Ce dont nos PME ont besoin, c’est d’une véritable culture du numérique. (Photo: Adobe Stock)
EXPERT INVITÉ. Les PME canadiennes se retrouvent aujourd’hui devant à un dilemme crucial: comment rester compétitives dans un contexte économique qui ne cesse de les fragiliser ?
Depuis la pandémie, la productivité des entreprises canadiennes a pris un coup de frein, au moment où la rémunération des employés grimpe de manière constante. Ce décalage est palpable dans presque tous les secteurs: de la construction à l’industrie manufacturière, en passant par les services professionnels. Ce qui pourrait sembler être une bonne nouvelle pour les travailleurs devient, en réalité, un poids insoutenable pour les entrepreneurs.
Les fermetures d’entreprises sont désormais monnaie courante, et cela s’explique en partie par les taux d’intérêt élevés qui, pendant des mois, ont étranglé les PME. Contrairement aux grandes entreprises, ces dernières n’ont pas accès aux mêmes options de financement et sont souvent les premières à sentir la pression lorsque les banques resserrent les conditions de crédit. La semaine dernière, la Banque du Canada a poursuivi la baisse de son taux directeur et, bien que modeste, cette réduction pourrait offrir la bouffée d’oxygène tant attendue.
Depuis des mois, les taux élevés ont ralenti l’investissement en innovation et en technologie. Les grandes entreprises peuvent s’appuyer sur des liquidités ou des facilités de crédit, mais les PME, elles, sont directement frappées. Cette baisse pourrait bien marquer le début d’une phase où les petites et moyennes entreprises ont enfin les moyens de rattraper leur retard numérique.
Ce retard ne se traduit pas seulement par des outils obsolètes, mais par une incapacité à automatiser des tâches qui devraient aujourd’hui être des réflexes dans la gestion d’une entreprise compétitive. La question n’est pas seulement d’améliorer la productivité, mais de survivre.
Avec cette occasion de financement plus accessible, il est crucial que les PME accélèrent le virage numérique. Non pas en demandant aux employés d’en faire plus, mais en leur offrant des outils qui maximisent leur efficacité.
Du côté des ventes, combien de PME fonctionnent encore sans logiciel de gestion des relations clients (CRM)? Avec ces systèmes permettant de centraliser les données clients, d’automatiser les suivis et d’améliorer l’expérience client, le gain d’efficacité est considérable.
Quant à la gestion des inventaires, combien de petites entreprises naviguent encore dans le brouillard? Les technologies d’automatisation sont pourtant disponibles et permettent de suivre en temps réel l’état des inventaires, d’automatiser les commandes de réapprovisionnement et de réduire les erreurs humaines. Elles permettent aussi d’optimiser les niveaux de stock, réduisant ainsi les coûts d’entreposage et les risques de pénurie ou de surstockage, deux facteurs qui pèsent lourdement sur la productivité.
Du côté du service à la clientèle, les projets numériques accumulent aussi la poussière. Pourtant l’implantation de systèmes de ticketing ou de chatbots ont fait leurs preuves pour répondre plus rapidement aux demandes des clients, tout en réduisant la charge de travail des équipes. En automatisant les réponses aux questions fréquentes et en gérant efficacement les demandes via un système de tickets, les PME pourraient améliorer la satisfaction des clients tout en consacrant moins de ressources humaines aux tâches répétitives.
En fin de compte, il est tentant de penser que les défis des PME se résument à un manque de main-d’œuvre ou à des coûts qui explosent, mais cette approche est un miroir déformant. Ce dont nos PME ont besoin, c’est d’une véritable culture du numérique. C’est en adoptant ces technologies que les entreprises seront en mesure non seulement de rattraper leur retard, mais aussi de prospérer dans un environnement toujours plus compétitif. Ignorer cette occasion, c’est condamner les PME à rester en marge d’une économie qui évolue à toute vitesse. Le coût de l’inaction pourrait être bien plus élevé que celui de l’adoption de ces technologies.
La productivité des employés, aussi dévoués soient-ils, ne peut augmenter sans outils adaptés. Il ne s’agit plus simplement de gagner du temps ou de réduire les coûts, mais de transformer la manière même dont les PME fonctionnent.
La Banque du Canada a fait son premier geste en baissant les taux d’intérêt, et les PME doivent saisir cette occasion avant qu’il ne soit trop tard. La baisse des taux est un signal fort, une fenêtre pour investir intelligemment, pour transformer les faiblesses en force. Si les entrepreneurs prennent ce virage, nous pourrions assister à une véritable renaissance des petites et moyennes entreprises, un moteur essentiel de l’économie canadienne. Mais si cette occasion favorable est ignorée, les conséquences seront lourdes pour un secteur déjà malmené.
En fin de compte, la productivité se construira un outil numérique à la fois.