Le projet d'étude sur un troisième lien ferroviaire soulève peu d'enthousiasme


Édition du 06 Septembre 2014

Le projet d'étude sur un troisième lien ferroviaire soulève peu d'enthousiasme


Édition du 06 Septembre 2014

Par Suzanne Dansereau

Pas le bon moment

Il semble que ce soit un bien mauvais moment pour solliciter des investissements de plusieurs centaines de milliers de dollars, voire de millions, en vue d'une étude pour un projet dans lequel personne n'est en position de s'engager financièrement. Ni Québec, ni les minières. Certes, les études de faisabilité de projet doivent inclure un lien ferroviaire ; mais pas nécessairement un nouveau lien, qui coûterait près de 2 milliards de dollars.

«Tous les projets de mine de fer souffrent actuellement», dit Sandy Chim, président de CIM. Le financement n'est pas au rendez-vous et le prix du fer chute.

Pour Champion Iron, c'est une autre histoire : la minière a déjà terminé elle-même une étude de faisabilité pour un troisième lien ferroviaire. Ses données serviront à l'étude gouvernementale, et sa facture a été réduite en conséquence.

Ce qui soulève un autre point : à une époque où les sociétés minières courtisent les mêmes sources de financement, plusieurs seront réticentes à partager leurs dossiers.

En a-t-on vraiment besoin ?

Les projets miniers dans la région sont moins costauds et nombreux qu'en 2012, lors de la première étude.

En effet, Labrador Iron Mines a suspendu sa production pour 2014 et Cap-Ex Iron Ore, dont l'action oscille autour de 0,01 $, est en restructuration. Pour sa part, Cliffs Natural Resources a fermé l'une de ses deux mines dans la région, et la seconde est menacée.

Dans ce contexte où plusieurs acteurs pourraient été éjectés du marché, on peut se demander si un troisième lien ferroviaire est vraiment nécessaire dans la Fosse du Labrador. Les infrastructures existantes ne sont-elles pas suffisantes ?

Le chemin de fer de QNS&L, propriété de la minière IOC, a quand même une capacité de 80 Mt par année, et plusieurs minières, dont CIM, comptent y faire appel. Celui d'ArcelorMittal est privé et exclusif, mais au moins une société minière, Lamêlée, semble croire que la situation pourrait changer. (Lamêlée vient de s'entendre avec la Ville de Port-Cartier pour avoir accès à son quai et à un site d'entreposage).

On peut aussi se demander si avec un seul client - Champion - le projet d'un troisième lien est viable économiquement. C'est ce que l'étude dira, mais plusieurs sont convaincus que non. «Il faut au moins trois clients», dit une source.

À Québec, on explique que les discussions ne sont pas terminées avec les minières et qu'on cherche plus d'un acteur.

Le fait est qu'un troisième lien ferroviaire créerait une saine concurrence.

Mais pour plusieurs promoteurs miniers, la priorité immédiate n'est pas là. Un autre dossier en suspens est encore plus urgent : le manque d'infrastructures au port de Sept-Îles, qui n'a pas assez de terrains pour l'entreposage du minerai. Des terrains appartiennent à la minière Cliffs Natural Resources (qui refuse pour l'instant de les vendre) et d'autres au ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, qui ne les a pas libérés. En outre, Cliffs bloque l'accès au nouveau quai duquel on envisage d'expédier le fer.

En 2011, Les Affaires avait parlé du «casse-tête ferroviaire». La situation n'est toujours pas réglée.

Aux yeux des minières, il est clair que la décision du gouvernement de relancer le projet d'un troisième lien ferroviaire est d'ordre politique. Elle sert à démontrer que Québec, depuis le retour au pouvoir des libéraux, est de nouveau prêt à aider les minières. L'aide est certes bienvenue, mais elle n'est peut-être pas dirigée au bon endroit.

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