Automatisation et productivité: une vision à long terme s’impose
Le courrier des lecteurs|Publié le 23 septembre 2024(Photo: Adobe Stock)
Un texte de Christopher Skeete, ministre délégué à l’Économie, ministre responsable de la Lutte contre le racisme et ministre responsable de la région de Laval
COURRIER DES LECTEURS. Les récentes déclarations de certaines organisations patronales et certains manufacturiers m’interpellent. Nous sommes à la croisée des chemins: nos entreprises doivent impérativement effectuer le virage technologique qui s’impose depuis longtemps. Les discussions récentes sur les travailleurs étrangers temporaires et l’immigration mettent en lumière la pression qu’ils exercent sur nos institutions et la qualité de nos services publics. C’est un débat sain, bien que difficile, et je suis heureux d’y contribuer.
Le recours aux travailleurs étrangers est souvent mis de l’avant pour contrer les défis du marché de la main-d’œuvre. Cependant, certaines solutions se sont montrées plus durables et innovantes pour faire face à ces problématiques. On devrait d’abord explorer l’automatisation, le virage numérique et l’innovation, pour ne nommer que ces options. La recette de ceux qui réussissent est d’accroître la productivité, ce qui mène à l’enrichissement des entreprises et de la collectivité.
Le Québec, autrefois en retard sur l’Ontario et le reste du Canada, a réduit son écart de richesse, passant de 15,9% à 13,5% pour la première fois depuis très longtemps. Même dans un contexte économique mitigé, notre économie continue de bien performer. Notre taux de chômage est plus bas (5,7% au Québec contre 7,1% en Ontario) et notre taux d’activité chez les 15 à 64 ans reste plus élevé (81,5% au Québec contre 78,7% en Ontario). Nos travailleurs continuent de s’enrichir plus vite que dans le reste du Canada. J’en suis fier.
Cependant, cette bonne performance de notre économie cause une rareté de main-d’œuvre, rendant difficile l’embauche pour les entreprises.
Un fait attire toujours mon attention: nos entreprises ne sont pas encore assez productives. Elles n’investissent pas assez en innovation et comptent trop souvent sur une main-d’œuvre bon marché. Le risque est de se faire dépasser par un marché mondial plus efficace.
Il faut donc changer nos comportements. Il faut investir temps et argent pour concevoir des programmes et financer les initiatives de transformation de nos entreprises. L’Offensive de transformation numérique (OTN) souhaite investir 240M$ d’ici mars 2025 pour sensibiliser plus de 115 000 entreprises et en accompagner 20 000 dans leurs démarches. Investissement Québec, avec son initiative Productivité innovation, a déjà injecté 3,6G$ dans nos PME pour financer leurs efforts de transformation.
En tant que ministre, j’ai parcouru le Québec, visité plusieurs PME et constaté les effets de cette transformation sur la productivité. Parmi les nombreux entrepreneurs rencontrés, aucun ne souhaite revenir en arrière. Le moment est bien choisi pour prendre le virage numérique!