Tensions internes
La formation d’un syndicat chez Google intervient après plusieurs mois de tensions internes.
En 2018, des salariés de Google ont signé une pétition demandant à leur PDG, Sundar Pichai, de mettre fin à la participation du groupe au programme de recherche du Pentagone baptisé Maven.
La même année, des salariés du groupe ont protesté solennellement contre l’octroi de grosses indemnisations de départ à des dirigeants accusés de harcèlement sexuel, dont 90 millions de dollars au patron d’Android, Andy Rubin.
Plus récemment, c’est le licenciement en décembre 2020 de Timnit Gebru, une chercheuse noire sur les questions d’éthique liées à l’intelligence artificielle, qui a cristallisé la colère des salariés.
«Ce licenciement a suscité l’indignation chez bien d’entre nous, notamment chez les Noirs et les Hispaniques, qui sont bouleversés par les actions de l’entreprise et n’ont pas d’assurance sur leur avenir chez Google», dénoncent encore les fondateurs du syndicat.
La Silicon Valley était parvenue à éviter la création de syndicats en offrant de généreuses rémunérations à ses salariés, mais fait face désormais à un activisme des employés sur de nombreuses problématiques sociétales.