Amazon: un mouvement pour de meilleurs salaires atteint le Québec
La Presse Canadienne|Publié le 25 novembre 2022La porte-parole d’Amazon, Kristin Gable, a souligné que l’entreprise investissait de manière significative dans tous les domaines que les manifestants critiquent. (Photo: La Presse Canadienne)
D’anciens travailleurs et organisateurs syndicaux d’Amazon.com ont visité vendredi certains des sites québécois du géant du commerce électronique dans le cadre d’un mouvement mondial exhortant l’entreprise à cesser de «coincer» les travailleurs, les communautés et la planète.
Mostafa Henaway, un ancien travailleur d’Amazon et militant syndical du Centre des travailleurs immigrants, a indiqué que lui et d’autres approcheraient les travailleurs des installations YUL2 et DXT6, à Lachine, pour leur rappeler leurs droits et encourager leur employeur à faire mieux.
«Nous sommes ici aujourd’hui, avec d’autres associés d’Amazon à travers le monde, pour dire que ça suffit», a déclaré M. Henaway, qui a travaillé au centre de livraison DTX4, à Laval.
«À quel coût avons-nous une livraison rapide et gratuite?»
La visite, programmée pour le Vendredi fou — l’une des périodes les plus chargées de l’entreprise basée à Seattle — vise à pousser l’entreprise à payer des salaires et des impôts équitables et à mieux tenir compte de son impact sur l’environnement.
Cela fait partie du mouvement Make Amazon Pay, qui verra les travailleurs d’Amazon et des groupes de défense des droits des travailleurs dans au moins 30 pays, dont les États-Unis et l’Angleterre, faire la grève ou se rassembler pour soutenir des salaires équitables et les mesures contre le changement climatique.
Les travailleurs de ces pays dénoncent une prétendue baisse des salaires alors qu’Amazon engrange des revenus records. L’entreprise ne paye aucun impôt sur le revenu en Europe et a vu ses émissions de CO2 augmenter de 18% l’année dernière.
«Pour les travailleurs et les consommateurs, tous les prix augmentent. Et pour tout le monde, la température est globalement de plus en plus élevée et notre planète est sous pression», peut-on lire sur le site web de Make Amazon Pay. «Mais plutôt que de soutenir ses employés, les collectivités et la planète, Amazon les presse jusqu’à la dernière goutte.»
En réponse, la porte-parole d’Amazon, Kristin Gable, a souligné que l’entreprise investissait de manière significative dans tous les domaines que les manifestants critiquent.
L’entreprise s’est engagée à être carboneutre d’ici 2040 et offre «des salaires concurrentiels et d’excellents avantages sociaux» tout en «inventant» des moyens de garder le personnel en bonne santé et en sécurité, a-t-elle ajouté.
«Bien que nous ne soyons parfaits dans aucun domaine, si on regarde objectivement ce que fait Amazon sur ces questions importantes, on voit que nous prenons notre rôle et notre impact très au sérieux», a-t-elle fait valoir.
«Précipitation constante»
M. Henaway, qui a écrit un exposé au sujet du mois pendant lequel il a travaillé pour l’entreprise en 2021, n’est pas d’accord.
Il a indiqué que les nouveaux employés étaient bombardés d’avantages et a estimé que cela visait à leur donner l’impression que l’entreprise entrait dans l’histoire, mais qu’ils devenaient lentement «épuisés» par les demandes d’Amazon.
«Cela coûte cher de faire le même travail, minute après minute, seconde après seconde», a-t-il affirmé.
«Il y a cette précipitation constante pour exécuter les tâches dans un temps donné, et on est constamment surveillé.»
La pression est encore plus forte lors du Vendredi fou, qu’il décrit comme l’une des journées les plus tendues chez Amazon, exception faite de la période des Fêtes de décembre.
«Amazon crée un système où on vous dit que vous êtes spécial, que vous faites partie de la famille et à la fin de la journée, vous êtes en quelque sorte expulsé si vous n’atteignez pas certains quotas», a-t-il affirmé.
Plusieurs se sont plaints des pratiques de travail d’Amazon dans le passé.
En 2019, la section locale 175 du syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce au Canada (TUAC Canada) a accusé une filiale de traitement des commandes d’Amazon de se livrer à des pratiques de travail déloyales en encourageant les sous-traitants à ne pas soutenir les syndicalisations. Les sous-traitants qui avaient des travailleurs souhaitant se syndiquer ont vu leurs contrats considérablement réduits, ce qui a entraîné des mises à pied, des fermetures et des faillites.
Lundi, un juge américain a ordonné à l’entreprise de cesser d’exercer des représailles contre les employés engagés dans l’activisme sur le lieu de travail, après que le conseil national des relations de travail a poursuivi Amazon pour obliger l’entreprise à réintégrer un employé d’entrepôt de New York qui avait été mis à pied pour ses activités syndicales.