Avec Kite Pharma, Gilead s'attaque au cancer

Publié le 28/08/2017 à 12:18

Avec Kite Pharma, Gilead s'attaque au cancer

Publié le 28/08/2017 à 12:18

Par AFP

Le groupe pharmaceutique américain Gilead a fait un grand pas vers sa diversification en annonçant lundi le rachat pour 11,9 milliards de dollars de son compatriote Kite Pharma, l'un des leaders mondiaux d'une immunothérapie contre le cancer très prometteuse. 

«Unanimement approuvée» par les conseils d'administration des deux sociétés, l'opération devrait être finalisée au quatrième trimestre, selon un communiqué commun.

Gilead a proposé 180 dollars par action de Kite Pharma, ce qui représente une prime de 29% par rapport au cours de clôture vendredi. Lundi sur le Nasdaq, le titre de Kite Pharma bondissait d'autant, tandis que celui de Gilead grimpait d'environ 2%.

Gilead a bâti sa fortune dans le champ des maladies infectieuses, s'étant d'abord spécialisé dans des traitements contre le sida, comme le Truvada, et contre des maladies du foie, notamment l'hépatite C.

Le groupe a relevé ses prévisions annuelles après des résultats supérieurs aux attentes au deuxième trimestre, mais il est confronté au recul de ses ventes de ses médicaments contre l'hépatite C, désormais concurrencés par des médicaments moins chers et tout aussi efficaces.

L'acquisition de Kite Pharma devrait être neutre sur ses résultats à partir de la troisième année, avant de devenir rentable, selon Gilead, qui prévoit de financer l'opération avec ses fonds propres, mais aussi de l'endettement bancaire et obligataire.

«On savait que Gilead avait l'une des réserves de cash les plus importantes du marché (pharmaceutique, NDLR), donc on se doutait qu'ils allaient faire une grosse acquisition», a déclaré à l'AFP Jean-Baptiste Mayet, consultant chez Bionest Partners, société franco-américaine de conseil en stratégie dans les sciences de la vie.

Un marché potentiel de 8,5 mds de dollars

Kite Pharma fait partie des sociétés les plus avancées dans le développement de cellules CAR-T, aux côtés du géant suisse Novartis et une autre biotech américaine, Juno Therapeutics.

Cette technologie émergente consiste à reprogrammer génétiquement une catégorie de cellules immunitaires d'un patient, les lymphocytes T, pour leur permettre de détecter et de tuer des cellules cancéreuses.

Le marché mondial des CAR-T devrait atteindre 8,5 milliards de dollars d'ici 2028, selon une estimation du cabinet d'études Coherent Market en début d'année.

C'est Novartis qui devrait obtenir, d'ici début octobre, la première autorisation de commercialisation d'un traitement CAR-T, CTL019, dans une indication contre la leucémie lymphoblastique aiguë sur le marché américain.

Mais Kite Pharma compte arriver juste après, d'ici fin novembre aux Etats-Unis, avec son premier produit, Axi-cel, ciblant une forme de cancer du sang très répandue, le lymphome diffus à grandes cellules B. La biotech espère par ailleurs décrocher une autorisation en Europe dès l'an prochain.

En mai, le cabinet d'études EvaluatePharma valorisait Axi-cel à 7,4 milliards de dollars, ce qui en faisait l'un des 10 plus importants actifs pharmaceutiques en développement au monde. Ses ventes mondiales devraient dépasser 1,7 milliard de dollars à horizon 2022, toujours selon EvaluatePharma.

L'acquisition de Kite Pharma «est une très bonne nouvelle pour le secteur, l'intérêt pour ces nouvelles thérapies en oncologie se confirme», a déclaré à l'AFP André Choulika, fondateur et PDG de la biotech française Cellectis, également présente dans le domaine des CAR-T.

Les produits de Cellectis sont à des stades de développement bien plus précoces que ses grands concurrents. Mais la biotech française se démarque en étant pionnière de cellules CAR-T de deuxième génération, immédiatement disponibles car fabriquées en amont, à partir de prélèvements auprès de donneurs sains, et non à partir des propres cellules du patient comme c'est le cas actuellement.

«Chez un patient cancéreux les cellules T peuvent être de mauvaise qualité, ou en nombre insuffisant. Une production individualisée présente aussi des risques de complication de fabrication et des coûts extrêmements élevés», souligne M. Choulika.

Tous les grands acteurs des CAR-T s'intéressent aussi à la piste de ces CAR-T «universelles», obtenues en modifiant l'ADN de ces cellules pour les faire accepter par le système immunitaire du patient. Très séduisante sur le papier car plus rapide et plus économique, cette approche devra toutefois encore démontrer son efficacité thérapeutique dans les années à venir, prévient Bionest.

 

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