«La Chine envahit nos marchés historiques» - Jean Simard, de l'Association de l'aluminium du Canada


Édition du 14 Novembre 2015

«La Chine envahit nos marchés historiques» - Jean Simard, de l'Association de l'aluminium du Canada


Édition du 14 Novembre 2015

Par François Normand

Jean Simard, président et chef de la direction de l’Association de l’aluminium du Canada (AAC).

La concurrence chinoise fait très mal aux alumineries américaines, ce qui explique en grande partie leurs déboires. Percevez-vous cette concurrence ?

C'est progressif, mais nous allons commencer à la ressentir de plus en plus, car la Chine envahit littéralement nos marchés historiques. On parle ici du marché américain, où nous exportons 80 % de notre production, et ultimement de l'Europe, quand l'Accord économique et commercial global (AECG) Canada-Union européenne sera en vigueur. Et si nous continuons d'assister à des exportations massives de produits chinois dans ces deux régions, nous risquons de perdre un potentiel de marché en Europe et aux États-Unis.

Harbor Intelligence, une firme américaine d'analyse spécialisée dans le secteur de l'aluminium, affirme que la plupart des alumineries aux États-Unis fermeront leur porte en 2016 si le prix des ressources ne remonte pas. C'est une sombre prévision. L'industrie du Canada est-elle aussi précaire que celle du sud de la frontière ?

Je vous confirme que les prévisions de la firme Harbor sont fort valables. Cela dit, au Canada, nous ne sommes pas au même seuil de précarité ou de fragilité qu'aux États-Unis. Heureusement, nous avons réussi à renégocier des contrats d'approvisionnement en énergie pour nos alumineries. Ces ententes nous assurent que le tarif facturé aux producteurs d'aluminium est concurrentiel avec l'industrie mondiale. Mais il est évident qu'il faut améliorer notre productivité. On est et on sera toujours dans un «marché de commodité». Pour être compétitifs, nous devons avoir les coûts de production les plus bas possible, parce que le rendement, c'est la différence entre le prix mondial courant et nos coûts de production. Nous ne devons pas nous asseoir sur l'énergie et le taux de change ; nous devons travailler sur tous les fronts.

Comment l'industrie québécoise peut-elle concrètement améliorer sa productivité ?

Il faut produire chaque tonne d'aluminium avec le moins d'énergie possible. Il faut aussi avoir la meilleure performance en ce qui concerne les ressources humaines, notamment celles requises afin de produire une tonne d'aluminium. Et, naturellement, nous devons avoir des coûts concurrentiels. C'est un grand défi. Nous faisons face à des rivaux où les coûts de production représentent 25 % de ceux du Québec. En Chine, par exemple, cela coûte quatre fois moins cher qu'ici pour construire une aluminerie et pour l'exploiter. Sans compter que l'énergie est subventionnée dans ce pays.


Depuis 5 ans, le prix de l’aluminium a chuté de 38 %. Il était de 1 512 $ US la tonne le 10 novembre, au London Metal Exchange. Source : Bloomberg

Avant de se joindre à l’AAC, Jean Simard a été vice-président, développement durable et relations gouvernementales chez Gaz Métro. Il a auparavant œuvré durant près de 20 ans comme consultant en affaires publiques et en relations gouvernementales, principalement dans les domaines de l’environnement et de l’énergie.

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