Plan Nord : en attente du réveil de la Chine


Édition du 14 Mai 2016

Plan Nord : en attente du réveil de la Chine


Édition du 14 Mai 2016

« Les projets sont là », affirme le ministre Pierre Arcand, qui cite le démarrage, l’été dernier, de la mine d’or Éléonore, de Goldcorp, sur le territoire de la Baie-James.

Le Plan Nord semble avancer de façon désespérément lente. Mais industriels, fonctionnaires et élus sont convaincus que tout n'est qu'une question de temps. Et que la Chine sera encore un acteur clé quand ce moment viendra.

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La neuvième édition de la conférence Objectif Nord, du Groupe Les Affaires, n'a pas été le lieu de grandes annonces, le 26 avril, à Québec, presque cinq ans après le lancement du programme par Jean Charest.

Au forum, le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a affirmé la nécessité «de rétablir la confiance» dans le Plan dont il est le titulaire. «Oui, il y a une baisse du prix mondial des métaux, mais pas de tous les métaux. Le défi est toujours de trouver un financement parfois un peu plus difficile» à dénicher.

«Mais les projets sont là, a enchaîné le ministre Arcand. Le potentiel est immense. Des projets miniers devraient passer au stade de l'exploitation au cours des prochaines années, tant dans les métaux traditionnels que dans des minéraux soutenant des applications de haute technologie.» Certains ont déjà démarré, a-t-il rappelé. Comme la mine d'or Éléonore, de Goldcorp, l'été dernier, sur le territoire de la Baie-James.

Baisse des exportations vers la Chine

C'est un acteur étranger qui refroidit l'enthousiasme. L'économie chinoise, le moteur mondial qui propulse l'activité minière, s'est mise au ralenti. Pour le Québec, cela s'est traduit par une baisse abrupte de la valeur des exportations de minerai vers l'empire du Milieu, a indiqué le représentant du Québec en Chine, Jean-François Lépine : de 897 millions de dollars, en 2014, à 336 M$, en 2015.

Le contexte politique de là-bas trouve un écho ici. La Chine est engagée «dans une guerre féroce à la corruption» et un «nettoyage systématique» des grandes entreprises contrôlées par l'État, a indiqué l'ex-journaliste. Ainsi, la chinoise Wisco, qui a investi plus de 400 M$ dans trois gisements, entre autres, à la Baie-James et près de Schefferville, voit ses projets ralentis par les accusations criminelles portées contre son pdg, expulsé et de son poste et du Parti communiste.

Conditions gagnantes

Dans le pays le plus populeux du monde, la croissance économique, bien que diminuée de moitié, semble tout de même se stabiliser à 4,5 % par an, a poursuivi M. Lépine. Il existe aussi «des fonds privés d'investissement pour une classe ultra-riche. C'est quotidiennement que les bureaux québécois les reçoivent».

Ils lorgnent des «gisements très rentables, avec une capacité énorme», et portent un intérêt marqué pour des minerais stratégiques, comme les terres rares. «Les Chinois sont obsédés de sécurité nationale», a souligné M. Lépine.

Pour le ministre Pierre Arcand, le Plan Nord ne se résume pas à l'industrie minière. Il a cité un projet d'agriculture en secteur nordique, la création d'aires protégées, des programmes de formation.

Mais ce qu'il pourrait appeler la mise en place de conditions gagnantes du Plan Nord recoupe les besoins du secteur des mines. L'amélioration des télécommunications bénéficiera à la santé, à l'éducation et à la justice, mais aussi aux secteurs industriels.

En entrevue, Pierre Arcand s'est dit convaincu que les activités, dans la fosse du Labrador où sont localisés nombre de gisements, «reprendront. On aura besoin de fer pour les infrastructures», que ce soit en Chine ou ailleurs.

D'ici au regain d'intérêt, notamment chez les Américains, il faut préparer l'atterrissage des projets en investissant dans nos infrastructures. Selon le ministre, «l'événement marquant de l'année» est l'achat par Québec des terrains menant au quai multiusager de Pointe-Noire, à Sept-Îles. Il croit avoir ainsi neutralisé «un pouvoir de nuisance important» sur plusieurs projets.

Armand Mackenzie, porte-parole de Tata Steel, a applaudi l'intervention de Québec, qui a brisé «une situation de monopole» de Cliffs Natural Resources. Cela avait forcé la firme indienne à un coûteux report de son projet minier, pour lequel elle a investi un milliard de dollars à Schefferville.

Une première étude pour un troisième lien ferroviaire sur la Côte-Nord est attendue à l'automne. Il n'est pas exclu que les minières justifient d'ailleurs l'aménagement de lignes à haute tension vers le Nord.

Le forum a été l'occasion pour des promoteurs de revenir sur la sempiternelle question des délais concernant les permis. Guy Bourassa, président de Nemaska Lithium, a trouvé le parcours du combattant pénible. «Oui, c'est long. Mais ça amène peut-être à se poser des questions. [...] Nous ferons une mine qui coûtera moins cher. Et nous réduirons notre empreinte environnementale», a-t-il dit.

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