La course d'obstacles de l'innovation en santé


Édition du 15 Août 2015

La course d'obstacles de l'innovation en santé


Édition du 15 Août 2015

Adopter une autre comptabilité

Enfin, c'est tout le système de gestion et d'analyse des dépenses qui est à revoir. «Aujourd'hui, la comptabilité des établissements de santé est telle qu'on ne sait pas calculer le coût global d'un patient. On ne connaît ce qu'il a coûté que service par service», déplore Joanne Castonguay, qui tente depuis deux ans de faire financer par des fonds publics un projet d'étude sur l'innovation en santé.

La conséquence est très nuisible à l'adoption des innovations. «Notre secteur d'activité a ceci de particulier que les investissements faits au laboratoire en introduisant des tests innovateurs, comme un biomarqueur qui permet de mieux gérer l'administration de l'antibiothérapie ou de diagnostiquer les traumas crâniens plutôt que de faire un scanner, par exemple, trouvent toujours leur rendement de l'investissement ailleurs dans le réseau [en l'occurrence, la pharmacie et la radiologie], explique François Drolet. Cela rend l'adoption de ces innovations encore plus difficiles», puisque chaque responsable de département doit réduire les coûts dans son pré carré.

Le réseau de la santé saura-t-il changer de paradigme ? La pression sur les budgets de dépenses - une limite de 1,4 % de croissance imposée cette année par Québec comparativement à 5,8 % en moyenne annuelle entre 2002 et 2012 - pourrait accélérer le mouvement.

L'hôpital Sainte-Justine développe sa culture de l'innovation

Pour que l'innovation puisse prendre sa place à l'hôpital, il faut de l'écoute et un terrain réceptif au changement. Ça prend «des gens créatifs, mais pas seulement. Il faut aussi développer une culture de pensée intégrante : que l'ensemble des acteurs puissent partager cette notion de créativité et d'innovation dans une communauté de pratique», a affirmé Fabrice Brunet, directeur général du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, lors du Sommet sur la santé organisé par Les Affaires, en juin.

Cette conviction a entraîné la mise en place de plusieurs projets de plateformes afin de susciter la synergie entre le personnel, les chercheurs et les patients, et de favoriser l'intégration des innovations. Le pavillon du Technopôle en réadaptation pédiatrique en fait partie. En cours de création, il permettra de développer et d'évaluer des produits technologiques utiles aux patients, par exemple relativement à la mobilité et à la suppléance à la communication orale et écrite.

Cossette et son observatoire de la santé

Pour accompagner les innovations technologiques dans le domaine de la santé, l'agence de communication Cossette a mis sur pied un observatoire de la santé l'année dernière. Avec une trentaine de clients intéressés de près ou de loin par le secteur, comme General Mills, Telus ou des associations favorisant le sport chez les jeunes, l'agence a eu l'idée de produire et diffuser des travaux de recherche liés à l'apport de la technologie dans le secteur de la santé. Avec un autre observatoire, sur le marketing celui-là, et un incubateur de start-up technologiques, l'observatoire de la santé a été placé dans le Cossette Lab, qui a pour but de favoriser l'évolution de l'offre en technologie et en innovation.

«On voit que l'innovation technologique en santé, comme la santé personnalisée, va prendre de l'ampleur. Les gens utilisent de plus en plus d'outils pour les aider à suivre leur santé. Pour nos clients, ça veut dire qu'ils doivent communiquer différemment», explique Malik Yacoubi, vice-président, technologies et mobilité, qui veut «faire de Cossette un hub [une plaque tournante] d'innovation technologique constamment à l'avant-garde».

Une étude menée dans le cadre de l'observatoire a montré que 63 % des Canadiens faisaient des recherches sur Internet quand ils se posent des questions sur leur santé, et qu'ils sont majoritairement très ou assez à l'aise avec l'idée que leurs informations personnelles soient accessibles par le dossier médical électronique. Elle révèle aussi que la prise de rendez-vous chez le médecin se fait encore à 74 % par téléphone.

Des réussites

Le secteur des technologies médicales est aujourd'hui en ébullition. Selon l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux (INESSS), une vingtaine de start-up ont vu le jour au cours des deux dernières années seulement ; elles sont souvent issues des découvertes de recherches universitaires. Et des entreprises plus matures ont enregistré de beaux succès. CryoCath Technologies, une entreprise de Kirkland spécialisée dans les produits de cryothérapie pour traiter les arythmies cardiaques, a été rachetée pour environ 400 millions de dollars par la multinationale américaine Medtronic en 2008. Aujourd'hui, la firme a entre autres une usine de fabrication de cathéters à Montréal, où travaillent près de 400 employés. Autre exemple : Infectio Diagnostic, fondée à Québec en 1997 et qui s'est ensuite associée à GeneOhm Sciences, a été rachetée par Becton Dickinson en 2006. Le bureau de Québec, où travaillent environ 300 personnes, s'est spécialisé dans le développement et la fabrication de trousses de diagnostic rapide pour les maladies nosocomiales. Ce sont des histoires à succès, bien que certains regrettent que ces sociétés aient été rachetées par des intérêts étrangers.

> 73 % : Selon le MEDEC, l'association qui réunit les sociétés canadiennes de technologies médicales, 73 % des entreprises du secteur sont des PME. Toutefois, la majorité des emplois sont dans les multinationales comme Siemens, Roche Diagnostics Canada, Philips Healhcare et GE Healthcare.

À lire aussi:
Le cas de Medipense et de son pilulier intelligent
Les TIC en santé : agilité, intégration et partenariat

À la une

Bourse: Wall Street termine en hausse

Mis à jour le 23/04/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto a pris plus de 100 points mardi.

Tesla: chute de 55% du bénéfice net au 1T

23/04/2024 | AFP

Le constructeur compte produire un véhicule électrique à bas coût «aussi vite que possible».

À surveiller: Metro, Gildan et American Express

23/04/2024 | Catherine Charron

Que faire avec les titres de Metro, Gildan et American Express? Voici des recommandations d'analystes.